Clubbing : Le guide du championnat du Portugal

Dites-moi, ça fait un sacré bout de temps que l’on a plus fait de clubbing… Il faut dire que la pandémie et son lot de restrictions n’aident pas favorablement à faire le tour des clubs en ce moment. Qu’importe ! Soyons positifs et munis de notre pass sanitaire, partons à l’aventure pour un clubbing dans la patrie des noms de famille trop longs.

Après presque une année d’absence et d’excuses plus ou moins bidons, la rubrique clubbing revient. Enfin, il faut dire qu’écrire ce genre de papier est vite chronophage, c’est certain. Nous avons décidé de nous attaquer au championnat qui fournit un grand nombre de talents à travers toute l’Europe en ce moment : le Portugal. Oui, car il y a actuellement dans les cinq grands championnats européens douze machins truc Fernandes et quinze machins trucs Silva et que tous sont passé par la Liga Portugal. Rien que cela prouve que c’est un championnat qui mérite que l’on s’y attarde le temps d’un article.

Le format

Championnat à trois équipes, ce qui signifie qu’il n’y a que six rencontres par saison et que mon article sera vite torché. Le reste de l’année, Porto, Benfica et le Sporting disputent des matches amicaux contre des amateurs afin de se préparer pour les grands rendez-vous. Vous rigolez mais hormis Braga qui se trouve un peu entre deux, les quatorze autres équipes ont comme objectif de début de saison d’éviter la relégation et de ne pas prendre une fessée monumentale contre les trois grands.

La compétition

Comme déjà dit, le championnat portugais se résume à un affrontement entre les trois grands (Os Tres Grandes). C’est bien simple, il faut remonter à 2001 pour trouver un champion qui ne soit pas issu de ce triumvirat. C’était Boavista qui avait réussi un des plus grands exploits du sport cette année-là, puisqu’en fait c’était la deuxième fois de l’histoire qu’un autre club a remporté le sacre depuis la mise en place du championnat dans les années 30. On ne fait clairement pas pire en Europe et sans doute dans le monde entier. À ce rythme, le prochain vainqueur qui ne soit pas issu du trio infernal est prévu aux alentours de 2060, soit lors du prochain passage de la comète de Halley.

La prochaine fois que Braga peut espérer le titre.

Pour ce qui est du terrain, évidemment seuls les matches entre les trois mastodontes retiennent généralement l’attention. Il faut dire que déjà petit j’étais fasciné par le derby de Lisbonne ou le Clasico Porto-Benfica. Non, pas parce que ça jouait trop bien, mais surtout parce que c’était la garantie d’un match électrique avec Fernando Couto et João Pinto et qu’il y allait avoir des cartons rouges. Il est vrai que la Primeira Liga compte parmi championnats avec le plus grand nombre de cartons. C’est sérieux, on a même été consulter des statistiques. Si tu veux voir du jeu dur, des scandales et des simulations, rien de tel que le championnat portugais.

Un championnat plutôt chaud c’est vrai, pourtant lorsque tu regardes les joueurs sur le terrain tu ne peux t’empêcher de croire que c’est destiné à un public d’enfants de 8 ans. Jojo qui a pris de vitesse Néné et qui file seul au but mais il est fauché par… Pepe bien évidemment. L’influence du Brésil est très marquée, il faut dire que près d’un joueur sur deux de est originaire de l’ancienne colonie. C’est vraiment beaucoup.

Hommage à un vrai monument du football portugais.

L’ambiance

Ne pas se méprendre, au Portugal tout le monde soutient un des trois gros clubs. Un Famalicão-Arouca attire à peine 2’000 pelés qui de toute façon supportent Benfica ou Porto. Schématiquement, si tu es du nord, tu es pour Porto, et si tu es du sud, tu es du Benfica. Les types bizarres tiennent eux pour le Sporting. Pour les grosses affiches, les stades sont combles et l’ambiance est très chaude. Lorsque les petits clubs accueillent un gros, leur enceinte affiche souvent guichets fermés. Le championnat portugais peut ainsi te faire passer de l’ambiance survoltée du Estadio de la Luz à celle bucolique du Stade Municipal de Tondela. Il est toujours assez marrant de voir des clubs à la réputation mondiale évoluer dans des stades de village de 5’000 places.

Arouca : Un des futurs candidats au prix Nobel de la Paix. Le petit club néopromu compte un Palestinien et un Israélien dans son effectif. Et vous savez quoi? Ils acceptent même de jouer ensemble. Un club de haut rang, puisque le latéral droit n’est autre que Thales, un grand spécialiste du jeu en triangle.

Belenenses : Club historique du quartier de Belém à Lisbonne. Un des deux clubs qui est parvenu à remporter le titre sans être un des trois gros… bon c’était en 1946. Eh bien en fait non. Sache que suite à une affaire de faillite de 2018, le club actuellement en première division n’est théoriquement pas le VRAI Belenenses mais B-SAD, une contrefaçon supportée par absolument personne. Un conflit juridique oppose d’ailleurs le vrai Belenenses qui évolue en 4e division au faux actuellement dans l’élite. Bref une sacrée entourloupe qui n’est pas sans rappeler ce qui est arrivé au Steaua Bucarest ou au Bohemians Prague.

Benfica : Beuinfikch pour les intimes. Le géant du foot portugais. Club de tous les superlatifs au Portugal, puisque presque la moitié du pays supporterait ce club (4,8 millions sur les 10,3 du pays). Non mais quelle bande de moutons ! Les Aigles compteraient d’ailleurs également le plus grand nombre de fans inscrits (payants) à travers le monde. On retrouve tout de même un Benfica à Genève et à Lausanne et sans parler du fait que des casa do Benfica se comptent en grand nombre dans notre contrée. C’est dire l’immensité de ce club, le plus titré du pays, une sorte de dictature du football portugais.

Boavista : Deuxième club de Porto qui force le respect. Avoir mis fin à plus d’un demi-siècle de domination des trois mastodontes du foot portugais est tout simplement le plus grand exploit du foot mondial. Peu importe si depuis le club a connu une faillite et a perdu de sa superbe. En plus ils ont un nom classe qui est un titre de BD du Marsupilami.

Sporting Braga : On adore ce club juste à cause de son stade. Construit pour l’Euro 2004, le stade municipal de Braga a une capacité de 30’000 personnes mais n’a que deux tribunes latérales et derrière les buts il y a une paroi rocheuse comme au terrain du FC Vignoble. Tellement la classe que le totomat est une sorte d’écran géant posé sur la falaise.

Estoril-Praia : À Estoril on trouve des casinos, un circuit de moto GP, un tournoi de tennis, un festival de film ou encore pleins d’hôtels de luxe. Même les têtes couronnées s’y rendent volontiers… C’est dire la comparaison que l’on peut faire avec l’AS Monaco. Un club qui ne touche pourtant jamais le jackpot, où les jeux sont faits et rien ne va plus.

Famalicão : Un logo assez compliqué pour un club qui sent un peu la Suisse puisque l’ancien neuchâtelois Charles Pickel y évolue. C’est tout simplement le seul et unique joueur suisse avec Seferovic à évoluer dans ce championnat. L’autre raison c’est qu’on y retrouve l’ancien Lausannois Pedro Brazão qui a sa statue du côté de la Blécherette, tant il a laissé de souvenirs mémorables.

Gil Vicente : Gilles Vincent. Tiens, plutôt sympa comme nom de club. Oui, cette équipe basée à Barcelos a été baptisée du nom d’un écrivain portugais. Mais surtout il rend hommage aux nombreuses personnes ayant un prénom comme nom de famille. Thierry Henry, Patrick Sébastien, Pascal Richard ou encore Yves Martin peuvent un jour espérer avoir un club portugais à leur nom. Ivo Martins FC ça a de la gueule faut bien avouer.

Maritimo : Club de la jolie île de Madère qui doit vraiment être superbe à visiter et idéal pour les amateurs de jambon. Par contre, en junior D ou C, je ne sais plus très bien, j’avais un épouvantable coéquipier qui s’appelait Sergio qui avait toujours son maillot de Maritimo. Depuis, je déteste ce club qui ne m’a jamais rien fait.

Moreirense : Leur gardien s’appelle Kewin et leur avant-centre Yan. On dirait l’équipe de junior B du FC Lonay. Heureusement qu’il y a le défenseur central Artur Jorge pour remettre un peu de sérieux dans tout ça. Moreirense a la particularité d’avoir un maillot à damiers comme la Croatie (et Boavista d’ailleurs, une spécialité portugaise) où le sponsor Placard.pt trône fièrement sur la poitrine des joueurs. Non ce n’est pas un site qui te permet de ranger ta vaisselle.

Paços de Ferreira : Club issu de la petite ville éponyme, surnommé les Castors. Un club pour Ronaldo et Ronaldinho. Un sobriquet plein d’humour puisque cette cité du Nord du pays est connue pour ses fabriques de meubles en bois. La mascotte castor du club a d’ailleurs reçu le prix de meilleur trublion du pays l’an passé. C’est toujours ça que n’auront pas Porto et Benfica !

Portimonense : On n’a pas énormément de choses à dire sur le seul et unique club de la région d’Algarve dans l’élite. Mis à part que leur gardien nommé Samuel Portugal est en réalité brésilien. Bon après tout Lorant Deutsch est bien français et Olivier Français est suisse. L’occasion de souligner que le club de Portimão est un des quatre clubs de première division à posséder une équipe futsal digne de ce nom, ils viennent d’ailleurs de recruter un mec qui s’appelle Lucas Tanke. Oui au Portugal on est fada et fado de sport comme le futsal et le rink-hockey.

FC Porto : Grosse machine au pays avec 29 titres nationaux, quelques longueurs derrière Benfica, le FC Porto demeure la dernière équipe ne faisant pas partie d’un des cinq grands championnats à avoir gagné la prestigieuse Ligue des Champions et c’était il y a bientôt 20 ans. Quelque chose qui n’arrivera plus jamais. Outre le méchant Pepe, le club a un dragon comme mascotte. On les surnomme les dragons et ils jouent au stade du dragon. Une vraie volonté de ressembler à Fribourg Gottéron.

Santa Clara : Club des Açores qui a les mêmes couleurs que Benfica et pratiquement le même écusson. Une sorte de sous-Benfica. Pas facile d’avoir du caractère quand ton seul fait d’arme est d’être à l’origine d’un anticyclone qui influence la météo de tout un continent. Tiens, d’ailleurs c’est de leur faute s’il fait mauvais aujourd’hui. Il est également le club de haut niveau le plus à l’Ouest d’Europe.

Sporting CP : Les mecs qui ont le même maillot que le Celtic. La troisième puissance du pays doit avant tout sa renommée à son centre de formation, peut-être le meilleur d’Europe. On leur doit les plus grands joueurs portugais de ces deux dernières décennies : Cristiano Ronaldo, Luis Figo, Nani ou Bruno Fernandes pour ne parler que d’eux. On peut aussi les remercier de ne pas avoir formé Pepe, Bruno Alves et Fernando Couto, même si personnellement ce sont mes joueurs portugais préférés.

Tondela : Mais bon sang 12 centimètres c’est beaucoup trop long ! Tondez-la cette pelouse ! Oui du côté de cette petite municipalité du Nord du Portugal, on entend fréquemment cette blague de la part des adversaires. Un peu lourd à la longue, mais il faut dire que ce petit club habitué normalement aux divisions inférieures l’a bien cherché.

Tondela Tonde Tonde Tondela chemise !

Vitoria Guimarães : S’il y a bien un nom difficile à porter c’est celui de la victoire. Surtout au Portugal. On peut légitimement se demander quand le Vitoria, club de Guimarães, a remporté sa dernière grande victoire ? À l’époque du chevalier figurant sur son blason sans doute. Dans cette logique, le Lausanne-Sport pourrait bien faire figurer un hoplite athénien sur son blason.

Vizela : Viser la lune ça ne me fait pas peur ! Tel est le credo des joueurs de ce petit club de la région de Braga. Assurément une des petites formations du championnat, puisque ce néo-promu n’a évolué qu’à une seule reprise dans l’élite, lors de la saison 1984-85, ça fait très longtemps. Cela dit, on leur doit l’association de deux joueurs mythiques Kiko et Kiki. Dommage que Kaka ait pris sa retraite, on aurait pu reformer le trio des Teletubbies.

Kiko, Kiki et Kaka.

 

Crédits photos :

Comète : Loopzilla/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Comet-Hale-Bopp-29-03-1997_hires_adj.jpg

Teletubbies : Berit/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_Teletubbies_are_still_here_2011_(6592747791).jpg

La collection de Musclors à Piqué : https://live.staticflickr.com/5325/29930929214_e6e832fb8d_b.jpg

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