Quand l’athlète ne pousse plus la fonte, mais la chansonnette

Que ce soit Beethoven et Mozart dans la deuxième moitié du XVIIIème, Chopin et Schubert au début des années 1800, Debussy et Stravinsky cent ans plus tard ou encore The Beatles et les Rolling Stones dans les années 1960, chacune des époques de l’Histoire vit un moment épique de musique où s’entremêlent génie de composition et innovation sonore. Un parallèle qui se fait également avec le sport, où les technologies ont poussé les athlètes à améliorer leurs performances et proposer toujours plus de spectacle. Quand cela reste dans le domaine sportif, justement. Parce que quand vient le temps de passer derrière un instrument ou de pousser la chansonnette, l’art devient effectivement une géométrie variable. Petite sélection pour une playlist du dimanche soir. 

Celui qui n’a pas peur du ridicule

C’est la pépite de l’article, ce petit rayon de soleil qui met la bonne humeur dans les chaumières. Luis Fernandez n’a pas été qu’un entraîneur à la carrière aussi incertaine qu’une bouchée d’un chocolat Mon Chéri. Luis Fernandez n’a pas été qu’un consultant qui parlait aussi fort qu’un FA18. Luis Fernandez n’a pas été qu’un joueur médiocre sous le maillot du Racing Club de Paris (on ne lui retirera pas son apport au club rival du PSG lors de son passage entre 1978 et 1986).

Non. Il a aussi été un chanteur dépassé par le temps qui court, lui qui stagnait sur une musique des années 1980 avec, en prime, des paroles de grande qualité telles que « Qu’est-ce que j’ai dans le dos, j’suis pas un numéro, plutôt un torero ». Les cuivres en arrière fond, les choristes qui ont dû se dire « qu’est-ce qu’on fout là » et le style parlé de Luis font la différence : on aime Luis quand il attaque. 

Merci pour la découverte à notre rédac’ chef Pierre, dont les références étonneront toujours.

Celui qui a bien fait de se concentrer sur le sport et les affaires

Après une carrière accomplie aux États-Unis et dans le monde (4 fois champion NBA, MVP des Finales, l’Or aux championnats d’Europe 2013), Tony Parker a rangé ses trophées et son fameux spin move pour s’asseoir derrière un bureau aux côtés de Jean-Michel Aulas. Pour l’OL Group, il conseille. Pour l’ASVEL, club de basket, il préside. En bref, le Français vit une vie à deux-cents à l’heure qui caractérise son caractère d’homme touche-à-tout. Mais il explora tellement de projets qu’il en vécu certaines déconvenues.  

Outre sa performance remarquée dans Astérix aux Jeux Olympiques (hum hum), ceux de la génération des années 2000 se souviennent de cet unique album paru en 2007. On fire sur les parquets comme dit dans le jargon, « TP » l’est tout autant dans sa vie privée puisqu’il partage son lit avec l’actrice Eva Longoria et se met à faire de la musique entouré de Jamie Foxx ou encore Booba. Non, ce n’est pas un rêve de voir le meilleur joueur de basket français avec la star du film sur Ray Charles ou l’étoile montante du rap en France. Mais cet album n’était finalement qu’un faux rêve qui s’est transformé en cauchemar pour les oreilles. Surtout pour Eva qui a dû écouter Premier Love, et qui a pris le premier avion pour rejoindre L.A depuis San Antonio.

Celui qui aurait dû signer chez Warner plutôt qu’au Barça

Durant la pandémie, un OVNI est paru sur les plateformes de streaming. En lisant le nom, on aurait pu croire à un serial killer du Tennessee reconverti en chanteur, mais c’était bien le serial buteur de l’Olympique Lyonnais. Profitant de l’expérience pandémique, Memphis Depay a publié l’album Heavy Stepper pour prouver qu’il pouvait utiliser autre chose que ses deux pieds dans la vie. 

Feu de paille ou réel artiste, le Néerlandais a ainsi offert neuf titres efficaces dans sa production, mais pas très originaux par les temps qui courent. Certes c’est maîtrisé, mais il manque encore l’éclat d’une patate de la victoire en pleine lulu’ face au Qatar Saint-Germain en 2017/2018. 

Celui qui va surpasser son ex-femme

Septuple champion du monde de Formule 1, 103 pôles positions, 103 victoires glanées durant sa carrière, membre de l’Ordre britannique puis fait Chevalier par la Reine: bref, Sir Lewis Hamilton a tout réussi dans sa vie. Ou presque. Car le plus effrayant là dedans, c’est qu’il serait autant capable de dépasser Bottas sur la piste que son ancienne compagne Nicole Scherzinger (Pussycat Dolls) dans les charts. Et pourtant, elle avait dédicacé Baby Love spécialement pour lui.

Excellent pianiste selon les bruits du paddock, il s’amuse aussi derrière le micro en poussant la chansonnette avec encore un succès relatif par rapport à sa carrière sportive. Mais bon, vu la trajectoire du bonhomme, on peut légitimement s’attendre à ce qu’il remplisse le stade de Wembley quand viendra le moment de la retraite sportive. Mais s’il-te-plaît Verstappen, ne lui enlève pas encore le plaisir d’être sur la piste pour se faire des câlins mécaniques comme à Monza

Celui qui filmera bientôt son clip sur une plage

Il a fallu que Guillaume Hoarau quitte Le Havre, Paris ou encore Dalian en Chine pour qu’il puisse libérer enfin son talent. Sportif, oui, car avec les Young Boys il marqua l’histoire du club bernois (188 matches pour 118 buts) et la Super League en se muant en buteur prolifique, ce qui n’était pas gagné d’avance. Mais c’est surtout dans l’extra-sportif où le Réunionnais a réussi à dévoiler une face cachée de sa vie : celui de compositeur et interprète à la « cool ».

Pas certain qu’il prenne Tom Frager comme exemple, car la Lady Melody de Guillaume est Paname. Sortie en période de pandémie, cette ode reggae à la capitale française omet toutefois de préciser l’odeur de la pisse du métro. Malgré tout, il retrace avec douceur son expérience là-bas, en contraste avec ses pralines envoyées en Champions League avant de rejoindre l’EMSion, située en province comme on dit si bien chez les Parigos. 

Celui qui pourrait faire un feat. avec Kendrick

Effectivement, il manque peut-être bien Kendrick Lamar dans la liste parce qu’avec Lil’ Wayne, G-Eazy ou encore Q-Tip, pas besoin de se curer les oreilles pour comprendre que Damian Lillard est dans le game. Il ne l’est pas seulement comme meneur All-Star des Portland Trailblazers puisque l’Américain cumule ainsi plusieurs millions de vues et d’écoutes pour son projet de musique sur les plateformes. Un succès un peu plus notoire que Shaquille O’Neal à l’époque…

Celui qui se nomme Dame D.O.L.L.A a surtout pris de l’ampleur dans le milieu du rap lorsqu’il enregistra un titre hommage pour le regretté Kobe Bryant. Un procédé vu et revu, mais qui a le mérite d’être bien foutu (surtout parce que Snoop Dogg est là) et qui lui a ouvert les portes du monde numérique du basket américain. Pistonné comme jamais, il est l’incontournable artiste du circuit avec des collaborations pour la NBA, pour le jeu vidéo NBA 2K, pour le film Space Jam ou encore des pubs. Un véritable homme-sandwich (ou hamburger) à faire pâlir un fidèle abonné du Cirque Knie qui roulerait en Audi en étant habillé par Hugo Boss avec une Omega sur le poignet. On va se le dire : on préfère toujours le bon buzzer beater en play-offs. 

Celui qui a remplit les stades (et qui gère maintenant un village)

Si tu n’a pas vécu durant les années 1980 et que tu ne regarde pas France 2 à chaque fois qu’il y a Roland-Garros, tu ne peux pas te douter que Yannick Noah a fait autre chose que chanter Les Lionnes. Car oui, malgré un titre aux Internationaux de France de 1983 (le seul pour un Français, puisse le peuple tricolore le rappeler encore 100 ans), le natif de Sedan peut laisser ses baskets pour danser sur scène à pieds nus. Ce qui fera son charme fera aussi sa force : il prend l’ascenseur du succès avec Saga Africa en 1990, puis cumule des millions de vente de Compact Discs avec son pop-reggae qui fait danser les mamies dans les stades (sûrement vrai) tout en inspirant les plus grands de ce monde (sûrement faux). 

Bien que sa carrière musicale soit plus longue que la sportive (avec plus ou moins le même succès selon le référentiel), il prend une semi-retraite pour que la saga africaine perdure. Retrouvé par les confrères de Brut., il gère un village au Cameroun, sur la terre de ses ancêtres. Il aura au moins maintenant le choix de jouer soit au tennis, soit de la musique. C’est la voie des sages.

A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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