Le mal-aimé : Lance Armstrong

« J’ai besoin qu’on m’aime mais personne ne comprend. Ce que j’espère et que j’attends, qui pourrait me dire qui je suis ? Et j’ai bien bien peur, toute ma vie, d’être incompris. Car aujourd’hui… Je me sens mal-aimé…  Je suis le mal-aimé. » Sacré Johnny, tu nous manques ! Dans cette nouvelle rubrique, je vais tenter de réhabiliter (avec un soupçon de mauvaise foi) ces sportifs à succès néanmoins détestés par le public pour des raisons souvent injustes. Pour ce premier numéro, je m’attaque à celui qu’on surnommait Big Tex, Robocop ou encore le Boss, j’ai nommé Lance Armstrong.

Il faut avouer que l’Américain m’avait manqué et c’est avec plaisir que j’ai vécu son retour dans le feu de l’actualité avec la récente diffusion télévisuelle du documentaire LANCE où il dit enfin toute sa vérité, rien que sa vérité, il le jure. Sept ans après avoir dit toute sa demi-vérité, rien que sa demi-vérité, il l’avait pourtant juré chez Oprah Winfrey. Comment un homme qui aime tant dire la vérité devant des millions d’inconnus peut-il être si détesté par le public ? C’est ce que je vais tenter de vous expliquer en démontant un par un les faits qui lui sont reprochés.

C’est au moment où l’on triche pour le beau que l’on est artiste

Le reproche le plus fréquemment entendu est que c’est un sale tricheur, bouh que c’est vilain. Alors oui c’est un fait, mais on oublie dans quel sport il a triché. Il a triché dans le CYCLISME, le sport des tricheurs diplômés, rempli de tricheurs depuis des décennies, où chaque génération de coureurs est remplacée par une génération encore pire. Pourtant le public adore ce sport, des millions de gens se massent au bord des routes à chaque course en toute connaissance de cause. Selon le médecin du sport français Jean-Pierre de Mondenard qui a recensé les vainqueurs du Tour de France entre 1947 et 2010 :

« Ils ont tous eu maille à partir avec le dopage. Par conséquent, si l’on veut aller jusqu’au bout, chacun d’eux devrait se voir retirer son titre, comme Armstrong.”

Des tricheurs patentés comme par exemple Richard Virenque, sont restés populaires après les révélations et sont même revenus plus “forts” ensuite. Non, pour le cas Armstrong on ne peut pas lui reprocher d’avoir été le meilleur tricheur, ce serait de la mauvaise foi. Son impopularité ne vient donc pas de là, mais alors d’où ?

Un bras fort pour un cœur tendre

L’autre reproche qui revient souvent envers Lance Armstrong est son arrogance. Pourtant comme dit le proverbe : “La timidité est le défaut des petits hommes et l’arrogance, la vertu des grands.” Tous les grands champions sont obligés à un moment de leur carrière de se créer une carapace, souvent vue comme de l’arrogance par le public. Maradona, Jordan et même Roger Federer, si l’on en croit la maman de Djoko, sont vus comme arrogants une fois au sommet de leur gloire. Quand un champion gagne trop souvent et pire, avec facilité, les gens se lassent et veulent le voir tomber. C’est plutôt ce sombre côté de notre psychologie qu’il faudrait haïr, mais non c’est trop dur de se remettre en question alors on décide de détester le champion par pure jalousie. Pour Lance, cette arrogance cache de profondes fêlures et n’est évidemment qu’un bouclier pour protéger sa sensibilité. L’homme a dû affronter de nombreuses épreuves dans sa vie : un beau-père violent, la mort d’un coéquipier en course (Fabio Casartelli lors du Tour de France 1995), un cancer des testicules et surtout des sorties à vélo avec Michel Drucker. Pas étonnant après tout ça de vouloir se protéger des agressions de la vie en fabriquant un mur autour de soi. Ses proches, ceux qui le connaissent dans l’intimité, ne manquent jamais de le défendre publiquement. La chanteuse Sheryl Crow, son ex-compagne, n’avait d’ailleurs pas hésité à le dénoncer aux enquêteurs anti-dopages en 2011, sans doute pour protéger la santé de son compagnon. L’arrogance n’est donc pas non plus une bonne excuse de rejet pour le pauvre Texan.

Si les Ricains n’étaient pas là

Si on se replonge dans l’époque de sa gloire, ce cher Armstrong était en fait détesté partout dans le monde sauf par ses compatriotes. Le héros américain typique, blond aux yeux bleus, sourire carnassier, sûr de lui et qui écrase tout sur son passage, ce n’était plus très à la mode au début des années 2000. Si sa domination avait eu lieu quelques décennies avant, il serait encore adulé comme une légende, c’est une certitude. Comme quoi en sport le timing est primordial. Donc si le public mettait sa mauvaise foi, sa jalousie et son anti-américanisme primaire au placard, il se rendrait bien compte que Lance Armstrong était et est toujours le Boss du cyclisme.

Message de Lance Armstrong à l’intention du public

 

Crédits photographiques :

De Lance Armstrong 2002 am « Midi Libre » : Hase/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lance_Armstrong_MidiLibre_2002.jpg

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4 Commentaires

  1. En formule un, en plus de la dextérité des pilotes, c’est le génie mécanique qui fait gagner. Pourquoi pas la même chose en cyclisme avec le génie médical?
    Au lieu de tenter de cacher que l’on se dope, on assume et on est suivi médicalement.
    Il est totalement utopique de croire à un sport propre alors autant laisser tomber.
    Pis bon, une équipe de cyclisme Bayer, ça paraît plus logique que Festina…

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