Trois drôles d’oiseaux aux Canaries

Si vous n’avez aucune inspiration au moment de fixer vos vacances (je pars quand ? je vais où ? pour faire quoi ?), devenez fan de foot. C’est compris dans le package : le club décide de tout. Alors voilà, cette année ce seront les Îles Canaries, du 8 au 15 janvier. Tournoi international de Maspalomas, un match contre Twente le 9, un autre contre Brondby ou Aalesunds le 12.

Voila, plus qu’à s’activer pour poser sa semaine, trouver un vol et réserver un hôtel. En l’occurrence nous aurions pu plus mal tomber : moins de 350 francs pour le vol + la semaine à l’hôtel, j’ai eu voyagé plus cher. Il faut dire aussi qu’au vu du nombre d’hôtels sur l’île, on comprend vite qu’ils doivent se tirer une bourre d’enfer à coup d’actions et de cassage de prix. Imagine une partie de Monopoly grandeur nature lors de laquelle les joueurs auraient construit 15 hôtels par case, et 40 sur la Paradeplatz. Bien évidemment, il faut ensuite donner au touriste ce qu’il est venu chercher : du fun, de la bière et du cul. Compte donc un bar tous les 50 mètres, une salle de jeux par rue, des entraîneuses qui dansent à moitié à poil devant leur pub pour appâter le chaland, et soupoudre le tout avec des putes en-veux-tu-en-voilà aux heures de fermeture, qui fondent sur les mâles à moitié beurrés qui se demandent comment ils vont retrouver leur chambre. Pour illustrer, le premier soir vers 3 heures du matin, l’une d’elles me met la main au paquet en guise d’amical salut et me propose une pipe («chupa») pour 20 euros. J’ai bien essayé de lui répondre que le prix me semblait exagéré et que pour elle ce serait gratuit, mais je n’avais pas le vocabulaire.

Voilà, à défaut de la pute le décor, lui, est planté. La semaine pourrait être festive.
Mais au milieu de tout ça, y a foot. LS-Twente, Estadio Municipal, 18h30. Ignorant qu’il n’y aurait pas une goutte d’alcool en vente dans l’enceinte, nous arrivons bien tôt. Je dis «nous», car deux autres échappés d’asile sont du voyage. Le prix est très attractif : 5 euros pour un billet valable lors des 4 matches ! Il y a des dirigeants de Lucerne et autres voleurs en Suisse qui pourraient s’en inspirer.
A une heure du coup d’envoi, le stade est bien vide. La bâche est posée, on a fait le job. On se demande s’il y aura un petit groupe en face. Les Hollandais sont assez suiveurs pour le peu que je connais du mouv’ dans ce pays. Et mine de rien (pour un match amical s’entend) la sécurité est assez présente et visible. Une vingtaine de stadiers, une grosse dizaine de flics en uniforme… C’est pas Banja Luka, mais ça fait du monde. Et ça sera finalement bien assez pour contrôler le gros millier de Hollandais de la tribune : public familial, bon enfant, des vacanciers qui sont venus faire un tour au stade entre la piscine et le bar à tapas. Pas de couleurs, pas d’encouragements, personne debout… On en pousse une, pas de réponse. Bon, on n’est pas nombreux, mais on est là.
Pendant l’échauffement, les joueurs nous repèrent dans la tribune. Quelques saluts, quelques sourires, trois mots échangés avec Rueda pour lui signifier que nous avons quadrillé la ville et qui si on chope un joueur en boîte de nuit, on l’appelle… Bonne rigolade aussi quand l’un de nous s’encouble dans sa mémoire et salue Florent Delay d’un tonitruant «Salut Pascolo !»
Mais question rigolade, ce sera à peu près tout. On se rend vite compte qu’aucun joueur n’est en test, ce qui était quand même l’un des buts du camp, pour une équipe qui cherche urgemment un latéral droit et dont la percussion offensive n’est pas la première qualité. Au coup d’envoi, le LS aligne donc… Avanzini latéral droit, et joue carrément la gagne avec la titularisation de Lyng. Au moins, Susaeta et Sanogo sont sur le terrain. Parce que je rappelle qu’en face, c’est Twente, avec par exemple comme nouvel entraîneur rien moins que McLaren.
0-0 à la mi-temps, pas une occase pour le LS, une possession de balle qui doit tourner autour des 35%-65% pour les rouges qui eux se sont ménagés quelques grosse opportunités… Glups. Avanzini est aux fraises, lui qui d’habitude est un ailier plutôt attiré vers le but. Mais Bah est blessé, Katz n’est pas du voyage (?), il restera en poste durant tout le match. En seconde période, le LS se crée une grosse occasion par Negrao qui finit par se feinter lui-même. On voit beaucoup Susaeta sur son aile. Sanogo monte en puissance, physiquement on sent le bon client. Ajoutons un gros travail de Muslin et quelques parades déterminantes de Favre (entré à la pause pour Coltorti), et c’est à peu près tout. Le 0-0 final tient presque du miracle, mais ma foi si les brèles d’en face ne sont pas capable de la mettre au fond, hein…

On passe directement aux penalties et sur le premier tir, Antho nous sort un arrêt… d’Anthologie. Le LS s’impose 4-3 aux tirs au but. Ouf ! 100% de finales atteintes en 2012, Bâle n’a qu’à bien se tenir. Tous les joueurs passent nous serrer la main, ce qui fait toujours plaisir… Retour tranquille en taxi (si je peux éviter de me faire pincer les couilles tous les soirs…), quelques bières pour fêter tout ça et un bon sommeil réparateur après les excès de la veille.
Tout à l’heure, Brondby et Aalesunds en découdront pour avoir l’insigne honneur de défier ma Wunderteam. Il sera bien temps après de trouver un pub avec écran géant pour suivre Malaga-Real. C’est ça qui est bien avec les vacances : ça te change les idées.
Photos Frank Hillen copyright www.fctwente.nl

Lausanne-Sport – FC Twente 0-0 ; 4-3 après t.a.b.

Estadio Municipal, 1’200 spectateurs.
Lausanne-Sport : Coltorti ; Sonnerat, Meoli, Page, Avanzini ; Sasueta, Sanogo, Muslin, Lyng ; Negrao, Moussilou. Sont entrés : Favre, Pasche, Roux, Buntschu et Lang.
FC Twente : Mihaylov, Rosales, Wisgerhof, Douglas, Tiendalli, Landzaat, Fer, De Jong, Bajrami, Chadli, John. Sont entrés : Cornelisse, Bengtsson, Berghuis, Marsman, Buysse, Gouriye, Röseler.
Tirs au but : Roux, Sanogo, Pasche et Sasueta ont marqué. Lang a manqué le sien.