Etre titulaire, c’est tout pourri

La lumière est venue de Drmic, Stocker et Embolo samedi soir. Autrement dit, les trois entrants qui assistaient sur le banc au spectacle pathétique qu’offraient leurs coéquipiers pendant plus d’une heure. Un scénario qui arrive un peu souvent, comme si être titulaire bloquait toute volonté d’un joueur suisse. D’ailleurs, hier soir, Inler a livré sa meilleure prestation depuis un an…

Enlevons le dernier quart d’heure de ce match et observons le désastre en présence. Comment peut-on accepter un tel spectacle pour une équipe qui revendique une place dans les 15 meilleures nations du monde ? Nous avons eu droit à une succession de gestes de 5ème ligue, de mauvais choix tactiques, d’efforts inutiles. En première ligne, l’inutile Seferovic, pataud comme le blaireau du Bois de Quat’Sous qui a réussi à flinguer sans doute toute sa réputation en un seul match. Mais les lacunes sont légions. On trempait nos culottes devant la charnière Senderos – Djourou, on a trouvé encore mieux : Schär – Klose. On sait très bien que ces joueurs ont de la qualité et un potentiel (enfin Schär davantage que Klose, vu que ce dernier recommence à peine à jouer en club après une année de banc). Mais leur association est une telle catastrophe qu’elle frise l’admiration. Plic et Ploc (comme nous les appellerons dorénavant) ont enchaîné les gestes clownesques et les erreurs de puceaux durant une heure et demi. Contre la Slovénie, ça n’a pas de conséquences si grave (enfin deux goals quand même) mais on imagine l’Hiroshima footballistique si l’adversaire du jour était l’Allemagne, l’Uruguay ou même l’Angleterre (ah tiens…). Image emblématique de la prestation nullissime de Plic et Ploc, le second goal slovène, où Klose ceinture l’attaquant comme un enfant abandonné qui serrerait son nounours tout en ne l’empêchant pour autant pas de marquer de la tête. Imaginer cette charnière face à Wayne Rooney inspire le même sentiment que d’imaginer une petite culotte de jeune fille face à une bande de soldats de la Légion Etrangère en permission.
Petkovic, lui, on ne sait pas vraiment quel est son apport. On pourra dire que son coaching fut gagnant grâce à ses remplacements, certes. Mais si c’est le cas, ses choix de titularisation sont un désastre. Peut-être qu’avoir son meilleur élément qui joue à Stoke City n’est guère rassurant pour jauger du niveau de son équipe. Mais tout était tellement triste à voir qu’on comprend que le sélectionneur n’ait sans doute pas voulu regarder.
Et puis les mouvements d’humeur furent légions. Il était surréaliste de voir Behrami calmer les esprits. On serait moins surpris de voir Clara Morgane donner des cours de morale. On peut s’interroger sur l’emprise du coach sur le mental de ses joueurs.

Et là Drmic s’est rappelé quel joueur il était

Mais il y eu ces dernières dix minutes. Quelque chose de fou. Le premier but de Drmic est un modèle du genre : une-deux avec Stocker, puis talonnade de Embolo pour le lancer. Une merveille qui surtout fait plaisir à voir dans l’idée que ce brave Josip redevienne le superbe chasseur de buts qu’il était à Nuremberg et le haut potentiel de celui qui s’est fait enterrer à Leverkusen. On espère que ses deux goals vont lancer une belle saison chez Lulu Favre car on continue à croire en lui comme un probable grand joueur, contrairement à ce pauvre Seferovic (ou n’importe quel autre champion du monde M17 sauf Rodriguez). L’impact frais de Stocker et d’Embolo a aussi contribué à ce retournement.
On espère que ces trois hommes, sans doute titularisés mardi, ne seront pas atteints du syndrome du titulaire mou. Le problème reste de choisir quel enseignement tirer de ce match incroyable. On hésite entre se focaliser sur la prestation minable des 80 premières minutes ou se dire que c’est le propre des grandes équipes de gagner un match en dix minutes… La réalité se situe sans doute entre deux. La progression générale est là certes, la Suisse va quand même sans doute se qualifier pour une nouvelle grande compétition. Mais la progression individuelle stagne éternellement. Aucun joueur ne répond vraiment au potentiel qu’on lui prête à un certain moment. Avec l’espoir d’avoir des minuscules éléments de réponse mardi…

Suisse – Slovénie 3-2 (0-1)

Parc St-Jacques, 25’750 spectateurs.
Arbitre : M. Kralovec (Tch).
Buts : 45e Novakovic 0-1. 48e Cesar 0-2. 80e Drmic 1-2. 84e Stocker 2-2. 94e Drmic 3-2.
Suisse : Sommer; Lichtsteiner, Schär, Klose, Rodriguez; Behrami, Xhaka, Dzemaili (65e Drmic); Seferovic (80e Stocker), Shaqiri, Mehmedi (57e Embolo).
Slovénie : Handanovic; Struna, Ilic, Cesar, Jokic; Kurtic, Stefanovic; Ilicic (90e Samardzic), Kampl, Birsa (82e Krhin); Novakovic (58e Pecnik).
Cartons jaunes : 24e Kampl. 34e Novakovic. 55e Schär. 64e Lichtsteiner. 64e Dzemaili. 64e Pecnik. 64e Handanovic.

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