Coin polémique : moratoire sur le Calcio

Le football italien est gangrené de toutes parts. Entre les violences autour et dans les stades, la mafia, les matches truqués et Silvio Berlusconi, qui peut encore au jour d’aujourd’hui s’intéresser à la compétition qui était, il y a encore cinq ans, le meilleur championnat du monde ? Un moratoire est nécessaire afin de désintoxiquer le foot du pays des champions du monde.

On ne compte plus, cette saison, les rencontres qui se sont disputées uniquement devant les abonnés des clubs de Serie A. En effet, afin d’éviter les affrontements entre les ultras des différentes équipes transalpines, la police interdit tout bonnement aux supporters adverses de se déplacer. Le carabinier assassiné en marge d’un derby à Catane la saison dernière a servi de révélateur, alors que ce problème est latent depuis plus d’une dizaine d’années. Des scooters qui volent dans les travées de San Siro, des affrontements récurrents entre Laziale et Romains ou ultras de Livourne, entre supporters à Naples, des bastons entre Siciliens, Sardes, du Sud, du Nord, des Pouilles… Tout est prétexte à se lancer des sièges, des piles, des fusées et autres cuvettes de toilettes.
 
La violence, certes, mais vous pouvez également y ajouter le racisme. La FIFA est censée combattre plus que jamais ce fléau. Mais les cris de singe, les banderoles nauséabondes et certains gestes venant des joueurs eux-mêmes rappellent chaque week-end que les stades sont devenus en grande partie des zones de non-droit. Enceintes dans lesquelles, par «effet de meute», un tifosi se croit tout permis, même les plus infects débordements.


Les violents affrontements de Catane

Ajoutez à ce contexte vicié les matches truqués qui ont coûté à la Juventus deux Scudetti et les magouilles incessantes de Galliani, Moratti, j’en passe et des meilleurs. Pensez qu’un des politiciens les plus influents de la Botte est également à la tête du Milan AC, que la mafia gère les virages de San Paolo à Naples et que les arbitres sont immédiatement soupçonnés de corruption à chaque hors-jeu oublié.
 
Exemple flagrant il y a deux semaines. Naples tient miraculeusement le nul devant la Juventus. Le club du Stade des Alpes a manqué au moins six grosses occasions et les coéquipiers de Lavezzi partent en contre. Zalayeta s’écroule, les Juventini s’insurgent et crient au scandale mais perdent tout de même 3-1 (après… un autre penalty douteux). Le lendemain, l’Uruguayen est suspendu deux matches pour simulation. 48 heures plus tard, il est blanchi car une caméra du club a vu ce qui a échappé aux objectifs officiels, l’attaquant a bel et bien été retenu par le maillot. Dans ce contexte, comment les hommes en noir peuvent-ils faire correctement leur travail ?
 
Et encore je ne vous parle pas de dopage. Deschamps et Zidane deviennent des monstres physiques, personne ne trouve rien à redire. Le procès des médecins du foot dénoncé par Zeman n’a pas fait long feu. Comme tout le reste, au placard. Deux auditions de Zizou, une de Del Piero, des jolies photos dans La Gazzetta et puis plus rien, Nedved peut avaler ses 15 kilomètres en 90 minutes trois fois en huit jours, tout va bien dans le meilleur des mondes.


Nedved court comme un lapin…

De tout temps, jusqu’au début du nouveau millénaire, le Calcio était le championnat qui passionnait toute l’Europe du football. Les meilleurs joueurs de la planète se pressaient pour aller grossir les rangs du Milan, de la Juventus, de l’Inter ou de la Roma et certains autres tentaient d’y percer à Udinese, à Lecce et ailleurs. Les «affaires» ont eu raison de ce statut, aujourd’hui c’est en Angleterre que les pelouses sont les plus vertes et la Livre Sterling de la Premier League a pris le pas sur l’euro et le Calcio.
 
Alors pourquoi continuer sur cette pente savonneuse quand plus personne ne croit au verdict du terrain ? Faut-il attendre d’autres morts ? D’autres championnats gagnés dans les palais de justice ? Des matches arrêtés à cause de supporters imbéciles ? Le football italien a perdu toute crédibilité ces dernières années et n’a fait que cacher la merde sous le tapis vert de ses pelouses. En aucun cas la maladie n’a été guérie. Comme pour la gangrène, il ne reste alors qu’une seule solution : l’amputation. Une année (ou plus) sans football et tous, je dis bien tous, seront obligés de faire leur examen de conscience et d’enfin mettre de la bonne volonté pour refaire du Calcio le sommet du jeu de ballon.


LE COIN POLÉMIQUE

Le Coin polémique est une rubrique consacrée au sport dans son ensemble. Son nom définit parfaitement son aspiration première : créer la polémique. Il y sera ainsi traité de toutes les disciplines, pour autant qu’elles soient d’un intérêt assez général pour toucher un maximum de personnes. Le but de la manoeuvre est simple : évoquer un sujet «brûlant» avec un parti pris extrêmement provocateur. Ainsi, les lignes que vous avez lues ci-dessus ne reflètent pas forcément l’exactitude de la pensée de l’auteur. Elles ont tout simplement pour but de faire réagir et d’ouvrir le débat.

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