Pigeon d’avril 2 : Justin Murisier

Un peu taquins, les Bagnards se laissent un peu aller lorsqu’ils rencontrent Justin Murisier, leur idole, pardon, leur momie, dans les Streets de Verbier :

– « Alors Justin, comment Suva aujourd’hui ? »

Car sans le vouloir, le valeureux et certainement talentueux skieur valaisan est devenu, un peu malgré lui, le Jérémy Gailland du ski Treize Etoiles. En effet, le claudiquant Murisier a collectionné pas moins de trois saisons blanches (sans jeu de mots) sur neuf à disposition, en raison de graves blessures subies en début de saison, ce qui lui a valu de se faire rafistoler son pauvre genou droit à quatre reprises. D’aucuns auraient en désespoir de cause jeté leurs skis en bas à la cave, mais le mental du Valaisan est fait de granit du Catogne, donc bien plus solide que celui de Benoît Paire, qui compte beaucoup de fractures psychiques à son actif. Avec une belle dose de volonté et des Tupperwares de sueur, Murisier est toujours parvenu à revenir godiller en Coupe du Monde de ski, mais hélas, avec les troisièmes couteaux du Cirque Blanc…

Et c’est donc sans véritable surprise que le couperet tomba mi-avril 2020 : à plus de 28 ans et après dix ans d’hospitalisation et de compétition à haut niveau, Justin Murisier subit l’infamie de se faire virer du cadre national suite à une décision prise sans âme et conscience par la très « compétente » Fédération Suisse de Ski. « Ma non-qualification pour le cadre national s’est jouée à peu de chose », affirma dans la foulée le Del Potro du ski helvétique. Mouais, permettez-nous d’en douter gentiment et si sanctionner Justin Murisier d’un pigeon pour une simple relégation hiérarchique peut vous sembler exagéré, penchons-nous de plus près, tant sur les résultats du skieur de l’Entremont que sur ses explications loufoques au niveau de ses contre-performances récentes.

Au niveau résultats et médailles, le skieur bagnard a un palmarès inversement proportionnel aux nombres de coups de bistouris reçus par son genou droit : aucun podium en Coupe du Monde depuis 2011 (!), une progression à la Yann Marti au classement général de la CM (de la 100ème place en 2014 à la 52ème en 2020), une lamentable double-disqualification aux JOs de Pyeongchang et finalement une très modeste 8ème place comme meilleur résultat la saison écoulée… Bref, à côté des locomotives que sont devenues Yule et Zenhäusern dans les disciplines techniques du ski suisse, le pauvre Murisier ressemble étrangement à un Pinzgauer en perdition dans la montée du Simplon.

Et comme d’habitude, quand les résultats ne suivent pas chez un sportif d’élite, le rayon des excuses devient tout de suite remarquablement fourni : « Les neiges molles et mortes du printemps ne m’ont jamais vraiment aidé à complètement m’exprimer. J’ai souvent bénéficié de meilleures conditions aux entraînements qu’en course. » On notera dans cette tirade le magnifique concept de neige « morte » évoqué par Murisier qui a, sans doute sans le vouloir, préparé de manière visionnaire son renvoi dans ce purgatoire qu’est le cadre A de l’équipe suisse de ski. Bien vu !

Malgré quatre places supplémentaires dans le futur cadre national créées grâce aux exceptionnels résultats obtenus par l’équipe suisse durant la saison hivernale 2019/2020, le Gourcuff du ski helvétique a été recalé… C’est dire si la marche était bien trop haute pour Murisier. Au final, s’il ne reste qu’une seule récompense pour requinquer le skieur valaisan sans palmarès, ne serait-ce pas bien évidemment un bon vieux Pigeon d’Or ? A vous de décider froidement !

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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2 Commentaires

  1. Bof..
    Il est vrai que les blessures a répétition ne l’ont pas avantagé dans sa progression.. il est également vrai que son mental lui a permis de continuer et de ne jamais baisser les bras et c’est surtout cela qu’il faut souligner. Une excuse qui semble anodine mais au contraire montre les réglages extrêmement fins dans le monde du ski.
    Je lui souhaite de vous donner tort !
    #gaaaazjustin

  2. Mouai, 2e skieur nominé cette année pour les pigeons d’or que je trouve discutable.

    Comme vous l’avez bien signalé, malgré ses gros pépins physiques il n’a jamais rien lâché…

    Mauvais choix de pigeon mais très bon texte.

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