Pigeon de novembre 1 : Ruedi Hediger

« Espèce de grosse truie ! »

Toute la finesse de cet encouragement sorti du malotru gosier d’Eric Demay peut résumer l’ambiance qui régnait dans la salle d’entraînement des gymnastes à Macolin et symbolise l’approche du coaching « psychologique » utilisé par la plupart des entraîneurs du cadre national en gymnastique artistique et rythmique depuis 2003. Pour preuve, la lecture de l’acte d’accusation déposé par huit ex-gymnastes suisses cet été dans les colonnes de la NZZ qui fait franchement froid dans le dos. Les faits rapportés sont graves (et l’on pèse nos mots) avec entre autres des abus verbaux et physiques mais aussi des insultes et des humiliations psychologiques de la part des entraîneurs et entraîneuses sur une période d’environ vingt ans !

Toutes ces impardonnables agressions ont fini par dégoûter de nombreuses gymnastes talentueuses (Lynn Genhart, Ariella Kaeslin, Lisa Rusconi…) de leur sport et ont de cela en commun qu’elles se sont déroulées sous la houlette du désastreux Ruedi Hediger, tout d’abord responsable de la performance des gymnastes suisses puis promu (!) au titre de directeur de la FSG, la fédé nationale pour ces virevoltantes demoiselles et damoiseaux.

Pour que vous vous rendiez compte de l’ampleur du scandale, voici un aperçu de ce petit musée des horreurs et l’on se doit de préciser que tous ces épisodes se sont déroulés en Suisse, et non pas à Karl-Marx-Stadt ou dans la Roumanie des années 70.

2002: « Tu ne boiras pas »

Sous la houlette de la coach Olga Bullert, visiblement adepte des méthodes d’entrainement de l’ex-DDR, les émérites gymnastes rythmiques suisses n’ont pratiquement pas le droit de boire durant les longues séances de préparation et se font à plusieurs reprises vulgairement houspiller par leur stakhanoviste de coach. Olga sera justement renvoyée après deux ans et demi et ce, pour une simple rupture de confiance entre elle et les athlètes. On a le sens de la formule à la fédé suisse de gym, mais ce n’est pas pour autant que cette calure d’Hediger a agi face à ces allégations et a édicté des règles de comportement strictes pour ses équipes d’entraîneurs.

2007: ​« Espèce de grosse truie »

C’était l’une des insultes favorites de l’entraîneur français Éric Demay, notamment à l’encontre d’Ariella Kaeslin. Ce sympathique Demay était un spécialiste du mobbing, de la terreur psychologique et de l’offense gratuite, d’après le témoignage de la gymnaste lucernoise.  Et Au lieu de soutenir les gymnastes qui osèrent cafter sur les agissements du franchouillard, la fédération décida de les priver de Championnat d’Europe. Et voici l’excuse que cet incompétent d’Hediger osa sortir dans les médias : « En gymnastique, ce n’est pas comme au football où l’on peut sans difficulté recruter des Schällibaum. En gymnastique rythmique, il n’y a pas de mercato ». Gros, gros, enfin énorme soupir devant tant d’ineptie. Il faudra attendre encore plusieurs mois avant que le Comité central ne répudie le coach français en omettant bien entendu d’instituer des mesures pour sauvegarder la santé mentale des gymnastes. Bis repetita !

2013: « Les jumelles de l’horreur »

C’est ainsi que la gymnaste Lisa Rusconi surnomma la headcoach Heike Netzschwitz et son assistante Vesela Dimitrova. L’athlète suisse mis ensuite tout sur la table et se laissa aller à des accusations plus que troublantes. D’après Rusconi, lorsque les insultes envers leurs « protégées » ne suffisaient plus, le couple maudit se mit à lever la main sur elles, allant jusqu’à les pincer ! Leur emprise était telle, que ce duo maudit interdisait aux gymnastes des visites chez le médecin. Ce ne fut que grâce à l’intervention du médecin chef de la Confédération (!) que la Fédération de gymnastique se réveilla enfin et démit de leurs fonctions les fameuses jumelles de l’horreur. Bis, bis repetita !

2020: « La compétition à tout prix »

Sous la direction d’Iliana Dineva et d’Anelya Stancheva, de nouveaux problèmes émergent au niveau des entraînements et des compétitions : demandes physiques trop élevées qui amènent des fractures de fatigue à répétition, méthodes d’entraînement inappropriées, certificats médicaux ignorés pour favoriser la participation aux compétitions… Il faudra attendre plus d’une année pour que la Fédération ne renvoie ses deux coaches, à nouveau et uniquement grâce à la pression des lanceuses d’alerte. Bis, bis, bis repetita !

Aux manettes de cette maudite FSG durant près de vingt ans, Ruedi Hediger est le gars qui n’a rien vu, rien su et surtout rien fait avec son pouvoir, un mélange entre Stevie Wonder et Pierre Maudet pour vous résumer le bonhomme. Pour éradiquer cette culture sadique de la gagne, on aurait été en droit d’attendre des mesures toute simples de la part du « Wonder Maudet » : enquêtes externes neutres, charte de comportement pour les entraîneurs, mise en place d’une commission d’éthique, espace d’écoute pour les lanceuses d’alerte… Mais Hediger ne fit RIEN !

Et bien sûr avant de se choper un procès aux fesses pour calomnie, on se doit, sous la torture, de préciser que toutes les personnes évoquées dans cet article sont toujours présumées innocentes avant que la justice ne statue sur leur cas.

Et si ce pigeon peut faire accélérer les choses, on n’en serait pas peu fiers.

 

Source: publication de la Berner Zeitung

www.bernerzeitung.ch/und-jedes-mal-heisst-es-einzelfall-717326187270

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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