Pigeon d’octobre 1 : Stan Wawrinka

Une fois n’est pas coutume, nous pigeonnons en ce mois de novembre notre Stan Wawrinka national qui n’a rien réussi de mieux que de déclarer forfait en quarts de finale contre Roger Federer au tournoi de Bâle, après un combat homérique la veille contre Frances Tiafoe. Son retrait priva toute la Suisse d’un choc au sommet, comme il faussa quelque part la fin du tournoi bâlois en dépliant le tapis rouge à Rodj’ qui n’en avait évidemment pas besoin.

Putain, que c’était beau à voir Stan Wawrinka brandir le poing comme rarement, tel un gladiateur en fusion un jeudi soir dans la Halle Saint-Jacques, contre Frances Tiafoe, ce jeune Américain au charisme d’huître, ressemblant davantage à un troisième ligne égaré des Springboks du siècle dernier qu’à un joueur de tennis moderne, finalement digne représentant de cette Next Gen à la con, survendue, et toujours en attente de renverser le Big Four de la dernière décennie ! Le Lausannois faisait plaisir à voir jouer pour une fois hors de ses fameux matchs en Grand Chelem au meilleur des 5 sets dont il raffole. Les organisateurs des Swiss Indoors se faisaient même déjà un plaisir de tenir leur duel de titans, le lendemain, pour un tournoi ATP 500, entre les deux plus grands tennismen helvétiques de l’histoire. Mais voilà qu’en conférence de presse, une heure après avoir balancé ses derniers aces à 200 km/h contre Tiafoe, le natif de Saint-Barthélémy déclarait forfait pour son quart de finale vendredi en raison d’un prétendu mal de dos. Une nouvelle vraiment bizarre pour un type qui jubilait comme rarement à Bâle quelques minutes auparavant au moment de gagner son bras de fer du 2ème tour !

Franchement, on peut aisément comprendre que Stan soit fatigué, lassé ou même blessé en cette fin de saison 2019 après une année bien chargée pour lui. Mais dans ce cas, était-il utile d’offrir toute cette commedia dell’arte au public bâlois contre Tiafoe et nous faire saliver d’avance pour cette dernière fin de semaine d’octobre ? On peut également se poser la question de savoir si le Lausannois se serait présenté sur le court en quarts de finale contre un autre adversaire que Federer. Car rappelons qu’en 26 confrontations entre les deux hommes, Stan The Man n’a remporté que trois petits matchs contre son glorieux aîné : les trois fois sur terre battue (deux fois à Monte-Carlo, en 2009 dans la foulée de son mariage avec Mirka puis en 2014 pour le titre, et l’autre fois sur la route de son sacre à Roland-Garros en 2015), jamais sur surface rapide et encore moins dans sa maison bâloise où Roger remporta cette année son 10ème Swiss Indoors en 15 finales disputées depuis… l’an 2000. On peut encore se demander si ce mal de dos était vraiment réel quand on a vu Stan débarquer deux jours plus tard à Paris pour s’entraîner, disputer le Masters 1000 de Bercy et engranger de nouveaux précieux points ATP, afin d’être dans les 16 premières têtes de série à Melbourne pour le premier Grand Chelem de l’année 2020 et ainsi s’épargner un 3ème tour des plus aléatoires sous le soleil austral…

Il y a un fait. A l’inverse de Genève, Stanislas Wawrinka n’a jamais aimé jouer sur les bords du Rhin. Il s’y est rendu à de nombreuses reprises, plus ou moins par obligation, en y brillant que très rarement. En onze participations au plus grand tournoi de tennis en Suisse, il n’a atteint que deux fois les demi-finales… contre cinq éliminations peu glorieuses au 1er tour. Une hérésie pour un joueur de son standing, vainqueur de l’Open d’Australie et de l’US Open, qui a cette capacité à extrêmement bien jouer sur surface rapide extérieure comme en indoor… une fois qu’il l’a décidé. On sait aussi que Stan The Man entretient une relation compliquée avec la Suisse alémanique qui lui préfère naturellement Roger Federer. Une Suisse alémanique qu’on pourrait accuser de favoritisme pour le Maître mais qui rappelle justement que Wawrinka n’a jamais rien fait pour se faire apprécier hors de Romandie, comme ne serait-ce que prononcer un seul mot sympa en allemand lors des scènes de liesse populaire avec Federer en 2014, dans la foulée de leur sacre en Coupe Davis, alors que c’était probablement le moment idéal pour montrer une unité plus que de façade avec le plus grand joueur de tous les temps, dont il ne se prive jamais de rappeler qu’il a grandi difficilement dans son ombre au milieu des années 2000 ! Mais notre petite nature vaudoise qui ne parle pas la langue de Goethe aurait été heurté une semaine auparavant par le fameux « Cry Baby » en anglais de Mirka au Masters de Londres…

Mais passons toutes ces querelles anciennes et insolubles qui n’expliquent pas le comportement récent du Lausannois à Bâle. Entre ses tentatives de rendez-vous galants grotesques via Instagram avec des nanas en tribunes qu’il ne connaît pas, ses stories ridicules et ses photos de mégalomane en tout genre sur les réseaux sociaux, Stan Wawrinka est l’archétype du tennisman qui vieillit mal à 34 ans et demi. Quand on n’a pas gagné un tournoi ATP depuis mai 2017 et qu’on a même réussi la performance extraordinaire de perdre deux finales cette année contre des pantins désarticulés (Gaël Monfils à Rotterdam, puis Andy Murray à Anvers), on pourrait raisonnablement envisager la possibilité de la jouer un peu plus souvent profil bas, dos en vrac ou pas. Tout ce que les organisateurs du tournoi de Bâle auraient espéré, tout ce que les Pigeons de Carton-Rouge chercheront à récompenser !

Mal de dos ou non, Stan The Man était pressé cette année de rallier Paris depuis Bâle dans son TGV Lyria privé. Pour rappel, la bilan de Wawrinka aux Swiss Indoors depuis ses débuts il y a 13 ans : 1/4 et forfait en 2019 face à Federer, blessé en 2018 et 2017, 1/4 en 2016 face à Zverev (pas Alexander, mais son pâle frère Mischa), 1er tour en 2015 face à Karlovic, 1er tour en 2014 face à Kukushkin, 1er tour en 2013 face à Roger-Vasselin, 1er tour en 2012 face à Davydenko, 1/2 finale en 2011 face à Federer, préfère jouer Valence en 2010, 1/4 en 2009 face à Djokovic, 1er tour en 2008 face à Becker (pas Boum-Boum Boris, juste le petit Benjamin), 2ème tour en 2007 face à Berdych et 1/2 finale en 2006 face à Gonzalez.

A propos Thierry Bientz 47 Articles
Après avoir parcouru 250 000 kilomètres à vélo en 20 ans, j'ai décidé de prendre un peu la plume pour raconter le cyclisme...

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2 Commentaires

  1. C’est honteux de tourner le dos à un champion de cet acabit dès que les choses vont un peu moins bien. C’est de l’opportunisme pur.
    C’est votre site qui vieillit mal, et ce depuis un bon moment déjà !

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