Curling for ever…

Comme un symbole éternel, le curling est le sport de prédilection pour métaphoriser l’ennui, le ringard, le chiant… Si l’on peut certes rester perplexe quant à l’esprit tortueux écossais qui a engendré l’idée de jouer à la pétanque «…mais plutôt sur la glace et avec des grosses pierres bien lourdes et on dira qu’on balaie devant….», il ne paraît tout de même pas (complètement) juste de classer le spectacle que le curling nous donne en concurrence avec un épisode de Derrick (l’alcool et les visites de cabarets en moins).

Sport olympique depuis Nagano en 1998 avec, par ailleurs, une médaille d’or pour Patrick Hürlimann que l’on peut entendre comme consultant à la TSR, le curling est une compétition qui s’étend pratiquement sur toute la durée des Jeux. Expliquer le but du jeu paraît assez simple, deux équipes de quatre s’affrontent sur une piste glacée d’environ 40 mètres de long en faisant glisser des pierres dans le but d’en mettre le plus au centre de la cible à l’autre extrémité. Le tout se jouant en minimum 10 manches (appelées end) de huit pierres par équipe.
En gros, un jeu plus qu’un sport que l’on pourrait trouver à priori plus amusant à pratiquer une fois ou l’autre (quitte à remplacer le pastis par du thé au rhum) plutôt qu’à y assister.


Si, si… il existe même des supporters en curling !

Mais si l’on dépasse certains à priori, le spectacle de deux pros de curling offre tout de même un certain intérêt. Celui-ci se situe dans l’aspect stratégique, la lecture du jeu de l’adversaire et, il faut l’avouer, une certaine forme de suspense (oui, oui…). En outre, on ne peut définitivement pas avoir totalement de mépris pour un sport où le mélange entre habileté et tactique est aussi poussé, avec finalement assez peu de place au hasard.

Pourquoi tant de haine ?

Pourquoi ce sport est-il tant victime de quolibets ? L’aspect peu physique et visuellement pas impressionnant pour un sous, voire le côté un chouïa grotesque de voir des gens balayer à toute vitesse devant un gros morceau de granite sous les hurlements de leur skip peut être une réponse.
Mais quiconque aura regardé un match de curling ces derniers jours (je parle donc des profanes bien sûr, pas des fans hardcore qui prennent des avions pour suivre les compétitions internationales tout au long de l’année) avouera sûrement qu’on se laisse prendre au jeu, petit à petit, et qu’on peut même en arriver à ressentir un semblant d’exaltation.
Une opinion personnelle me pousserait à dire que le principal problème tient à la longueur du spectacle. Il est vrai qu’un match de plus de 2h30, entrecoupé d’interludes réflexifs des équipes quant à la tactique à employer, le tout commenté par Pierre-Alain Dupuis (qui, malgré tout, fait ce qu’il peut pour comprendre) n’est pas forcément la meilleure promo qu’on puisse se faire.


En route vers la médaille ! Ou pas…

Et la Suisse au curling ?

L’équipe masculine, pour sa première journée, a battu le Danemark dans un duel ennuyeux (j’évite la fine plaisanterie sur le pléonasme). Un des problèmes principaux du curling est justement que les rounds d’observation peuvent être interminables si aucune des deux équipes n’ose se dévoiler, se contentant de dégager hors de la cible, chacun son tour, la pierre de l’autre pour que personne ne marque de point.
La Suisse affronte ensuite les Etats-Unis. Elle commence très bien le match, dominant toute la première moitié et arrivant alors à mener 4-0. Mais elle est mise en difficulté dès le cinquième end, les hommes de Markus Eggler péchant par naïveté et par une maladresse récurrente face à des Américains plus malins qui enchaînent soudainement les bons coups et les points.
Alors que les deux derniers ends semblaient tourner au massacre pour les Suisses (et je n’ose même pas vous dire à quoi ressemble un massacre au curling), ceux-ci réussissent à revenir miraculeusement dans le match. Sur le moment, impossible de savoir comment car la TSR a l’excellente idée de passer du léger différé au direct situé environ 10 minutes plus tard, nous privant ainsi de l’un des seuls moments un tant soit peu excitant.
Quoi qu’il en soit, une manche supplémentaire a lieu. On entend alors Patrick Hürlimann commenter : «Oh oui, on a déjà vu des matchs se finir au 12ème end ou plus». Une goutte de sueur perle sur mon front. Mais ce ne sera pas le cas. Les Américains envoient leur dernier lancer juste trop fort ce qui permet aux Suisses de gagner le dernier point synonyme de victoire.
Le lendemain, c’est un duel contre la Grande-Bretagne, champion du monde en titre. Le match est très tendu et aucune équipe n’arrive à prendre l’autre à revers avant la toute fin du duel. C’est là, avec sa toute dernière pierre, que l’équipe suisse arrive à placer un coup magistral qui lui permet de battre les Ecossais 4 à 3 malgré un dernier coup pour ces derniers.
Enfin, lors de la cinquième journée, la Norvège impose sa loi et ses immondes pantalons avec une victoire sur la Suisse 7 à 4. Rien de plus à dire, les Norvégiens sont plus forts et c’est tout…


Le cirque Knie en a commandé 10 pour ses clowns

Les femmes, elles, ont perdu leurs trois premiers matchs. L’équipe de Mirjam Ott, déjà présente lors des deux dernières éditions, s’est inclinée presque à chaque fois sur le dernier end. Elles ont d’abord été vaincues sur la dernière pierre par le Canada menée par une «skipeuse» au botox aussi dur que la glace. Puis elles se sont laissé avoir sur le fil par une bande de rusées blondes suédoises. Enfin, les hurleuses chinoises ont parachevé la débandade helvète.
Il est encore difficile de voir les chances de podium à ce stade de la compétition. Les favoris restent malgré tout les Britanniques, les Norvégiens et les Canadiens chez les hommes même s’il semble rester une place pour l’équipe de Markus Eggler. Chez les femmes, les Suissesses semblent, par contre, avoir perdu du terrain et dépassées par la maîtrise de leurs adversaires. Même si, en termes moins fleuris mais plus justes, on pourrait simplement dire que Mirjam Ott se vautre lamentablement et va visiblement être complètement larguée dans ces Jeux. Mais le monde fascinant du curling nous réserve encore bien des rebondissements… et encore plein de matchs… Courage !

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9 Commentaires

  1. Comme très justement relevé par l’auteur de l’article, c’est l’aspect tactique qui est le plus impressionnant dans ce sport, c’est vraiment passionnant à essayer de décortiquer.

    Et puis un miracle se produit durant les retransmissions TV curling de ces JO : Pierre-Alain Dupuis est (presque) supportable 😉 si,si je vous jure…

  2. C’est marrant ce curling. C’est un peu l’épreuve type des J.O… le truc que tu regardes pendant 2 semaines et plus jamais pendant 4ans 🙂

    Et c’est vrai que le suspens peut être présent. Genre contre les States.

    Au final, et pour ne rien gâcher, les joueuses de curling sont pas toutes vilaines 😀

  3. Deux brunes sont même extrêmement mignonnes, je trouve!
    Mr. Jack, je suis comme toi; 2 semaines de J.O. et c’est tout. Mais alors on se prend totalement au jeu!
    Merci pour l’article, Robin; j’étais sûre que celui qui allait devoir se « taper » le curling se prendrait au jeu. C’est ce qui s’est passé chez nous. Maintenant qu’on comprend de quoi il s’agit vraiment, on peut pronostiquer aussi, du moins essayer.
    Les pantalons des norvégiens sont assez drôles, c’est vrai; moi, j’aime bien. Et je pense que ça gêne les adversaires!
    Donc bonne chance à l’équipe masculine ( surtout que 1 joueur est pas mal du tout;) et beaucoup de courage à nos petites suissesses chouquinettes!

  4. Pour info, notre PAD national a quand même réussi hier , lors de l’un de ses légendaires moments d’égarement, à nous dire que le curling était un sport spectaculaire!!!!

  5. Je propose qu’on mette dorénavant M. Lörtscher comme consultant avec PAD lors de chaque retransmission commentée par ce dernier, même le football, ça ne pourra que le bonifier. Comme dit plus haut, il en devient presque supportable et même parfois (un peu) pertinent.

  6. Parfaitement d’accord avec oruma et Ch.Logoz. J’ai trouvé le merveilleux P.A.D. à peu près écoutable. Ca fait tout bizarre. Il faut envoyer une pétition à la TSR pour qu’il ne s’occupe plus que de curling!

  7. Eh ben… Après avoir regardé le ski de fond, je me demande si les curleurs sont des athlètes. Y’en a même une qui a le gabarit de joueuse de pétanque !!! C’est un peu comme le tir…Soit disant sportif… Qu’on ne mette pas ce genre d’activité aux jeux olympiques !!! Ou alors qu’on introduise le poker ou le Jass aux jeux d’été !!!
    Et Pierre-Alain Dupuis : LOIN de la TV !!! Il n’est pas pire qu’au tennis, car heureusement il est avec Lörtscher !

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