L’OM un peu court pour viser le titre ?

La France, éméchée suite à une forte consommation de vodka et à l’acquisition de sa deuxième étoile cet été en Russie, se réveille peu à peu. Et comme tout lendemain de gueule de bois qui se respecte, c’est avec un énorme mal de crâne et une prise de conscience naïve que la réalité vient frapper à la gueule du supporter français : la ligue 1 reprend ses droits. Fini le beau jeu entraperçu durant l’été. C’est le grand retour des matchs joués par des joueurs dont les jambes ne suivent pas forcément les décisions dictées par le cerveau. Pour le premier article consacré à ce cru 2018-2019 qui s’annonce aussi palpitant pour ce qui est du suspense qu’un épisode de Louis la Brocante, c’est sur l’OM et ses ambitions que mon regard s’est porté. Les moyens investis par le nouveau président suffiront-ils à faire jeu égal avec la machine parisienne ou seront-ils un peu courts ? Tentative de réponse.

O Merde ! Le club est à vendre.

L’OM fut pendant de nombreuses années le bébé de Robert Louis-Dreyfus, riche homme d’affaires franco-suisse qui eut le doux mais vain rêve de mener le club au sommet de la hiérarchie du football français. Malheureusement pour lui, la marche était trop haute. Il mourut en 2009 en n’ayant obtenu comme trophée qu’une simple coupe Intertoto. A sa mort, c’est sa femme Margarita qui reprit le flambeau.

Mais son cœur n’était pas forcément animé de la même passion footballistique que celui de son mari et, lasse de voir le bébé édenté téter le sein sucré du patrimoine légué par ce dernier, elle décide de vendre le club en 2016 à un prix qui lui permit de s’en sortir sans grosse perte financière. Son plus grand défi fut donc de trouver un pigeon assez naïf pour investir dans ce club. Marseille peut se targuer de posséder une notoriété, un bassin de population (près de 900 000 habitants) et une riche histoire, des éléments susceptibles de séduire de nombreux investisseurs. Rappelons toutefois que le stade Vélodrome, flambant neuf, est la propriété de la ville et non du club, et que la valeur des joueurs est sujette à diminuer compte tenu des performances régulièrement médiocres de l’équipe, d’autant plus que certains des meilleurs joueurs (Mandanda, Nkoulou) arrivaient en fin de contrat en juin 2016. Après quelques temps de recherches, le candidat idéal est trouvé. Un poisson venu des Etats-Unis mord à l’hameçon. Franck McCourt devient le nouveau propriétaire du club.

Alon dwa toh boot !

L’homme arrive donc à Marseille et pose directement du cash et ses couilles sur la table. Il voit les choses en grand. Il annonce directement la teneur de son projet. Le fameux « OM Champions project ». C’est un ouf de soulagement pour les supporters. Mais certains ne sont pas dupes et émettent des critiques. Une partie de ceux-ci regrette la vision éculée et romantique d’un club qui appartiendrait encore aux supporters, à la ville et non à ces nantis étrangers qui ne rachètent des clubs que pour faire du business. Les naïfs ! D’autres y voient une revanche de l’ancienne propriétaire qui haïrait l’OM pour toutes les insultes qu’elle a reçues et qu’elle aurait ainsi juste voulu se faire un maximum de cash et couler indirectement le club. Là également l’argument ne tient pas la route et l’attitude de Margarita est frappée du sceau du bon sens. Quitte à vendre un produit défectueux et qui a toujours déçu autant en tirer en maximum de bénéfices au premier pigeon qui se présente.

La méfiance est donc de rigueur. L’homme arrive des USA avec une réputation sulfureuse. Et une méconnaissance totale du football européen et de son histoire. Preuve en est cette sortie aberrante lors d’un entretien avec des journalistes : « Je suis un amoureux du sport et je pense que l’une des plus belles marques au monde dans ce domaine est l’Olympique de Marseille. Elle nécessite du travail, mais je pense qu’on peut obtenir des résultats exceptionnels avec cette marque et cette équipe. » Méconnaissance du football et caricature grotesque du businessman yankee sont les mamelles de McCourt. Affublé de son cigare et de ses costumes trois-pièces bien taillés, l’homme traîne une réputation peu engageante outre-Atlantique. A son actif ? Une franchise de base-ball ruinée,  des supporters qui le haïssent et une tendance à taper dans les finances du club pour maintenir son train de vie de prince saoudien. L’homme colle donc parfaitement avec la longue tradition des dirigeants olympiens. Pas moyen de trouver un type normal à Marseille.

Il promet monts et merveilles et arrive avec des phrases toutes faites qui plaisent tant aux Américains. Concurrencer le PSG, investir pour le projet, viser le sommet rapidement. Des phrases creuses qui ne font mouiller que les supporters les plus crédules. Dès le début il prétend avoir l’objectif de battre le PSG rapidement. Mais cette affirmation ne résiste pas à l’analyse de la composition des équipes : Gomis vs Cavani, Thauvin vs Di María et Dória vs Thiago Silva. Le principal, c’est d’y croire, et ça, Franky le sait.

L’OM semble être tombé à première vue sur le roi des charlots et tout indique qu’il est le type de personne à être un vautour de la spéculation qui va financer son rachat avec de la dette (comme il l’a fait pour les Dodgers), sucer tous les actifs du club à son profit avant de le refourguer à des Chinois en mal de blanchiment. Et pourtant deux ans plus tard le constat est tout autre. McCourt s’est aperçu qu’il ne connaissait strictement rien au football et que son équipe au départ était aussi excitante qu’une carte de Noël que vous enverrait votre banque. Il s’est avéré être un homme discret, laissant le soin de la communication et de la gestion de l’équipe à Jacques-Henri Eyraud. Côté sportif, il a su faire de très bons investissements en particulier celui de Luiz Gustavo pour 8M, ou encore celui de Dimitri Payet pour 30M, le rapatriement de Mandanda et Thauvin, l’achat de jeunes talent de Ligue 1 (Sanson), et joueurs expérimentés (Evra, Abdennour, etc.)

Marseille truste maintenant le haut du classement et la saison passée s’est conclue par une finale européenne. De quoi inquiéter le PSG sur le long terme ? Impossible actuellement. Car un projet « OM Champion » ne passe certainement pas par une défaite contre Nîmes comme lors de la deuxième journée. Et McCourt le sait. Les deux clubs ne régatent pas dans les mêmes eaux. Ce qu’il peut espérer de mieux cette saison c’est concurrencer ses principaux rivaux, tels que Lyon passablement affaibli durant l’entre-saison et Monaco qui renouvelle son équipe chaque année. Stabilité et progression voilà le chemin que doit viser et suivre l’OM.

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