Larazzia : Suter triomphe avec Crans

« Ah tu n’as pas connu Crans-Montana 87 ». « Pirmin, ça c’était quelque chose ». « Les deux doublés Walliser – Figini, on ne reverra plus jamais ça ». « Quelle folie Crans-Montana 87 ». « Et la classe de Vreni Schneider ». Si tu es né après 1990 et que tu as eu le malheur de regarder du ski en compagnie de tes parents, voici le genre de phrases par lesquelles tu as sans doute été bercé. De quoi te dégoûter toute ta vie des résultats suisses sur les lattes. Eh bien vous savez quoi ? Hessayé, pas pu ! Moi aussi j’ai vécu mon Crans-Montana le week-end dernier ! Moi aussi j’ai (presque) vécu un double doublé ! Immersion au cœur d’une station à peine plus étendue que le palmarès de Lara Gut-Behrami et d’une raquette d’arrivée plus chaude que les larmes de joie slalomant entre les joues et les fossettes de Corinne Suter.

Le saviez-vous ? Crans-Montana est ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025 ? Bizarre que les organisateurs n’aient pas profité de l’événement pour faire un peu de publicité.

Doublé numéro 1

Il est 11h30 en ce vendredi 21 février. Une vibration dans la poche droite nous informe que Lara Gut-Behrami vient de remporter la première descente de Crans-Montana (qui est d’ailleurs ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025), devant sa cadette de compatriote Corinne Suter. Au-delà de la surprise que représente ce résultat, on ne sait pas s’il faut se réjouir devant notre ordinateur au bureau. A-t-on laissé passer sa chance en ne possédant que des sésames pour les épreuves de samedi et dimanche ? Ou est-ce de bon augure pour les courses du lendemain et surlendemain ? A Carton-Rouge, dans ce type de situation, on penche évidemment pour la première solution. Alors on enfourche sa voiture dans l’après-midi, histoire d’aller célébrer ce doublé avant d’assister avec la mine déconfite et une belle gueule de bois aux déconvenues programmées du jour suivant.

Première victoire depuis deux ans, on pensait donc retrouver Lara vendredi soir en train d’enchaîner les shots dans une boîte select de la station (qui est d’ailleurs ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025) malgré la course du lendemain. Désolé de vous décevoir, mais il n’en a rien été. Et plutôt que de faire marcher notre imagination malhonnête pour inventer une histoire loufoque à ce sujet, nous pouvons vous livrer une information exclusive. De source sûre, la Tessinoise a fêté sa victoire simplement en jouant aux cartes, une de ses passions. Et pour vous prouver que ce n’est pas une info bidon, Carton-Rouge est en mesure de vous indiquer quel jeu de cartes est le préféré de Lara Gut. Selon vous laquelle de ces propositions est la bonne ?

A) Jass

B) Rami

C) Belote

D) Trou du cul

Vous l’aurez trouvé, il s’agit de la réponse b) Rami.

Doublé numéro 2

Cela devait être le jour de la désillusion qui donnerait un article spécial «loser». Mais ça c’était avant. Avant que la Suisse ne redevienne la nation numéro 1 du ski mondial. Ou avant que les Autrichiens ne commencent à se vautrer comme nous l’expliquait ici avec brio notre camarade Grégoire Etienne. Ou plutôt avant que la compagne de Marcel Hirscher ne découvre que le planté de bâton de son skieur favori fonctionnait aussi dans la vie privée. Un accouchement et une retraite plus tard, plus rien ne peut arriver aux Suisses et les deux héroïnes de la veille ne se privèrent pas d’en rajouter une Cuche et de ressortir une performance de derrière Défago.

En position de remporter le globe de cristal de descente, Corinne Suter était au centre de toutes les attentions. Première surprise, chose étrange, Coco avait troqué son No 5 de la veille pour le dossard 3. Mais cela ne l’empêcha pas de découper la piste de haut en (presque) bas et d’allumer du vert à l’arrivée devant une foule acquise à sa cause. A l’applaudimètre, que ce soit dans la raquette ou lors de la remise des prix sur la patinoire d’Ycoor, c’est elle qui devance tout le monde, même la victorieuse ambassadrice de Ragusa.

Quelques minutes plus tard, son petit globe assuré, elle ne put s’empêcher de verser quelques larmes qui se propagèrent tel un virus dans le public. Imaginez plutôt : un an après son premier podium, elle rafle le classement de la descente. Une performance grandiose qui en appelle forcément d’autres.

Cependant, son mur final ne fut pas parfait. Une erreur à l’entrée de celui-ci  lui a coûté  la gagne puisque Gut-Berhami est venue l’emporter à Laraclette, pour deux minuscules centièmes. Verdict : un deuxième doublé identique en deux jours dans une ambiance plus chaude, plus chaude, plus chaude que le climat, et ses horribles 15 degrés de mi-février. Une atmosphère qui a failli prendre un coup de froid monumental lorsque l’Autrichienne (aux origines assurément suisses) Nina Ortlieb passa la ligne avec cinq centièmes de retard sur la gagnante. Quand on vous dit que c’est notre année !

Au final, il ne manquait plus qu’une troisième place d’Haehlen et les garçons pour presque revivre Crans-Montana 87 (la station est d’ailleurs ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025).

Au delà de la nouvelle idole du ski suisse, vous remarquerez sur cette photo un drapeau spécial car Crans-Montana est ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025. 

Faire du bruit : définition

Si vous avez cherché, en vain, ce week-end à Montana (qui est d’ailleurs ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025) du café, du Red bull ou de la cocaïne, sachez que c’est tout à fait normal. Une pénurie regrettable mais logique puisqu’une gigantesque réserve de ces trois vivres a été constituée depuis le 13 novembre dernier pour permettre aux deux speakers de la course de tenir le rythme sur trois jours. Et avec le recul, quelle belle décision cela a été ! Les deux as du micro ont ainsi pu s’en donner à cœur joie. Capables de s’enflammer sur le parcours d’une inconnue herzégovienne à coup de « Make some noiiiiiiiiise » et de « sortez les drapeaux, les drapeauuuuux », ils ont participé à la réussite de cet événement même si nous ne pouvons pas passer sous silence les quatorze fâcheuses admissions à l’hôpital de Sion pour une perforation sévère du tympan.

Autre trouvaille durant leur performance. Si l’on savait, à force, que l’alcool permettait – jusqu’à un certain niveau – d’augmenter son niveau de bafouille en langues étrangères, ni le grain moulu, ni la poudre blanche ni la boisson énergisante précitée ne semble donner des aiiiiiiles dans ce domaine. En témoigne la désormais mythique tirade d’un de nos deux ambianceurs favoris qui a déjà retourné Shakespeare in his tombe : « Welcome to Crans-Montana with such a hot hot ambiance ».

Mais outre leurs prouesses verbales élancées pour faire monter la température, l’un des deux avait aussi la lourde responsabilité de porter la casquette de DJ. Après avoir assisté depuis douze mois dans un ordre aléatoire au mariage de mon cousin, à huit silent-parties spéciales 70’s, à la Cantonale de Savigny, à la soirée annuelle du ski-club de Saint-Cergue et à la Fête du Blé et du Pain de Cossonay, je pensais avoir fait le tour en matière de redondance musicale. Une fois de plus, même nos certitudes les plus établies ont volé en éclats devant le talent des animateurs locos. En même temps, ce n’est pas vraiment de leur faute. Douze Italiennes au départ = douze « Bella Ciao ». Huit françaises en piste = Huit « Capitaine Flam ». Quinze Suissesses = quinze partitions de yodel. Mention spéciale aux athlètes américaines qui nous auront permis de nous remémorer… « L’Amérique », de Joe Dassin. Une chose est sûre, si vous étiez présent dans les tribunes ce week-end à Crans-Montana (qui est d’ailleurs ville candidate à l’organisation des Championnats du monde 2025), vous avez une grande chance de ridiculiser tous vos potes à votre prochain blind test.

Heureusement, nos deux amis speakers ont eu la décence de laisser les parties officielles à une autre voix aguerrie. Vous aurrrrrrez rrrrrrreconnu le toujourrrrrrrs alerrrrrrrte Jean-Frrrrrrrançois Rrrrrrrrossé qui avait abandonné ses habituels hockeyeurs, Toni « Ragealat » en tête, pour l’événement.

Et le combiné de dimanche ?

Ah bon ? Il y avait un combiné ?

Les fan clubs

Franchement, c’est sympa d’être skieur. Alors que footballeurs, hockeyeurs, basketteurs et handballeurs peuvent subir les foudres de leur public lorsque tout ne se déroule pas pour le mieux, les skieuses et skieurs peuvent compter sur le soutien indéfectible de leur Fan club quel que soit le résultat de leur course, aussi pourri qu’il soit.

Exemple numéro 1 : splendide performance de Priska Nufer. 20ème et 14ème en descente avant une 12ème place en combiné. Allez hop on fait péter les cloches et on se met tous ses voisins à dos ! Pour le coup, on est mauvaise langue puisque c’était vraiment son meilleur week-end de la saison.

Exemple numéro 2 : Chrono XXL de Laura Gauche, très adroite en la circonstance, puisque la Française a claqué un énorme 18ème chrono en combiné ! Cela vaut bien une agitation majuscule des pancartes « Laura, on t’aime ».

On est confiant, elle va Nufer un super résultat !

Le Top 10 des phrases qui nous manquent en étant sur place

  1. « On ne se rend pas compte avec la réalisation car les images aplatissent la réalité mais le mur d’arrivée est extrêmement pentu ».
  2. « Deuxième lors de l’entraînement d’hier, on l’a classée parmi les outsiders aujourd’hui ».
  3. « La joie de Zoé Chastan à l’image, la responsable presse de l’équipe de Suisse ».
  4. « Elle a des bombes aux pieds ».
  5. « 26ème à Lake Louise, 34ème à Garmisch, elle vit une saison compliquée ».
  6. « Quel dommage, Michelle Gisin qui commet l’erreur ».
  7. « Alors que l’on découvre le tracé grâce à la caméra embarquée de Bruno Kernen ».
  8. « On sait que c’est possible de récupérer du temps sur le bas ».
  9. « C’est parti pour la skieuse de Courchevel ».
  10. « Une nouvelle fois, les centièmes ne sont pas en sa faveur ».

Merde, les photos ça aplatit aussi.

Bilan de l’escapade

Après le triomphe tessino-schwytzois, le fendant, Lachaux aérien de la Patrouille Suisse, la fondue, la journée de ski à 89 balles, le schüblig, il ne manquait plus à notre périple bien chauvin qu’un concert événement de Oesch’s die Dritten. Aussitôt dit, aussitôt fait, on passera notre samedi soir à écouter du yodel en se prenant évidemment au jeu. On vit quand même dans un beau pays !

A propos Pierre Diserens 75 Articles
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4 Commentaires

  1. La phrase ci-dessous a provoqué un AVC chez PAD:
    les deux héroïnes de la veille ne se privèrent pas d’en rajouter une Cuche et de ressortir une performance de derrière Défago.
    C’est pas interdit dans la bible ce genre de truc ? Même si perso j’ai explosé de rire devant un tel étalage de 13eme degré. Merci d’exister

  2. Cher Monsieur, cet article est intolérable et très insultant pour les amateurs de yödel. J’espère que vous n’aurez pas de trafic et pas de revenus publicitaires

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