Notre Nati à l’heure de la conspiration mondiale

Pour réussir sa meilleure entame de tournoi mondial depuis St-Moritz en 1948, la Suisse se devait de mater à la fois le Danemark et la Norvège durant de torrides ébats nordiques qui en auraient fait frissonner plus d’un. En s’imposant aisément dans ces deux langoureux corps-à-corps scandinaves, les Suisses se sont idéalement postés pour les quarts de finale et, soyons fous, la course aux médailles. Comme dirait notre commentatrice préférée, Pascale Blattner, «C’est bien fait» !

Des grands Danois peu mordants

On voyait mal comment les bouffeurs de fricadelles avec leurs seules 25 patinoires couvertes au pays allaient mettre à mal nos Wawrinka en patins, eux qui depuis une semaine enchantent allégrement nos milliers de supporters à croix blanche en villégiature à Stockholm. Après à peine nonante secondes de jeu et un farouche tir sur le poteau de Lauridsen, nos soupçons se vérifièrent. Suite à une pénalité allouée au tempétueux Danois Storm, Cunti donna l’avantage aux Suisses sur une passe de leur rigolo Peter Schmeichel sur patins, Patrick Galbraith. Par la suite, malgré un rythme assez élevé, la partie sombra dans l’approximatif au mieux, voire le très chiant au pire car les Lions blancs pataugeaient face à l’ensemble helvète bien plus raffiné dans ses schémas de jeu et pouvant compter sur Reto Berra vraiment tip-top impec’. La mi-match décanta futilement la donne. Après une subtile déviation de Gardner pour le 2 à 0 des Suisses, le fils de Jen redonna un bref espoir aux Scandinaves du Sud qui commencèrent alors à venir enquiquiner un peu plus sérieusement Seger et ses potes grâce à leur physique de rugbymen reconvertis.
Toutefois, une nation réputée mondialement pour ses horloges sait les remettre à l’heure à sa convenance, donc en début de la troisième période, Roman Josi, en prédateur qu’il est, s’empressa de faire le tour du cadran danois avant de servir un caviar à Suri qui redonna un avantage plus douillet aux nôtres. Finalement, à cinq minutes du terme, El Nino ajouta un quatrième but (au demeurant fort laid) après que l’arbitre eut pénalisé le capitaine Morten Green qui ressortit de prison encore bien vert de rage à cause de cette relative injustice.

Des Vikings décornés 

Matricule numéro 8 dans la hiérarchie mondiale (!), les hommes de Roy Johansen partaient hiérarchiquement favoris sur les papiers de la très rigoureuse IIHF mais les riches foreurs de la Mer du Nord sombrèrent assez rapidement sous la pression suisse. Tout d’abord, Simon Moser dans une position dite de la «Manaudou» glissa le puck dans l’entrecuisse d’Haugen. L’ex-Langnauer fut imité un peu plus tard par Josi qui paracheva une véloce contre-attaque du duo Suri-Ambühl à 4 contre 5. Dépités, les Norvégiens ne parvinrent jamais à s’en remettre et oublièrent que d’offrir des supériorités numériques au grandissime Josi et à ses potes était une tactique aussi recommandable qu’une sortie en boîte avec Joe Barton. Si bien que juste avant la deuxième sirène, Josi démolit le poignet de Tollefsen sur un slap détonant avant qu’Ambühl ne réagisse lestement pour servir Von Gunten qui paracheva le boulot au deuxième poteau, tel le Pipo Inzaghi des beaux jours.
Au troisième tiers, les Suisses décidèrent de peaufiner leurs positionnements en «short-hand» en offrant trois pénalités en moins de cinq minutes aux Norvégiens. Si sur l’une d’elle, leur capitaine Tollefsen réduisit la marque, cela resta totalement insuffisant pour que ces impudents Vikings édentés viennent mettre à mal une défense suisse aussi indéboulonnable qu’un Pinz de l’armée parqué devant un bistrot fort accueillant. 
Avec sa première place au classement, cette Nati à la sauce Simpson laisse une inquiétante impression de facilité dans des matchs qu’elle aurait balbutiés par le passé. Sérieuse, méthodique et contrôlant à merveille les derniers «22», la bande à Seger peut vraiment venir secouer le sommet du cocotier mondial, car avec des individualités qui explosent à ces Mondiaux (Cunti, Hollenstein, Josi et Niederreiter) et un power-play redoutable, on peut tout gentiment se mettre à rêver.

La Monnet de ta pièce

Une ombre au tableau toutefois. Le vrai scandale de cette première semaine est bien entendu la non-présence de Thibault Monnet sur la glace. Pour le top-scorer du ZSC (50 points cette saison) et futur messie qui apportera enfin le titre de champion suisse à Gottéron la saison prochaine, c’en une claquette aussi injuste qu’inexplicable. CartonRouge.ch s’en voudrait d’entretenir une quelconque théorie de conspiration anti-romande, voire pire, anti-valaisanne, mais plusieurs questions épineuses doivent être sérieusement soulevées sur la mise en quarantaine du Martignerain : est-ce que Sean Simpson (gros buveur de Mort Subite) n’a pas apprécié les apparitions de Thibault Monnet sur les posters promouvant les vins valaisans ? Est-ce une punition orchestrée par la Commission des licences de la Ligue suisse après que «ces vauriens de Welches valaisans» du HC Sierre les aient roulés dans la farine ? Est-ce la jalousie de Pius-David Kuonen, ex-dirigeant de Viège maintenant au Conseil d’Administration de la LSHG, parce que le club formateur de Monnet est devenu le meilleur club valaisan de Ligue B ?
Allez Sean, arrête tes conneries, tu nous fous le Thibault sur la glace sinon tu vas t’en retourner en Suisse avec une breloque même pas en chocolat mais plutôt sculptée dans un infâme hareng vinaigré de la Baltique. Au moins on t’aura prévenu.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Danemark 4-1 (1-0 1-1 2-0)

Globe Arena, Stockholm, 3543 spectateurs.
Arbitres : MM. Kaval/Kirk (EU/Can), Dahmen/Shelyanin (Su/Rus).
Buts : 2e Cunti (Bodenmann, Hollenstein/à 5 contre 4) 1-0. 32e Gardner (von Gunten, Josi/à 5 contre 4) 2-0. 34e Nicklas Jensen (Lassen) 2-1. 44e Suri (Josi, Ambühl) 3-1. 55e Niederreiter (Simon Moser, Vauclair/à 5 contre 4) 4-1.
Tirs cadrés : 27  (6-13-8)  pour la Suisse ; 33  (6-12-15)  pour le Danemark
Suisse : Berra; Seger, Vauclair; Josi, von Gunten; Blindenbacher, Furrer; Blum, Grossmann; Niederreiter, Martin Plüss, Simon Moser; Suri, Gardner, Ambühl; Bodenmann, Cunti, Hollenstein; Walker, Trachsler, Bieber.
Danemark : Galbraith P., Björkstrand P., Boedker M., Green M., Hardt N., Jensen N., Larsen P., Madsen M., Nielsen D., Boedker M., Christensen M., Dresler T., Jakobsen J., Jensen J., Jensen J., Lassen S., Lauridsen M., Lauridsen O., Nielsen R., Poulsen M., Staal K.
Pénalités : 3 x 2’ contre la Suisse; 3 x 2’ contre le Danemark.

Norvège – Suisse 1-3 (0-2 0-1 1-0)

Globe Arena, Stockholm, 3226 spectateurs.
Arbitres : MM. Franco (Tch), Zalaski (Can), Dahmen (Su), Shelyanin (Rus).
Buts : 7e S. Moser (Martin Plüss, Seger) 0-1. 16e Josi (Ambühl, Suri/4 c 5!) 0-2. 40e von Gunten (Ambühl, Josi/à 5 contre 4) 0-3. 45e Tollefsen (Trygg/5 c 4) 1-3.
Norvège : Haugen; Holos, Bonsaksen; Trygg, Tollefsen; Odegaard, Forsberg; Roymark, Hansen, Skroder; Thoresen, Ken Andre Olimb, Holtet; Mathis Olimb, Roest, Bastiansen; Spets, Ask, Dahlstrom; Martinsen.
Suisse : Gerber; Seger, Vauclair; Blindenbacher, Furrer; Josi, von Gunten; Blum, Grossmann; Niederreiter, Martin Plüss, Simon Moser; Walker, Trachsler, Bieber; Suri, Gardner, Ambühl; Bodenmann, Cunti, Hollenstein.
Pénalités : 6 x 2’, 1 x 10’ (Thoresen) contre la Norvège; 8 x 2’ contre la Suisse.
Notes : la Suisse sans Stephan, Monnet, Bürgler (surnuméraires) ni Diaz (en attente). La Norvège sans gardien dès 59’24’’.

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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14 Commentaires

  1. Mettre Monnet, je veux bien, mais à la place de qui? On ne change pas une équipe qui gagne..
    Simpson l’a sans aucun doute testé dans ses lignes, mais s’il a décidé de le mettre à l’écart, c’est sûrement parce que celles-ci sont plus équilibrées sans lui (sans que ça ne soit dû à son talent ou à quoi que ce soit).

  2. @Taupe: Je pense sincérement que Monnet paie la non-venue de Sprunger et la blessure de bykov sans quoi il aurait probablement été aligné avec les 2 compères.

  3. La morale de cette histoire est qu’une équipe de Suisse victorieuse doit être composée de Suisse-allemand + 1 Ajoulot…

  4. Et encore si en Romandie on gueule pour Monnet, du côté des Romanches ça peut légitimement grincer pour Bürgler.

    En regardant l’effectif avant les mondiaux, j’en aurais probablement mis un à la place de Moser étant donné sa fin de saison catastrophique. Mais on peut difficilement donner tort à Simpson pour le moment…

  5. Pour l’instant sa stratégie fonctionne.
    Il va probablement faire des ajustements pour les quarts de finales.
    Avec Diaz qui arrive, Stephan, Bürgler et Monnet dans les tribunes, ça lui fait pas mal de cartouches à tirer, un peu comme les grandes nations qui se renforcent au fur et à mesure que les playoffs de NHL avancent.
    Ca serait trop con d’avoir fait ce beau parcours et de se faire jeter en quarts.

  6. Les « spécialistes » ont toujours pas captés= Laisser le sélectionneur faire ce qu’il veut! C’est lui le patron et il connait son équipe… Avant de pleurnicher sur le fait que Monnet joue ou pas, on change pas ce qui fonctionne!
    Et sauf erreur Bürgler était aussi top scorer à Davos… et mériterait aussi de jouer
    Et pourtant j’adore Monnet qui est un joueur bourré de talent mais personne ne peut se permettre remettre en question les choix de Simpson cette année

  7. @CC : Des leçons de journalisme données par un… journaliste ! Mon Dieu, quel affront…

    Quand au choix de la pigeonne du mois, il est aussi pertinent que l’article de Rigatori, c’est dire…

  8. @Bob
    Il y a bien longtemps que je ne crois plus que la carte de journaliste fabrique nécessairement un très bon journaliste surtout à la RTS et surtout.. à RTS Sport.

    Les Duboux, Acquadro et Jonzier aimaient leur sport jusqu’à en pleurer. Par contre, les Blattner, Viola et Dupuis (pour ne citer que les meilleurs) sont suffisants, mal informés, sans véritable culture sportive et de plus, fort arrogants.

    Le choix de la pigeonne du mois n’est pas celui de CR, mais celui de ses lecteurs. Tu peux te voiler la face et te dire qu’ils n’y connaissent rien, mais avec le temps, je pense pouvoir affirmer que c’est un public de connaisseurs avertis qui ne laissent rien passer surtout si tu racontes une ânerie. Mon collègue Rigatori pourra en témoigner….mais bon, on en reparlera quand les Suisses nous auront ramené une médaille de ces Championnats du monde…

  9. La Suisse affronte la Tchéquie en quart. Jolie cadeau pour une première place. Tu parles….

    Les Tchéques se disent en ce moment que malgré leur 4ème place ils affronteront le plus abordable des 3 premiers.

    Pour ce qui est du nombre de Romands moi je m’en fou litéralement. Du moment que la Suisse cartonne c’est l’essentiel.

    La médaille est encore très loin.

  10. République Tchèque, Canada ou Suède c’est du pareil au même avec leurs renforts NHL. La Suisse a fait un brillant et étonnant parcours et j’espère qu’elle continuera sur cette voie. Nos joueurs sont en confiance et en forme. Vivement jeudi!

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