Six feet (down) under

Pays des kangourous, de Kylie Minogue, des koalas et de Ian Thorpe, soit quatre espèces d’animaux en voie de disparation, l’Australie sera une nouvelle fois présente à une Coupe du Monde. Que peut-elle vraiment espérer dans ce groupe B très relevé, à part quelques cartons rouges dont elle a le secret ? Rien, serait-on tenté de dire, à moins que, sur un malentendu…

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Parce que cette équipe d’Australie m’a toujours été foncièrement sympathique. D’ailleurs, qui peut dire le contraire ? Peut-être les Kiwis mais bon, leur avis on s’en tape un peu… Dans la très mince histoire du foot australien, ses joueurs ont toujours été aussi improbables les uns que les autres, à l’image de Kevin Muscat, des frères Vidmar, de Mark Viduka, de Vince Grella ou encore de Zeljko Kalac. Et ça, ça me plait.
2) A quoi sert ce pays ?
Facile ! Ce pays offre l’opportunité à William Gallas de pouvoir toujours jouer au foot, à Del Piero de prendre encore des défenseurs de vitesse, à Shinji Ono de faire croire qu’il a été une fois une star et à Emil Heskey de faire vendre du merchandising (rupture de stock de son maillot à son arrivée aux Newcastle Jets, sérieux) et de marquer des buts
Ou alors l’Australie est indispensable au monde car là-bas y a été couru le marathon le plus rapide sur terre par un coureur déguisé en Mr Potato (marathon de Melbourne 2012 par Andrew McKenzie en 3h38). Et ça c’est important!
3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
L’Australie s’est qualifiée car elle ne joue pas les qualifications sur son continent. Un peu comme si Israël faisait partie de l’UEFA. Euh, quoi… ? Quoiqu’il en soit, les Aussies ont eu un peu de peine et ils ont dû attendre leur dernier match pour se qualifier aux dépens des stars irakiennes, jordaniennes et omanaises. En effet, les kangourous ont réussi l’exploit de perdre 2-1 face aux ogres jordaniens et de ne faire que 2 points face aux terribles joueurs d’Oman, dirigés par Paul Le Guen… Pour la petite histoire, lors du premier tour, les héritiers de Kewell et Viduka ont eu du mal à se débarrasser de la Thaïlande. L’Australie a donc dû batailler ferme face à des équipes aussi douées en football que la Suisse en tennis de table. Et ça, ce n’est jamais bon signe.

4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Suite à cette pénible campagne de qualifications et à de pathétiques matchs amicaux face au Brésil et à la France (deux défaites 6-0), Ange Postecoglou a remplacé Osieck à la tête des Socceroos. Postecolglou est complètement inconnu dans le monde mais l’Australo-Grec est le coach australien possédant le plus beau palmarès. Pas vraiment de quoi se vanter vous me direz. Mais Postecolgou est réputé pour être un entraineur très offensif et pour demander une implication totale de la part de ses joueurs. Ce qui promet du spectacle mais peut-être que celui-ci ne sera pas apprécié aux Antipodes. Mais soyons positifs et espérons que forts de cette mentalité de gagneurs, Tim Cahill et ses coéquipiers remporteront leur premier match 6-2 dans la moiteur de Cuiabà face au Chili après avoir blessé une demi-douzaine de joueurs de la Roja. Gonflés à bloc tels des joueurs de «footy» dans leur maillot moulant, les Socceroos détruiront tout sur leur passage et développeront un nouveau jeu la «Deconstruction Attack» pour finalement l’emporter 5-4 en finale face aux Etats-Unis…
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Non mais vous avez vu leur groupe ? Pays-Bas, Chili et Espagne ! Que voulez-vous qu’une équipe de touristes venant du Down Under fasse contre eux ? On veut bien croire que le foot s’est amélioré en Australie mais quand même. Le niveau de la ligue doit être proche de celui de la Challenge League (même si l’intérêt y est nettement plus élevé) et les joueurs évoluant à l’étranger jouent dans des clubs de 5ème zone à l’image du FC Sion, Jeju United (Corée du Sud), Dundee United (ECO), JEF United (JAP), Shandong Luneng (Chine), Heracles Almelo (HOL), Swindon Town (ANG), Al Gharafa (QAT) et j’en passe…
Si en plus Postecoglou veut faire prendre des risques offensifs… Enfin, je vous avais dit que cette équipe faisait plaisir et qu’il faudra la suivre.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
S’il est un joueur à sortir du lot c’est bien Tim Cahill ! L’un des rares survivants de la «Golden Generation» (Viduka, Kewell, Neill, Schwarzer, Chipperfield, Grella, Culina, Muscat, Vidmar,…) jouera sa troisième Coupe du Monde et nul doute que le boxeur de poteau de corner voudra finir sur une bonne note. On espère pour lui que le rythme de la MLS ne le ralentira pas trop et que son fighting-spirit étonnera plus d’un Brésilien dans les tribunes.
Sinon, on n’oubliera pas de suivre l’un des rares «hot prospect» des kangourous, à savoir le gardien Mathew Ryan (FC Bruges). L’ancien joueur des Central Coast Marines est convoité par bon nombre de clubs à travers l’Europe suite à une superbe saison en Belgique (gardien de l’année). Et vu qu’il aura de quoi faire dans ses cages, on pourra facilement se faire une idée sur son niveau à l’échelle internationale.
Le dernier joueur à observer, et peut-être le seul à avoir le niveau pour jouer dans une autre sélection, est le capitaine Mile Jedinak. Egalement capitaine de Crystal Palace, le milieu défensif a réalisé une brillante saison avec les Eagles en contribuant nettement au facile maintien de son équipe. Il a d’ailleurs été placé dans l’équipe de la saison en Premiership par l’excellent www.whoscored.com.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
La réponse facile serait de dire : «tous les autres». Mais j’ai tenté de trouver un individu plus intéressant que les autres et mon choix est tombé sur Mark Bresciano. Vous me direz que comme Tim Cahill l’ancien milieu de Parme et de la Lazio fait partie de cette fameuse «Golden Generation» et qu’il a du foot sous la semelle. Mais avec seulement quatre matchs joués en 2014 avec son club qatarien, on imagine mal le voir tenir le rythme face à Xabi Alonso, Wesley Sneijder ou encore Arturo Vidal…

8) Une bonne raison de les supporter ?
Normalement, les Socceroos devront compter deux représentants de Super League dans leurs rangs après le cut des 23 : Oliver Bozanic et Dario Vidosic. Ça c’est si on est Suisse.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Normalement, les Socceroos devront compter deux représentants de Super League dans leurs rangs après le cut des 23 : le Lucernois Oliver Bozanic et le Sédunois Dario Vidosic. Ça c’est si on est Australien.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Sinon, on se réjouit vraiment de voir cette équipe jouer. Depuis une qualification pour le deuxième tour manquée de très peu (différence de goals) lors de la Coupe du Monde 2010, les Socceroos n’ont cessé de décevoir leurs fans. A travers ses discours passionnés et son envie de prôner un jeu chatoyant, Postecoglou tente de raviver la flamme entre la sélection nationale et ses fans. Mais, est-ce que les Aussies ont vraiment les moyens de ne pas être ridicules ?

A propos Julien Echenard 62 Articles
In Haris We Trust

Commentaires Facebook

3 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.