Pigeon de novembre 2 : Simon Pellaud

En cette fin d’année de pandémie à l’actualité sportive aussi plate que le lac Léman, le cycliste valaisan Simon Pellaud aura tout de même réussi l’exploit de remuer le Rhône grâce à de grandes déclarations d’auto-satisfaction dignes de Romain Bardet. Nous rendons ici hommage à « Simonissimo », ce grand communiquant de Martigny, exilé en Colombie pour fuir la vie chère et le mauvais temps, qui vivote en Italie au sein de l’équipe Androni Giocattoli avec laquelle « il est devenu quelqu’un » en s’adjugeant l’inestimable maillot distinctif des sprints intermédiaires lors du dernier Giro d’Italia.

Il est toujours difficile de taper sur un cycliste tentant d’exister seulement par sa passion et ses moyens limités. Simon Pellaud est l’un de ceux-là, de ces coureurs modestes dont on parle peu, voire pas, car il ne gagne quasiment jamais. Face à ce manque criant de résultats, ces coureurs deviennent souvent rapidement des domestiques auprès de grands leaders et traversent alors leur carrière dans l’ombre de ces derniers.

Le licencié du Vélo Club Excelsior de Martigny n’a lui pas fait ce choix. Car il n’a peut-être jamais couru dans une équipe où il y avait des vedettes. Car il n’a surtout jamais daigné faire le don de ses ambitions personnelles qu’il peine pourtant à assumer depuis ses débuts chez les professionnels au sein de l’équipe IAM en 2015.

Inexistant à ses débuts en World Tour, Pellaud aura même dû redescendre chez les amateurs fin 2016 suite à l’arrêt de la structure de Michel Thétaz tellement son profil n’intéressait pas dans le milieu. L’Octodurien aurait même pu arrêter le cyclisme à 25 ans mais ses multiples sorties médiatiques l’ont maintenu à flot, dans l’œil des recruteurs, lui, ce coureur largement plus à l’aise face aux micros que sur son vélo, où ses chutes spectaculaires et répétées le font davantage passer pour un cascadeur de série B que pour un cycliste professionnel.

Simon Pellaud ou l’art de sprinter avec une fourche cassée…

Ces dernières saisons, Simon s’est même construit une histoire à émouvoir les foules : celle du petit Valaisan smicard dans son pays obligé de fuir en Colombie pour survivre. Tombé amoureux d’une Colombienne de la province d’Antioquia, il s’est même fait construire une maison dans les montagnes de Medellín, à 2500 mètres d’altitude, pour y vivre six mois dans l’année. Il justifie également cet exil par le fait que la météo est trop mauvaise l’hiver en Valais… alors que le soleil rayonne pourtant en moyenne 300 jours par an au nord du massif du Mont-Blanc. C’est en tout cas ce que me disent mes potes valaisans.

Toujours bon à critiquer la Suisse des millionnaires et faire l’apologie de sa Colombie adoptive, Pellaud a franchi un nouveau pallier ce mois d’octobre sur les routes du Giro d’Italia. Après deux Tours d’Espagne accomplis dans l’anonymat complet en début de carrière, il n’a cessé d’effectuer des échappées publicitaires dans la Botte. A défaut de peser sur la course, il s’est emparé du maillot distinctif des sprints intermédiaires, traditionnellement laissé par les grosses armadas aux petits coureurs appartenant aux équipes invitées (la sienne, Androni Giocattoli-Sidermerc, en faisait partie), que personne ne lui a contesté de Palerme à Milan.

En grand communiquant, Pellaud a logiquement sauté sur l’occasion pour en remettre une couche dans la presse. A l’écouter, il serait donc « devenu quelqu’un » en ce mois d’octobre 2020, ou plus précisément « Simonissimo » des dires de son vieux manager Gianni Savio, sans savoir si cette appellation était un clin d’œil au champion Gilberto Simoni, double vainqueur du Giro au début du siècle, ou une extension de son prénom en référence aux tifosi adorant allonger le mot campione (champion) en campionissimo (champion des champions comme Fausto Coppi ou Gino Bartali du temps des forçats de la route).

Champion, Simon ne l’a jamais été. Champion des champions, Pellaud ne le sera jamais. Avec ses dernières interviews pompeuses et redondantes qui couronnent quelque part l’ensemble de son œuvre médiatique, notre cher exilé Valaisan a juste gagné le droit d’être (enfin) nominé pour nos fameux Pigeons.

Car oui Simon, ce n’est pas parce que tu t’es enfui sous les tropiques pour rouler avec des types à la carrière aussi respectable qu’Oscar Sevilla ou Jarlinson Pantano que tu ne concourras pas demain pour la plus grande des récompenses en Romandie. Nous t’avertissons même déjà qu’en cas de Pigeon d’Or décerné cet hiver, nous monterons à vélo les 10% de la côte de la Petite Forclaz à Martigny pour venir te remettre en main propre le trophée ultime !

A propos Thierry Bientz 47 Articles
Après avoir parcouru 250 000 kilomètres à vélo en 20 ans, j'ai décidé de prendre un peu la plume pour raconter le cyclisme...

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1 Commentaire

  1. Et encore, les non-valaisans ont la chance d’échapper à ses interviews presque hebdomadaires sur le Nouvelliste… Un bon pigeon potentiel, il me fait penser au « champion » de formule E, ce gars imbus-vable dont j’ai oublié le nom.

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