Des Pigeons aussi agaçants qu’une vuvuzela

Il n’y a pas que la Coupe du Monde dans la vie, il y a aussi les Pigeons de CartonRouge.ch ! Pour cette sélection de mai, la rédac a retenu trois personnalités du coin (Gabet Chapuisat, Richard Chassot et Stéphane Henchoz) ainsi qu’un ex-champion du monde, un actuel champion olympique et un champion en rien du tout, sauf en bouclettes dorées et en bourdes en tous genres. Ami lecteur, tu as jusqu’au mercredi 30 juin à minuit pour élire le Pigeon d’Or de mai. Ensuite, place aux Pigeons de la Coupe du Monde…

Laurent Blanc

Il était le futur meilleur entraîneur du monde – selon la presse française – et devait être appelé à succéder à Sir Alex Ferguson à Manchester United dans un futur proche. Mais voilà, Laurent Blanc n’a pas su gérer la première vraie crise de sa courte carrière. Champion de France avec Bordeaux l’année précédente, le «Président» a réalisé un nouveau parcours hors norme en début d’exercice, comptant même jusqu’à douze points d’avance sur l’OM. Blanc a alors montré ses limites lors de cinq derniers mois cauchemardesques. Défaite en finale de la Coupe de la Ligue contre Marseille, élimination rageante face à Lyon en quart de finale de Ligue des Champions, perte du titre de Ligue 1 et «place du con» (© Loulou Nicollin en rapport avec la 6ème place non-qualificative pour une Coupe d’Europe) en championnat.
Comme un bon Français qu’il est, le champion du monde 1998 a alors trouvé toutes les excuses du monde pour ne pas se remettre en question lui-même. C’est les joueurs, c’est l’arbitre, c’est la Ligue, c’est les vilains journaux et j’en passe. Mais jamais ô grand jamais, «Lolo» ne s’est demandé si ces errements pouvaient venir de son coaching ou du fait qu’il s’amusait à mettre régulièrement plus bas que terre certains éléments de sa formation afin d’essayer – en vain – de les faire réagir. Il s’est enfermé dans ses certitudes et tout est allé de mal en pis. Au final, Laurent Blanc est parti à la tête de l’équipe de France alors qu’il lui restait une année de contrat en Gironde. Une fuite en forme d’aveu d’échec.

Gabet Chapuisat

Dans le football romand, il existe une vieille légende, véhiculée par quelques plumitifs ignorants, selon laquelle Gabet Chapuisat est un excellent entraîneur mais dont la carrière sur le banc n’a pas pris l’essor qu’elle aurait mérité en raison de son mauvais caractère. Sur le caractère, on ne contestera pas, c’est sur l’«excellent entraîneur» qu’on a de sérieux doutes. Car s’il a connu quelques résultats (Bulle ou Winterthur, et encore ça c’est à chaque fois mal terminé…), Gabet Chapuisat a connu surtout une longue série d’échecs ou d’objectifs ratés, de Renens à Malley en passant par Carouge, Epalinges, Yverdon ou encore Sion.
Le FC Le Mont était sans doute l’une des dernières portes ouvertes pour cet entraîneur revanchard, ça tombait bien, les Montains étaient justement décidés à prouver à la terre entière, envers et contre tout, la légitimité de leur aventure en Ligue Nationale. Gabet Chapuisat aura au moins réussi à bâtir une équipe à son image avec la bagatelle de douze joueurs expulsés en dix-neuf matchs de championnat à la tête du FC Le Mont ! Rayon foot, ce fut moins brillant : malgré trois points gracieusement offerts sur le tapis vert à Vaduz, l’arrivée incessante de nouveaux renforts et un recours jusqu’à l’abus à l’antijeu et à la simulation, l’opération commando a échoué et le FC Le Mont a été relégué en 1ère ligue moins d’un an après l’avoir quittée. Un échec de plus à la collection d’un entraîneur qui, loin de s’être assagi avec l’âge, aborde les matchs dans un tel état d’hystérie que l’on voit mal comment il peut amener une quelconque sérénité à ses joueurs ni se livrer à la moindre analyse du jeu en cours. Espérons au moins que cet échec montain enterra à tout jamais l’hypothèse de voir Gabet Chapuisat à la place qu’il a toujours estimé lui revenir de droit divin, celle d’entraîneur du Lausanne-Sport.

Richard Chassot

2 mai 2010 à Sion, Richard Chassot tirait le bilan de «son» Tour de Romandie, remporté par Alejandro Valverde. Ce succès a récemment été retiré à l’Espagnol, suspendu pour deux ans en raison de son implication dans l’affaire Puerto. «Je n’ai pas de problème avec Valverde», assurait alors le Fribourgeois. «Il a le droit de courir, il a donc le droit de gagner !» Ah ben faut croire que non alors… «Valverde a été autorisé à courir, mais pas à gagner. Rétroactivement, cela pose un sacré problème aux organisateurs qui subissent les événements», se lamentait-il récemment dans 24 Heures. «Il aurait pu être évité, si la Caisse d’Epargne l’avait suspendu à titre préventif», ajoutait-il sans imaginer qu’il pouvait aussi lui refuser le départ.
Volontiers loquace lorsqu’il porte la casquette de consultant sur la TSR, auteur de quelques coups de gueule et de théories mémorables, Chassot retrouve une langue de bois en mode baobab quand il s’agit de «sa» course. «Aux organisateurs qui subissent les événements», disait-il avec justesse (s’incluant donc de fait dans le lot)… Pourtant, quand on veut donner des leçons à l’antenne, il faudrait commencer par les appliquer à soi-même. Mais enfin, lorsque «sa» compétition est boudée par les meilleurs cyclistes du peloton et que le seul fait marquant de l’ennuyeuse semaine romande de 2010 est un bras d’honneur réalisé à 65 km/h par un abruti d’Anglais, il faut bien trouver des motifs de satisfaction ailleurs.

Sidney Crosby

Avant de pouvoir être comparé aux gentlemen qu’étaient Wayne Gretzky et Steve Yzerman notamment, il manque encore plusieurs éléments à Sidney Crosby. Pour les stats, il a le temps mais l’attitude et le comportement font cruellement défaut. C’est bien joli de faire sa diva à seulement 22 ans en changeant de gants 16 fois par match et de patins 5 fois, et de canne à 43 reprises, encore faut-il assurer derrière.
Après s’être fait piteusement sortir par les Canadiens de Montréal en demi-finale de conférence alors que la tournure de la série était favorable à ses Pingouins, il n’y a pas eu l’ombre d’un soupçon de remise en question de la part du capitaine de Pittsburgh. Forcément, avec ses 19 points en 13 matchs, il n’avait strictement rien à se reprocher et ce sont les autres qui ont merdé. Mais lorsqu’il s’agissait de distribuer des coups vicieux à ses adversaires – si possible toujours par derrière, comme un lâche –, Sidney Crosby était par contre bizarrement toujours présent.
Et ce n’est pas tout. Si ses coéquipiers Malkin et Gontchar n’ont pas hésité à rejoindre leur équipe nationale sitôt l’élimination de Pittsburgh entérinée, Sidney Crosby, lui, a proprement snobé ses compatriotes qui auraient eu besoin d’un sacré coup de main. Et dans un pays (le Canada) où une sélection ne se refuse pas, cela fait tache. Égoïste au plus profond de lui-même, il croit que l’on peut tout lui pardonner au vu de son statut.

Stéphane Henchoz

Le 3 août dernier, le journal La Gruyère titrait «L’équipe qui doit ramener le FC Bulle en Challenge League». Les dirigeants bullois avaient en effet annoncé leurs velléités de promotion l’année du centenaire du club avec le plus gros budget du groupe 1 de 1ère ligue et l’arrivée d’une armada de mercenaires aux références plus ou moins prestigieuses. Pour mener cette dream team au succès, un entraîneur néophyte sur le banc, mais au palmarès de joueur impressionnant, Stéphane Henchoz, dont le salaire, largement supérieur aux standards de la 1ère ligue, a alimenté les spéculations les plus folles. Mais la mayonnaise ne prend pas, le FC Bulle reste très loin de ses ambitions et glisse aussi sûrement que son entraîneur contre la Slovénie en juin 2001, jusqu’à squatter les dernières places du classement.
Comme on ne vire pas un mentor aussi renommé (et onéreux), les Gruériens tentent de remonter la pente avec l’arrivée d’un nouveau wagon de mercenaires à Noël mais rien n’y fait. Stéphane Henchoz ne trouve aucune solution pour stopper la chute et l’équipe qui devait ramener le FC Bulle en Challenge League finit bonne dernière et reléguée en 2e ligue inter. Si le technicien et le meneur d’homme Henchoz n’ont guère convaincu, le personnage, souvent arrogant envers arbitres et adversaires, n’a également pas fait l’unanimité. Après ce fiasco monumental, l’ex-Scouser quittera le FC Bulle ; on ne sait pas s’il pourra rebondir ailleurs mais disons qu’une carrière d’entraîneur débutée par une relégation avec le plus gros budget du groupe devrait plus ressembler à celle de Gabet Chapuisat qu’à celle de Lucien Favre.

Marco Wölfli

Il fallait bien trouver quelqu’un pour payer le ratage complet des Young Boys cette saison. En fait, on n’a pas eu besoin d’y réfléchir bien longtemps, une victime était désignée d’avance : Marco Wölfli. Equipe de losers par excellence, YB a fait très très fort ces deux dernières années. En Coupe de Suisse, ils ont réussi le tour de force de se faire gifler par Lausanne sur leur pelouse synthétique cette saison, tandis que l’année dernière, toujours à la maison, ils étaient tombés contre le FC Sion en finale après avoir mené 2-0. Lors du championnat de Super League 2009/2010, c’était encore plus exceptionnel. Les Bernois ont compté jusqu’à 13 points d’avance sur Bâle et ont dominé le classement pendant 33 des 36 journées. «C’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens», dit l’adage…
S’il s’est montré plus constant qu’à l’accoutumée, Wölfli présente à merveille toutes les caractéristiques de son équipe. Fébrile dans les grandes occasions, souvent auteur de boulettes majestueuses et mémorables quand il ne faut surtout pas, avant de sortir un match énorme face à Bellinzone ou Aarau. Du coup, sa formation est toujours sevrée de titre depuis 1987. Est-ce que quelqu’un se dévoue pour lui dire qu’il doit sa place en équipe nationale juste parce que Fabio Coltorti est trop fort et qu’Ottmar Hitzfeld ne veut pas de «vraie» concurrence au poste de gardien ? Non, ce serait salaud. Un Pigeon d’Or, ça suffit.
Photos G. Chapuisat et M. Wölfli de Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

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22 Commentaires

  1. Je vois pas non plus ce que Wolfli fait dans ce classement…Donnez-moi la date de sa dernière « boulette » en tous les cas pas durant la saison 09/10. Bâle a gagné grâce à son très bon recrutement à Noël…
    Bref, je vote sans hésiter pour Henchoz. Je l’entend toujours sur RadioFribourg avec ses grandes théories lorsqu’il a atterri à Bulle…

  2. Henchoz dont l’arrogance est proportionnelle à son incompétence! J’ai presque envie de le féliciter d’un côté car il nous a régalé toute la saison avec ses interviews pleine de mépris pour ses adversaires et les arbitres alors qu’il ne faisait pas un point…

  3. Henchoz mais alors sans hésiter, et on relèvera que CR a été poli dans la présentation en ne mentionnant pas les citations du stratège dans la presse régionale/romande… A sa décharge, le comité qui l a engagé étant à peine à sa hauteur et ne comprenant rien au foot depuis 10 ans, ca partait mal…

  4. Perso Crosby… parce que 1) j’y connais rien au foot… et 2) effectivement il en a déçu plus d’un dans mes amis canadiens… alors pour eux, je vote Sid Crosby.

  5. Chassot sans hésitation: les donneurs de leçon qui font le contraire de ce qu’ils prônent, ça m’insupporte.
    A part lui, Gabet mériterait bien aussi la palme, ne serait-ce que pour l’ensemble de son oeuvre. Nomination en revanche bien sévère pour Wölfli et Crosby…

  6. Et une voix de plus pour Henchoz, en tant que fribourgeois je suis obligé de dénoncer les dégats qu’il a occasionnés au FC Bulle.

  7. Petite précision: ce n’est pas vraiment Loulou Nicollin qui a dit que Bordaux était « à la place du con » mais le journaliste qui a posé la question. Bien que Loulou devait être très content, on l’a un peu emmené sur ces propos, créant une pseudo polémique.

    Je vote quand même Blanc pour un deuxième tour digne de Grenoble, une communication assez moyenne (c’est peut-être le syndrome sélectionneur) et l’absence de remise en question.

  8. Gabet Chapuisat sans hésiter ! Une grande gueule qui m’agace depuis tant d’années…

    La remise du Pigeon annuel au buffet de la Gare, en présence de son ami Serge Duperret et de son fils Stéph, risquerait d’être sympatoche 😉

  9. Chassot sans hésiter parce qu’il nous en sort une belle d’hypocrisie à la « faites ce que je dis mais surtout pas ce que je fais !!!! »

  10. Pour avoir côtoyé Henchoz dans un tournoi de hockey à Marly auquel participait son gamin, je confirme : c’est un gros c** ! Donc tout naturellement mon vote ira chez lui (même si j’ai quand même hésité – pas longtemps – à le donner à Gabet)

  11. Sans hésitation Henchoz ou en Français Hennechose. SI S. Henchoz avait été un grand joueur cela se saurait! Alors imaginez-le entraîneur.Quel plaisir de lui balancer mon vote!

  12. Comment ne pas honorer Gabet ? Il a tout fait pour obtenir cette distinction. Il est aux entraineurs ce que Constantin est aux présidents de clubs: Un pic, un roc, que dis-je, une péninsule.

    Cher Pierre-Albert (rien que le prénom fait sourire), je souhaite de tout coeur qu’enfin tu parviennes à décrocher un titre en qualité d’entraîneur.

    T.

  13. Non je ne voterai pas Gabet, ça reste le père de Stéph donc pour moi il a l’imunité! =)
    Par contre je voterai volontiers pour l’autre idiot président du FC le Mont qui est tout bonnement imbuvable à tout le temps gémir dans le Matin Dimanche.
    Donc je donne ma voix à un Français, au moins mon vote sera tout sauf objectif, ma foi il n’est pas né avec le bon passeport, c’est suffisant comme justification?

  14. Crosby. Juste parce que pour une fois, quand une équipe merde, c’est ni l’entraineur ni le gardien qui est vilipendé.
    Cela dit, pour Blanc, il a certes foiré magistralement mais certains de ses joueurs vedettes mériteraient eux aussi un pigeon de platine!

  15. Ca fait pas mal de temps que Wolfli fait pas de grosses boulettes… de plus, vu la fin de championnat, je pense que c’est surtout le FC Bâle qui a gagné le titre avec une incroyable série, plutôt que YB qui l’a perdu… je vois donc pas trop ce que le gardien d’YB (pas aidé par sa défense en fin de championnat) fait ici…

  16. Henchoz sans aucune discussion. Qui plus est, nouveau consultant de la TSR. Si le ridicule tuait, il serait mort sur le plateau… Au fait, dans « consultant », il y a con et sultan. Pour le dzodzet, le choix s’impose naturellement.

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