Vous souvenez-vous de… Paul Accola ?

La saison de ski est finie depuis longtemps et c’est donc l’occasion idéale pour remettre en lumière un ancien artiste du cirque blanc. Ce qui est amusant dans un cirque c’est qu’il y a une variété de profils très différents : les clowns bien-sûr (Franz Heinzer, Marion Rolland), l’acrobate (Hermann Maier) et le jongleur (Didier Cuche) entre autres. Mais il existe aussi un rôle de coulisse, que personne n’apprécie, celui qui gueule sur tout le monde : le contremaître. Un rôle qui convient parfaitement au Grison Paul Accola. Des fortes têtes ont toujours peuplé le monde du ski alpin (Bode Miller, Alberto Tomba, etc.), mais le champion toutes catégories des tronches reste sans doute notre Pauli national.

Drôle de carrière que celle de Paul Accola. S’étalant entre 1988 et 2005, elle fut pour sûr exceptionnellement longue, mais aussi exceptionnellement inégale. Une médaille de bronze au Combiné des J.O. de Calgary 88 dès sa première saison chez les pros, ainsi qu’une autre en argent aux mondiaux de Vail 89 laissaient entrevoir de belles promesses d’avenir. L’Everest fut atteint dès la saison 91/92 avec sept victoires en Coupe du Monde débouchant sur trois globes de cristal dont celui du classement général. Le reste en revanche fut plus dans le style morne plaine avec quelques podiums grappillés par-ci, par-là et deux autres médailles de bronze, toujours en Combiné, aux mondiaux de 1999 et 2001. Il faut dire que le Combiné est un peu la discipline qui n’intéresse personne et qui permet d’avoir des médailles à bon compte. Il suffit de ne pas avoir peur de la descente (n’est-ce pas Alberto Tomba ?), d’espérer que la moitié des participants enfourchent en Slalom pour figurer parmi les cinq skieurs classés à l’arrivée et la médaille est quasiment garantie.

Excepté donc une superbe saison sur les dix-sept passées au plus haut niveau, ce n’est pas pour ses résultats que l’on se souviendra de Paul Accola, mais plutôt pour son caractère de cochon. Son plus beau coup de gueule remonte aux J.O. d’Albertville 92 où il figure parmi les favoris au titre pour l’épreuve du slalom. Hélas, il termine 6ème et, fâché contre l’état de la piste, il enterre son maillot dans l’ère d’arrivée. Adorant la course, mais détestant les obligations médiatiques, il devint progressivement la bête noire des journalistes et même de ses coéquipiers au sein de l’équipe de Suisse. Tout au plus trouvera-t-il un ami auprès de William Besse, se consolant mutuellement de résultats indignes de leurs plus belles années. C’est la fin d’une époque lorsque “Pauli” range sa vieille combinaison fromage au placard et prend enfin sa retraite en 2005.

Avec des phrases comme «Chez nous les paysans de montagne n’ont rien, alors que les Tamouls se baladent avec des vestes en cuir» ou encore «La télé est un repaire de gauchistes et d’homosexuels», lorsque Paul décide de se lancer en politique en avril 2011, ce n’est pas dans les rangs du POP grisonnais. C’est donc évidemment sous la bannière de l’UDC qu’il tente une percée aux élections fédérales. Si il n’a malheureusement pas été élu, reconnaissons lui un certain panache pour s’être porté candidat sur la liste des Suisses… de l’étranger. Oui, vraiment une drôle de carrière que celle de Paul Accola.

 

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