Et si l’Euro avait eu lieu en 2020…

C’est le scoop de l’année ! Carton-Rouge.ch est parvenu à se procurer le scénario décidé par l’UEFA pour le déroulement de l’Euro 2020, puisque comme tout le monde le sait le foot est truqué et les instances décident des vainqueurs pour arranger les parieurs, les dirigeants politiques et les Illuminati (qui sont souvent les mêmes en plus) qui prônent la 5G et les chemtrails. Nous vous offrons donc ici le récit résumé – l’original faisait 122 pages – de l’événement tel qu’il aurait dû se dérouler, vous pourrez ainsi juger les modifications décidées par la pétaudière de Nyon entre 2020 et 2021 (évidemment qu’elle va changer quelques points, pour brouiller les pistes…)

Barrages

Bien sûr, l’Euro n’aurait pu avoir lieu sans les quatre équipes qui seraient sorties victorieuses des barrages. Dans la Voie D, la Macédoine du Nord élimine le Kosovo à l’issue de quelques décisions litigieuses, probablement provoquées par le fait que la Serbie écrase la voie C et que personne à Nyon ne souhaite risquer un match entre ces deux nations à l’Euro. Cela provoque un pétage de plomb en mondovision de Bernard Challandes qui traitera l’UEFA, je cite, de « sacrée bande de salopards » et les informe qu’il leur « pisse à la raie » (bien que l’on n’ait pas trouvé trace d’Odile dans l’entourage de Ceferin). La nation au drapeau ensoleillé se casse néanmoins les dents en finale face à la Géorgie, tombeuse de la Biélorussie qui n’aurait, si l’Euro avait eu lieu en 2020, pas eu le temps de tenter le coup de poker de laisser tourner son championnat pour que ses joueurs soient en jambes. La Géorgie est donc à l’Euro, permettant à de nombreux Suisses de dire que, quand même, la Nati n’était pas dans un groupe si nul en éliminatoires, hein dis !? (Et pourtant si, il était bien nul.) Comme mentionné plus haut, la Serbie ne fait qu’une bouchée de la Voie C. Il faut dire que l’Écosse et Israël sont particulièrement nazes depuis quelques années et que la Norvège n’a pas grand monde à part un certain cyborg nommé Haaland. Dans la Voie B, l’Irlande et l’Irlande du Nord renversent respectivement la Slovaquie et la Bosnie-Herzégovine en pratiquant un bon vieux kick-and-rush toujours aussi dégueulasse. Les voisins se rencontrent donc en finale, dans un climat tendu sur fond de Brexit incertain pour la région. Pour une fois, l’Eire gagne un barrage malgré un but de la main de Kyle Lafferty (oui, il joue encore), le tout sans que le moindre geste technique n’ait été ni réussi ni tenté dans la partie. La qualification de l’Irlande fait dire à de nombreux fans Suisses que, décidément, c’était quasiment le groupe de la mort qu’on avait ! (Non.) Enfin, dans la Voie A, la Roumanie vient de justesse à bout de la vieillissante Islande et retrouve la Hongrie en finale, tombeuse de la Bulgarie. Les Roumains se qualifient ensuite, permettant à la France de retrouver un peu de la fameuse chatte à Dédé, puisque par un micmac digne d’une règle d’un jeu de Perceval, c’est la Géorgie qui se retrouve dans le groupe des Bleus et non la Roumanie, qui elle va dans le C.

Phase de groupe

Groupe A : On commence fort avec le groupe de la Suisse ! La Petkoteam aurait débuté en fanfare avec un superbe match nul un partout face au FC Bale à Bakou. Seferovic ouvre la marque sur un cafouillage de la défense galloise et sa charnière centrale composée de joueurs remplaçants à Stoke City et au Cardiff FC. Mais l’inévitable Bale profite d’une bévue de Johan Djourou, qui a fait un retour en grâce au FC Sion en deuxième partie de saison, à la 88ème pour servir son avant-centre (remplaçant à Bristol City) qui trompe Sommer. Petkovic parle d’une performance encourageante. Dans le même temps, l’Italie se défait de la Turquie 2 à 0 à Rome. Pour le second match, Djourou est sur le banc, ce qui permet à unser Nati de tenir un exceptionnel 0-0 à Rome face à une jeune Squadra Azzurra. Petko parle de performance exceptionnelle malgré l’absence de tir côté helvétique. À Bakou, les Turcs n’ont besoin que d’une semelle pour blesser gravement Bale après 41 secondes de jeu. Sans son maître à jouer, le Pays de Galles déjoue et, malgré le but d’un titulaire occasionnel à Bournemouth, perd 2-1. La Suisse joue donc son avenir à Bakou, face à la Turquie, dans un match qui rappelle un peu un certain soir de novembre 2005. Shaqiri se blesse à la simple vue des crampons turcs lors de l’échauffement. Néanmoins, la Nati semble déchaînée. Seferovic et Xhaka marquent rapidement, avant qu’Embolo ne signe le 3-0 en s’encoublant sur le ballon. Mais, voyant Fatih Terim débouler de nulle part et rassembler ses troupes dans le couloir, la défense suisse devient encore plus fébrile que d’habitude en fin de match et se prend trois buts en quatre minutes. 3-3, score final. Petkovic est extatique devant un match nul si encourageant. La Suisse tremble en attendant de savoir si elle fera partie des meilleurs troisièmes, avec ses trois petits points. Elle le sera finalement, de justesse. L’Italie se débarrasse quant à elle des Gallois, 3-1.

Classement groupe A :

  • Italie, 7 pts, goal-average +4
  • Turquie, 4 pts, goal-average -1
  • Suisse, 3 pts, goal-average 0
  • Pays de Galles, 1 pt, goal-average -3

Groupe B : Dans ce groupe résolument nordique, on débute avec un duel 100% scandinave entre le Danemark et la Finlande, néophyte de l’Euro. À l’expérience, le Danemark s’impose 1-0 à domicile, grâce à un maître coup-franc d’Eriksen. Le même jour, les Russes accrochent la Belgique à St-Petersbourg, montrant leur faculté à hausser leur niveau de jeu quand ils jouent à domicile et qu’ainsi les familles de leurs adversaires sont menacées par le KGB. Le match est spectaculaire et se solde par un 2-2 qui contente tout le monde sauf Thomas Meunier et Thibaut Courtois. Lors de la deuxième journée, les Belges se vengent contre les Danois, leur infligeant un sévère 3-1 grâce à un sacré Hazard. Les Russes se font piéger par la Finlande, un partout, comme un clin d’œil à la Guerre d’Hiver, tant par les forces en présence que par le résultat. Enfin, le Plat Pays scelle sa première place en disposant 2-0 des valeureux Finlandais, qui n’ont Pukki les yeux pour pleurer. Dans le même temps, les ex-Soviétiques éteignent Copenhague en s’imposant 2-1 face aux locaux. Les Danois, à cause de leur mauvaise différence de but, sont éliminés.

Classement groupe B :

  • Belgique, 7 pts, goal-average +4
  • Russie, 5 pts, goal-average +1
  • Danemark, 3 pts, goal-average -2
  • Finlande, 1 pt, goal-average -3

Groupe C : Dans ce groupe aux abords assez pourri et plutôt facile pour les Pays-Bas, les bataves commencent bien en battant l’Ukraine 2-0, pourtant à priori leur plus solide adversaire. Les buteurs sont Depay, miraculeusement remis à temps de sa grave blessure au genou, et Wijnaldum, qui soigne par là même son coefficient (de Gini, donc) en sélection. Dans l’autre match, la Roumanie vient à bout de la toujours très nulle Autriche un à zéro, sur un penalty litigieux. Il faut dire que les descendants de Dracula jouent à domicile, ce qui est toujours un plus pour l’arbitrage. Dans leur match suivant, les Roumains accrochent le 0-0 face à l’Ukraine dans ce qui est déjà appelé le match de l’ennui, digne d’un Suisse-Honduras en 2010. Dans le même temps, les Bataves renvoient quasiment la nulle Autriche à la maison, en gagnant 3-0 à Amsterdam. Lors de la dernière journée, les coiffeurs Oranje battent péniblement la Roumanie 2-1, qui passe deuxième grâce à la fameuse règle dite du fair-play, chère aux Japonais et aux amateurs de passe à dix, puisque l’Ukraine bat l’Autriche 2-0 et se retrouve donc à égalité parfaite avec la Tricolorii. Mais les ex-Soviétiques, avec quatre points, restent cependant confortablement le meilleur troisième.

Classement groupe C :

  • Pays-Bas, 9 pts, goal-average +6
  • Roumanie, 4 pts, goal-average 0
  • Ukraine, 4 pts, goal-average 0
  • Autriche, 0 pt, goal-average -6

Groupe D : Dans ce groupe composé de slaves et de sujets de la Reine, ceux-ci commencent par affronter pour la troisième fois en trois tournois internationaux les vice-champions du monde croates. Mais la vieillissante équipe au damier se fait croquer 3-1 par les lions de Southgate qui font presque tout juste, malgré une boulette de Pickford sur une passe en retrait sous la pression des attaquants qui a permis aux coéquipiers de Modric d’ouvrir la marque. Simultanément, la Serbie et la République Tchèque se quittent bons amis, sur un nul un partout et malgré deux jambes cassées du côté des Bohèmes. Ceux-ci sont décidément bien loin de leur niveau du début des années 2000 et leur football rhapsodique se paye cash face aux Three Lions qui leur font mordre la poussière, 2-0. Dans le même temps, les Croates se doivent de gagner face aux Serbes pour rester en vie. Dans un match qui a de quoi rendre gaga, les Vatreni provoquent des crises cardiaques à leurs supporters en encaissant rapidement deux buts. Mais c’est sans compter leur volonté de ne pas se faire stopper maintenant, dès le premier tour. Pasalic passe par là et inscrit un doublé en seconde période, avant que Vida ne déploie ses ailes et s’envole à la dernière minute sur corner pour marquer du mulet. Tout reste donc à faire durant la dernière journée, lors de laquelle la Croatie joue la Tchéquie à Wembley et les coiffeurs de Southgate rencontrent la Serbie. L’équipe au damier a toutes les peines du monde à concrétiser mais Modric veut libérer les siens et le fait sur penalty, 1-0 score final. Dans l’autre match, les balkaniques pensent tenir le match en marquant rapidement mais le Hammer Declan Rice leur tombe dessus en fin de match pour égaliser. La Serbie, 3ème mais avec seulement deux points, est éliminée. Les Anglais commencent à chanter « We are the Champions » dans tous les pubs. Possible qu’ils se fassent secouer au tour suivant, mais le spectacle continue pour eux.

Classement groupe D :

  • Angleterre, 7 pts, goal-average +4
  • Croatie, 6 pts, goal-average 0
  • Serbie, 2 pts, goal-average -1
  • Rép. Tchèque, 1 pt, goal-average -3

Groupe E : Dans ce groupe empli de bons souvenirs pour tout supporter helvétique, l’Irlande commence par concéder le nul à domicile face à une Pologne loin d’être transcendante (comme d’habitude), un partout. Le même jour à Bilbao, l’Espagne se venge du piteux match nul concédé en Suède en éliminatoires en gagnant 3-1 pour son entrée en lice, malgré le carton rouge de Sergio Ramos après quatre minutes de jeu. Les Ibères concèdent cependant un nul 2-2 frustrant face au FC Lewandowski, qui marque un doublé sur deux approximations de de Gea et compte déjà trois buts dans le tournoi. À Bilbao (oui, l’Espagne joue son match à Dublin pendant que l’Eire est délocalisée dans le Pays Basque, c’est la magie de cet Euro 2020), les Boys in Green déjouent, si tant est que cela soit possible, et perdent 2-0 contre les insupportables Suédois dans une partie ayant un niveau de jeu aussi élevé que le QI de Franck Ribéry (#Le Marchand). Lors de la dernière journée, l’Espagne gagne 3-1 face aux Celtes, qui marquent sur une grossière erreur de Kepa, lequel remplaçait de Gea à cause de la mauvaise performance de ce dernier. Pas de doute, les cerbères ibères évoluent bien en Angleterre. On rappelle à tout hasard qu’Adrian, le 3ème gardien, joue à Liverpool… Dans le même temps, Lewandowski marque le seul but d’un match aussi pauvre qu’un Lausannois à la fermeture d’une boîte. Ce résultat arrange tout le monde puisque la Pologne prend ainsi la deuxième place et que la Suède passe comme meilleur troisième par les poils du nez de Zlatan, au goal-average.

Classement groupe E :

  • Espagne, 7 pts, goal-average +4
  • Pologne, 5 pts, goal-average +1
  • Suède, 3 pts, goal-average -1
  • Irlande, 1 pt, goal-average -4

Groupe F : Dans ce groupe de la mort, tout le monde sait que les trois points mais également le goal-average largement positif sera très important face à la petite Géorgie, même si votre pote expert en foot, principalement en championnat ouzbek et arménien, vous dit de tout miser sur elle, grâce à son arme secrète, l’attaquant Luka Zarandia du Tobol Kostanay au Kazakhstan. Mais trêve de plaisanterie, tout le monde sait que les trois gros de ce groupe lorgnent sur l’équipe du Caucase, qui a le rôle de l’écolière très peu vêtue qui se rend seule à son bal de promo dans un mauvais porno. Puisque le parallèle est tout trouvé, elle se frotte d’abord au gros moustachu (le Portugal, si l’image était trop subtile pour vous) et prend un sec 3-0. Dans le match au sommet, l’Allemagne reçoit la France à Munich mais concède un nul évitable, un partout. C’est ensuite au tour des Bleus d’affronter le Géorgie. On évitera ici d’utiliser la métaphore du Noir pour l’équipe de France dans notre analogie pornographique, ce parallèle étant apparemment de mauvais goût. Néanmoins, la chatte à Dédé frappe encore car son équipe, malgré une performance navrante, gagne chichement 2-1 grâce à un but sur corner et un penalty discutable. Le même jour, la Mannschaft se défait du Portugal 3-2 au prix d’un match de folie. Pour les dernières parties de cette phase de poule, la Seleção s’incline 1-0 face à la France, peu spectaculaire mais efficace. Les Allemands (rien que le gentilé me suffit pour mon analogie ici) se font plaisir comme toujours face aux petites équipes avec un violent 7-1 qui provoque une vague de dépressions inexpliquées au Brésil. Miroslav Klose regrette d’avoir pris sa retraite pour ne pas avoir pu aligner quatre buts moches dans ce match. Grâce à ce goal-average, la meute de Löw prend la tête du groupe, devant les Shadocks et le Portugal, qualifié parmi les meilleurs troisièmes. La Géorgie se souviendra de sa première fois…

Classement groupe F :

  • Allemagne, 7 pts, goal-average +7
  • France, 7 pts, goal-average +2
  • Portugal, 3 pts, goal-average +1
  • Géorgie, 0 pt, goal-average -10

Huitièmes de finales

Turquie – Russie : Ce premier huitième d’apparence assez ouvert se dispute sur fond de crise diplomatique causée par un différend entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ayant pour origine la question de savoir lequel des deux possède les plus jolis missiles, le président Turc étant très fier de la pointe blanche quand son homologue russe, tradition oblige, préfère le rouge. A l’instar du climat autour de la rencontre, le match est très tendu. Après une expulsion de part et d’autre et un début de bagarre générale qui vit Fatih Terim escalader les grilles de la Johan Cruyff Arena et débouler sur le terrain armé d’une chaîne de vélo, la Sbornaja, quand même au-dessus techniquement, trouve la faille via son canonnier Artem Dzyuba. Les Turcs ont bien tenté de se venger à la sortie du terrain, mais Poutine surgit sur le dos d’un ours-cyborg pour les en dissuader. Ses protégés sont donc à nouveau en quarts d’un grand tournoi international.

Vlad likes this.

Pays-Bas – Suède : Dans ce duel entre deux monarchies férues d’énergies vertes et peuplées d’étranges grands blonds, la jeune équipe batave apparaît comme largement supérieure à son adversaire du nord. En tribune, si l’on n’assiste malheureusement pas à un combat de reines, la vague oranje déferle, comme souvent, sur le stade. À Budapest, où se déroule cette partie, on n’avait plus vu un tel déploiement de caravanes depuis la migration annuelle des Roms. Dans le même temps, les fans scandinaves ne sont, eux, pas présents. Moins de quatre jours pour rallier la capitale hongroise depuis Dublin en train, ça fait short, surtout en passant par la France et sa SNCF. Et le match dans tout ça ? Victoire facile des protégés de Koeman 2-0 sur des buts de Bergwijn et Promes. Mais c’est surtout la charnière Van Dijk – de Ligt qui impressionne et place vraiment cette équipe parmi les candidats au titre. On parle quand même d’une sélection qui avait atteint la finale du Mondial 2010 avec une défense composée de Van der Wiel, Mathijsen, Heitinga, Boulahrouz et avec Stekelenburg au goal. Vous constatez l’évolution ?

La colline du Château à Budapest est méconnaissable.

Espagne – Suisse : Le grand moment pour la Nati ! Va-t-elle enfin passer les huitièmes de finales d’un grand tournoi pour la première fois depuis 1954 ? La tâche semble ardue face à la Roja, mais cette équipe rappelle des bons souvenirs, d’autant qu’elle aligne Raul Albiol au goal vu la performance de ses gardiens jusque-là. Las, dès la 6ème minute de jeu, Ramos, tout juste revenu de suspension, brise la jambe de notre Haris national, qui doit laisser sa place à cette brêle de Gavranovic. En parlant de Breel, Embolo marque contre le cours du jeu, involontairement, de la clavicule. Toute la Suisse croit à l’exploit, d’autant que la Nati joue son meilleur football depuis un certain match contre la Belgique. Mais Ramos, qui avait seulement eu le jaune lors de son tacle sur Sefe, casse la pommette d’Akanji d’un coup de coude savamment ajusté sur corner. La Suisse tremble et, comme souvent, s’écroule en fin de match. Timm Klose, qui a remplacé le joueur de Dortmund, prouve à cette occasion sa nullité et se fait amuser par Oyarzabal, la nouvelle pépite ibérique, avant de se faire tourner autour par Olmo, l’autre nouvelle pépite ibérique, dans les arrêts de jeu. La Suisse s’incline donc 2-1 contre l’Espagne, malgré une résistance héroïque durant la majeure partie du match. Petkovic est très satisfait de cette défaite honorable.

Angleterre – France : Dans cette confrontation entre deux ennemis intimes, toujours sûrs de leur force – les Anglais chantent « It’s Coming Home » dans les tribunes pendant que les Français se demandent qui ils vont affronter en finale -, difficile de sortir vraiment un favori. Les duels sont à couteaux tirés mais aucune équipe ne trouve la faille. Score nul et vierge à la fin des 90 minutes, prolongations. Mais les équipes ne se départagent pas malgré des prestations homériques, qui vaudront à ce match l’appellation de « Guerre de 120 minutes ». Ce sera donc la séance de tirs aux buts qui décidera du vainqueur. En bon capitaine de l’Albion, Kane, le survivant, foire le sien alors que tous les autres joueurs réussissent à marquer. Dernier tireur français, Florian Thauvin (présent à cause de la 32ème blessure de Dembélé en une année) avouera dans l’interview d’après match qu’il a été guidé par une voix lui indiquant où tirer son penalty. Le titre de L’Équipe est tout trouvé, le journal remerciant le « Puceau d’Orléans » qui a terrassé les Anglais.

Allemagne – Ukraine : Pas grand-chose à dire sur cette partie. Les Allemands déroulent comme toujours face aux petites équipes et infligent un sec 3-0 aux héritiers de Tchernobyl. Je vous parlerais bien des exploits individuels de Viktor Tsygankov, mais vous ne le connaissez probablement pas alors que c’est le joueur offensif le plus coté de l’équipe, ce qui veut tout dire. Ah au fait, Neuer est parti de la Mannschaft en boudant parce que Löw a enfin décidé de faire confiance à Ter Stegen. Cela a provoqué des hurlements si stridents du côté du directoire du Bayern que le genou en cristal de Kingsley Coman a éclaté en morceaux.

Croatie – Pologne : Le match qui n’intéresse personne dans ces huitièmes de finales a lieu, hasard du calendrier, dans le plus petit stade du tournoi, à Copenhague. Mais, surprise, Lewandowski ouvre la marque face aux vice-champions du monde ! La Croatie tente le tout pour le tout mais tombe sur le seul autre bon joueur de leurs adversaires, le portier Szczesny (dans le coude, on vous a dit !), en grande forme. La Pologne passe donc par la plus petite des marges et cette défaite marque définitivement la fin d’une ère pour les Vatreni et leurs cadres Modric, Rakitic, Perisic et Lovren, âgés respectivement de 34, 32, 31 et 31 ans.

Belgique – Portugal : Probablement l’un des matchs les plus attendus de ces huitièmes, le prometteur duel entre Diables Rouges et Seleção promet. Et les spectateurs de Bilbao ne seront pas déçus. 1-0 pour la troupe de Hazard grâce à celui-ci, qui prend la défense adverse à rebrousse-poil, un partout puis 2-1 pour les Lusitaniens via l’inévitable CR7, qui permet aux siens de reprendre du poil de la bête. Mais alors que les coéquipiers de Bernardo Silva se frisent les moustaches, la Belgique égalise à dix minutes de la fin par l’increvable Mertens, qui pour une fois n’a pas de poil dans la main, et arrache les prolongations sur un tir qui bat le mur Rui Patricio et fait se dresser les poils de tout le stade. Les Portugais, qui ont un banc moins étoffé, paient cher leurs efforts du premier tour et se font punir par Witsel sur une action digne d’une mauvaise blague (belge). 3-2 score final, le plat pays se qualifie par les poils face à une Seleção qui n’a plus la frite.

Italie – Roumanie : Petit test pour la Squadra Azzura qui joue une équipe des Carpates décomplexée et qui n’a rien à perdre. Ce sont d’ailleurs les hommes de l’est qui ouvrent le score par le junior galopant Puscas (je vous jure qu’ils ont un attaquant qui s’appelle comme ça. Bon, il a pas vraiment ce surnom). De quoi faire douter les transalpins. Mais cette Italie-là est revancharde et trouve la faille en seconde période, par Immobile et Zaniolo. On peut donc dire que les Romains auront eu raison des Roumains (bon, vu la longueur de cet article je peux pas faire des blagues drôles à chaque fois hein… D’autant qu’Italie – Roumanie c’est pas forcément le match le plus inspirant, vous m’en voyez navré).

Quarts de finales

Russie – Pays-Bas : D’apparence ordinaire, ce match va devenir un must du football moderne. Non pas par son football, mais parce que la majeure partie de l’équipe néerlandaise tombe malade à la suite du repas pris à son hôtel de Bakou. On rappellera à tout hasard que l’Azerbaïdjan était un état de l’URSS… En bricolant un onze comme il le peut, Koeman fait contre mauvaise fortune bon cœur mais son équipe ne part pas gagnante. D’autant que Depay, l’un des rares rescapés, se refait les croisés en début de partie. Mais alors que le score est vierge à une dizaine de minutes de la fin du match et que les Oranje jouent à huit, le reste de l’équipe ayant couru aux WC, une nouvelle tombe et abasourdit toute l’Europe du foot : l’effectif complet de la Sbornaja a été contrôlé positif lors de l’un des rares tests antidopage de cet Euro. Le match est arrêté, la victoire est donnée par 3-0 aux Bataves, qui se ruent au vestiaire changer de short. Poutine est fou de rage et descend des tribunes sur son ours-cyborg pour en découdre. Mais Koeman, fidèle à sa réputation, se jette sur la créature (l’ours, pas Poutine) et le maîtrise à mains nues. Le monstre (Poutine, pas l’ours) rentre donc à Moscou la queue entre les jambes (la sienne, pas celle de… Bon on a compris).

Espagne – France : L’un des grands classiques du foot moderne qui promet une belle opposition de style a donc lieu dans ces quarts de finales, dans le cadre somptueux de la ville éternelle et de son immense quoique vieillissant Stadio Olimpico. Tout est donc réuni pour nous faire vivre un grand moment de sport. Sauf que non. Les Bleus cadenassent le match comme ils l’ont si bien fait durant le Mondial 2018 et l’Espagne, très jeune, se casse les dents et se frustre devant la résistance de la bande à Dédé. Et comme depuis le début du tournoi, la Roja est lâchée par ses gardiens, en l’occurrence de Gea qui faisait son retour au jeu. En effet, à la 57ème minute, un coup franc à priori anodin de Griezmann contourne le mur et, alors que le portier de Manchester se couche sur le ballon, celui-ci lui roule sous le ventre et entre dans la cage. Le score en restera là malgré les tentatives ibériques et la France continue donc sa route, au plus grand désarroi de la Romandie toute entière.

La misma vieja historia.

Allemagne – Pologne : Saint-Pétersbourg accueille une véritable guerre entre deux rivaux historiques. Mais la force de frappe germanique semble bien au-dessus de ses frêles voisins de l’est, emmenés par ses deux seuls généraux. Comme attendu, dès le coup d’envoi, l’Allemagne envahit la défense polonaise et annihile les rares incursions venant d’outre-Oder tel des panzers réduisant à néant une poignée de cavaliers. Les espoirs de la Pologne font donc long feu et la troupe de Löw, qui fait flèche de tout bois, ne tarde pas à porter l’estocade en profitant d’une faille dans la stratégie adverse. 1-0, par Werner. Mais la sélection blanche et rouge veut éviter la bérézina et, sur une rare escarmouche dans la surface teutonne, Lewandowski s’écroule. Le penalty est imaginaire mais le capitaine profite de l’aubaine, un partout. La Mannschaft est furieuse de cet incident qui a mis le feu aux poudres, ce qui présage de la suite à venir. Les joueurs bombardent donc le but de Szczesny et ce qui devait arriver arriva avec trois buts marqués coup sur coup par Goretzka, Werner et Gnabry. La Pologne a la corde au cou et, de guerre lasse, ne cherche même plus à attaquer. 4-1, score final. Les hommes de Brzęczek prennent la poudre d’escampette et l’Allemagne continue la compétition, dans l’espoir de recevoir son bâton de maréchal deux tours plus tard.

Belgique – Italie : Un match plus que prometteur entre deux équipes très talentueuses, l’une qui veut absolument couronner sa génération dorée par un titre, l’autre, plus inexpérimentée, qui veut prouver son retour sur le devant de la scène. Mertens ouvre le score pour les Diables Rouges en première période, avant qu’Immobile n’égalise en seconde. Le match, très plaisant, se poursuivra donc en prolongations. A nouveau, les hommes de Martinez sont les plus prompts et mettent le 2-1 par Alderweireld, sur corner mais l’histoire se répète et, d’un superbe but, Chiesa ramène la Squadra Azzurra à hauteur. Tirs aux buts, donc. Et à ce petit jeu, ce sont les Transalpins, débarrassés de Zaza, qui se montrent les plus précis. En même temps, ils n’ont qu’à tirer entre les jambes de Courtois (qui doit de plus avoir les chevilles fragiles). Eden Hazard, si souvent le héros de sa sélection, manque le cadre et Lukaku fait un péno-Streller, alors que seul Jorginho manque le sien pour la troupe de Mancini. L’Italie retrouve donc les demi-finales d’un grand tournoi alors que l’âge d’or du foot belge ne débouchera vraisemblablement sur aucun grand trophée, la plupart des cadres arrivant gentiment en bout de course. Courtois et Meunier feront quant à eux encore parler d’eux, arguant que selon le classement FIFA ils auraient mérité de gagner ce match ainsi que l’Euro.

« Sur le papier on est plus forts, sur le terrain on est plus forts, si on regarde les rencontres précédentes on est plus forts… Même au classement FIFA qui est une vérité absolue on est plus fort… C’est une grosse faute professionnelle » (à lire avec l’accent belge).

Demi-Finales

Pays-Bas – France : Dans une affiche qui ferait cauchemarder une bonne moitié de la Rédac’, la France fait office de favorite. En effet, les Oranje ne sont pour la plupart pas totalement remis de leur intoxication et Memphis Depay, qui s’est rétabli en trois jours de sa rupture des croisés, débute sur le banc. Sauf que les Bleus ne déjouent jamais autant que lorsqu’ils sont favoris. Alors que leur plan de match semble être le même que les précédents, tout s’écroule à la demi-heure de jeu. Sur une rare incursion batave, Babel tente un centre fuyant que Varane tacle dans son propre but, alors que pourtant aucun attaquant ne traînait à cet endroit-là. Nos voisins sont donc en mauvaise posture pour la première fois depuis bien longtemps et bégayent par conséquent leur football, étant forcés de faire le jeu. La frustration s’empare de la troupe de Deschamps et, malgré les difficultés des joueurs néerlandais, elle n’arrive pas à se montrer précise dans la surface adverse. A la suite d’une grossière faute de Hernandez, Depay, tout juste entré, dépose la balle sur le casque de Van Dijk, 2-0. Les Pays-Bas sont en finale d’un Euro pour la première fois depuis leur titre de 1988. La France est dépitée et s’est faite prendre à son propre jeu, devenu trop prévisible à force.

Allemagne – Italie : Nouveau grand classique du football auquel assiste le public de Wembley en ce 7 juillet 2020 d’une réalité parallèle. L’opposition de style est également assez frappante, entre des Transalpins décomplexés et débridés et des Allemands toujours aussi solides et efficaces. Ce sont d’ailleurs les Azzurri qui scorent en premier, sur une rapide contre-attaque conclue par le vif Insigne. Mais les Germains ne se démobilisent pas et égalisent sur un coup franc de Kroos, en fin de match. Ce but est un vrai coup de massue sur la tête des hommes de Mancini, qui voient les prolongations arriver tel un pont s’écroulant sur leurs espoirs de finale, eux qui ont déjà dû batailler 120 minutes quelques jours plus tôt. Ils tentent donc de jouer le catenaccio dans l’espoir de tenir jusqu’aux tirs aux buts mais les Teutons, plus frais, s’emparent de l’axe du terrain et font craquer le verrou transalpin d’une superbe frappe de Gnabry. L’Allemagne retourne en finale d’un Euro mais l’Italie prend date pour les prochains grands événements. Pour l’instant, la mythique phrase du non moins mythique Lineker concernant les résultats du football tient, une fois de plus, bon.

C’était quand même plus marrant avec lui.

Finale

Pays-Bas – Allemagne : Nous y sommes enfin, la grande finale de cet Euro 2020. Wembley est plein malgré le tarif des billets, qui est presque équivalent au prix d’un masque à usage unique à la Migros au moment où ces lignes sont rédigées. Le match est un remake géopolitiquement modernisé de la finale du Mondial 1974 et accessoirement l’une des plus grandes rivalités du football international. Plus pragmatiquement, cette affiche met le feu à tous les campings du sud de l’Europe, lesquels doivent choisir un camp entre Heineken ou Paulaner, coupe au bol ou mulet, caravane ou tente, chaussettes à carreaux jusqu’aux genoux ou birkenstocks-chaussettes, mais qui auront en tous les cas droit à des boêlées inintelligibles pour le commun des mortels et à des scènes que l’ivresse ne suffit pas à excuser. Concernant le match, bien que les derniers affrontements entre ces deux nations aient fait pleuvoir les buts, il est plus fermé qu’un cadre des CFF à qui l’on proposerait de baisser le prix des billets. Et comme souvent dans ce genre de situations, la providence envoie un héros improbable, rôle tenu en cet hypothétique 12 juillet 2020 par le brave Denzel Dumfries, latéral droit hollandais de son état, qui profite d’un mauvais dégagement sur corner pour envoyer une mine sous la latte du pourtant toujours impeccable Ter Stegen. Le score ne bougera plus, pour le plus grand bonheur des fans oranje, qui cueillent une deuxième couronne continentale un peu à la surprise générale, 32 ans après la première et en terrassant l’ennemi intime. Cette victoire permettra à Virgil van Dijk de soulever le trophée (son deuxième de l’année après la Premier League) en tant que capitaine de sa sélection et de terminer derrière Ronaldo au Ballon d’Or, qui n’aura rien gagné mais qui devait absolument revenir à hauteur de Messi. Elle permettra également à votre serviteur de chambrer tous ses collègues de la rédaction, puisqu’il avait misé dessus lors de ce podcast. Et c’est sur cette note résolument égotiste et satisfaisante que je vais conclure car cet article est déjà presque aussi long que l’attente qui s’annonce en vue de l’Euro 2021…

 

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Vlad likes this : Барвенковский$/CCO/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:%D0%91%D0%B0%D1%80%D0%B2%D0%B5%D0%BD%D0%BA%D0%BE%D0%B2%D1%81%D0%BA%D0%B8%D0%B9$

La misma vieja historia : Jesùs Ma Arzuaga/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Luis_Arconada.jpg

La colline du Château à Budapest est méconnaissable : Apringstone/CCO/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Arpingstone?uselang=fr

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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4 Commentaires

  1. Excellente épopée science-fiction. Même si, j’eusse aimé voir la Nationalmannschaft l’emporter en finale grâce à un triplé de Kai Havertz.

    Une petite précision géographique : au sens strict, il est incorrect de considérer la Finlande comme scandinave même si l’une de ses langues officielles est le suédois. En effet, le finnois est une langue finno-ougrienne qui n’a rien à voir avec les langues scandinaves (suédois, danois, norvégien). Les Finlandais, par ailleurs, ne sont pas scandinaves, ethniquement et culturellement.

    Merci,

    • Merci beaucoup pour le compliment ainsi que pour le complément d’information. C’est tout à fait exact, j’avais simplement utilisé abusivement le surnom de pays scandinave pour la Finlande car ce rapprochement est fréquemment utilisé dans les médias et par le grand public, même s’il est inexact. Mais j’ai compris que nos lecteurs sont spécialement calés sur le sujet alors la prochaine fois j’utiliserai plutôt l’appellation Fennoscandie 😉

  2. Il faut vite que j’enregistre cet article pour m’en servir pour les pronos l’année prochaine ;).
    Sympathique article (et plus intéressant que les futurs matchs à huis clos de l’ Axpo Zouper Teleclub League).

    • Merci beaucoup. Par contre on décline toute responsabilité en cas de branlée au concours de pronostics l’été prochain !

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