Oranges mécaniques

1. Le résumé.
D’entrée, Thiago Silva nous prouve par l’acte que sa présence contre l’Allemagne n’aurait rien changé, en commettant une faute débile largement à l’extérieur de la surface. L’arbitre trouve le moyen de siffler péno et jaune au lieu de coup franc et rouge, et van Persie tue le match d’entrée, avant que Blind ne double la mise 15 minutes plus tard. On s’est tous demandés un instant si la Seleção allait à nouveau imploser mais, bien que supérieurs aux auriverde, les Pays-Bas ne sont clairement pas la Mannschaft, et le Brésil était quand même un peu moins à la Strass. Pas de grand spectacle donc, peu de suspense, mais le match est resté regardable.

2. L’homme du match.
En n’étant pas aligné, Fred a disputé son meilleur match de la compétition.

3. La buse du match.
Van Gaal, qui a déclaré quelques heures avant le match que cette petite finale n’avait rien à voir avec le sport. Quel dédain, quel manque de respect pour les supporters. Je te rappelle que si tu avais demandé à ton équipe de jouer le match contre l’Argentine, au lieu de nous offrir une demi-finale pitoyable, tu l’aurais peut-être évité, ce match.

4. Le tournant du match.
A la 67e minute, au cœur d’une bonne période brésilienne, Blind commet une faute dans les seize sur Oscar. L’arbitre estime que Blind ne l’a pas touché alors même qu’il sort sur civière sous la violence du contact. Au lieu de péno et 2-1, ce qui aurait relancé le match, c’est jaune pour simulation à Oscar. Décidément Monsieur Haimoudi est fâché avec les penalties, après avoir accordé celui de la deuxième minute pour une faute aux dix-huit mètres.

5. Le geste technique du match.
Le carton pris à la huitième minute par Robben restera pour moi un des grands moments de ce Mundial. Outre le fait d’être le joueur le plus égocentrique de la planète, ce gars a passé toute la compétition à réclamer tout et n’importe quoi aux arbitres, sauf évidemment quand il était occupé à se jeter par terre. Un carton jaune sévère au vu de la petitesse de la faute, mais tellement dédié à l’ensemble de son œuvre que l’espace d’un instant le monde m’a semblé plus juste. Et puis cela m’a forcé à regarder la suite du match : voir Robben se faire expulser et retourner consoler son fils une deuxième fois, ç’aurait été orgasmique.

6. Le geste pourri du match.
Je me répète mais la faute de Blind qui aurait dû valoir un péno n’est pas mal dans la catégorie. Déjà elle aurait pu relancer le Brésil, en plus il se tourne le genou sur le coup et sort sur civière. Sinon on peut citer la moitié des interventions de David Luiz, tellement aux fraises qu’il m’a fait penser à un spot pour les confitures Bonne Maman.

7. Ce match m’a fait penser à…
Une équipe organisatrice ultraprotégée par les arbitres et chanceuse au-delà du raisonnable se fait sortir par l’Allemagne en demi et joue la troisième place contre une équipe européenne antipathique au possible : C’est bel est bien à un remake de Corée du Sud-Turquie de 2002 que nous avons assisté. A la seule différence qu’il y avait eu ce but marqué à la onzième seconde par Hakan Şükür, record à battre. Parce que ce soir, pour trouver un truc qui va marquer l’histoire…

8. L’anecdote.
Aux Coupes du monde de 1930 et de 1950 (mais c’était différent car en 1950 le titre s’est joué dans une poule à quatre équipes), comme à tous les Euros depuis 1984, il n’y a pas eu de match pour la troisième place. Cette petite finale n’est donc pas absolument nécessaire, on est d’accord. Mais quand elle a lieu, on la ferme et on joue.

9. Les tweets à la con.
« #CDM2014 : dix goals en deux matches : je dynamite, je disperse, je ventile #TontonsFlingueurs »
« #CDM2014 : Sur le drapeau brésilien, la terre est bleue comme une Oranje #PaulEluard »

10. La rétrospective du prochain match.
Après avoir organisé un méchoui avec les restes de Scolari, les Brésiliens jouent un match amical à domicile contre le TSV Grunbach, club d’Oberliga Baden-Württemberg, afin de conjurer le sort et de battre enfin une équipe qui parle une langue germanique. Ils prennent 2-0 et Dilma Rousseff demande l’asile à Berlin. De leur côté, pour éviter un remake de la défaite contre l’Argentine, les Hollandais s’entraînent à tirer aussi bien les penalties que leurs caravanes (@ X. Lizin).

11. Les adieux du rédacteur.
Rubrique éphémère créée pour l’occasion, elle me permet de tirer ma révérence sur CartonRouge. Peut-être que je ressusciterai pour l’Euro 2016, car la perspective de voir la France ne pas passer le premier tour de son Euro me tire d’avance des larmes de bonheur (le seul match pour lequel je pourrais tenir pour les Pays-Bas, c’est contre la France, c’est dire). D’ici-là, ceusses que j’ai fait sourire peuvent me suivre sur le site satirique www.24Matin.ch, où je signe mes articles sous le pseudo Martouze.