Bern out

Une défaite qui fait drôlement mal aux B... ernois

Enfin ! On en a terminé avec les 366 jours de l’année dernière ! Oui, oui, en plus de nous avoir donné l’impression de revivre un septième match de promotion-relégation face au Eh Ha Tsé Biou en boucle, 2020 était bissextile. Voilà qui ne s’invente pas. Bref, on peut maintenant passer au premier grand événement de 2021: le retour à la Vaudoise aréna de l’un de ses enfants prodigues aux origines nord-américaines, un trentenaire né en février et adepte du port du casque jaune, celui qui avait marqué 106 points en 84 parties de saison régulière avant de quitter les bords du Léman pour un club à la carte de visite plus fournie que celle (vierge) du LHC au grand dam de ses nombreux fans. On veut bien sûr parler de Thomas Rüfenacht. Hein ? Ah, il est blessé ? Bon ben on va devoir parler de ce tâcheron médiocre qu’est Dustin Jeffrey alors. Franchement on avait presque oublié son nom. On vous a laissé la surimpression sur l’image de tête au cas où son visage ne vous dirait plus rien.

Le match en deux mots

Winter Classic.

Il y a un an presque jour pour jour, on faisait partie des 85’630 veinards (et au vu des mois qui ont suivi, dieu sait qu’on ne mesurait pas notre chance) agglutinés joue contre joue dans le vétuste Cotton Bowl pour le Winter Classic 2020 entre les Dallas Stars et les Nashville Predators. C’était l’époque où on partageait non seulement nos rêves les plus fous de supporter, mais surtout certains fluides corporels colportés sous forme de gouttelettes par l’air ambiant avec de parfaits inconnus sans se poser beaucoup plus de questions que Fredrik Pettersson au moment d’armer un slapshot à bout portant. Ce souvenir nous fait aussi chaud au coeur qu’il nous glace l’échine, un peu comme un shift de Victor Oejdemark ces derniers temps en somme. Le fil rouge du griffonnage qu’on avait odieusement commis sur le sujet à l’époque est d’ailleurs sans surprise les nombreuses allusions à une foule aussi immense que compacte. Si vous aimez les films d’horreur, on vous en conseille la (re)lecture a posteriori, l’effet est garanti. Eh oui, en 2021 on fait son auto-promo sans aucune vergogne chez Carton-Rouge.

Carton-Rouge, le média qui voit plus loin que le bout de son nez.

Retour au présent. Se retrouver en tribune de presse un 2 janvier 2021 en compagnie de l’équivalent de moins d’un tiers de la population de Ferreyres, masque sur le nez (oui, SUR le nez, bon dieu !), buée envahissant les culs de bouteilles qui nous servaient autrefois à atténuer notre myopie et ouïe mise en grand danger par la tentative désespérée du DJ local (non, l’autre…) de remplacer 10’000 personnes par autant de décibels, on avoue que c’est quand même drôlement bien aussi. Même si ce n’était pas l’idée qu’on se faisait du hockey sur glace le 1er janvier 2020, on vous avoue que toute opportunité du genre se présentant au cours des 10 derniers mois est accueillie avec une main aussi leste que celle de Mitch McConnell lorsqu’il s’agit d’arracher aux plus démunis l’espoir de voir une aide financière étatique leur parvenir.

Les trois étoiles du match

⭐️ Les goalies du Schlittschuh Club Bärn. Quelle performance combinée, le tout sous les yeux de Florence Schelling, leur gardienne de directrice sportive. Tomi Karhunen, dont le père était clairement vitrier, s’est chargé du show en première période. On cherchait un remplaçant à Anders « Emmentaler Surchoix » Lindbäck depuis tellement longtemps, on l’a trouvé ! Coupable sur les 1-0 et 2-0 vaudois et plus que quelconque sur la troisième réussite de Froidevaux sur assist d’Almond (2021, on vous dit, la grande classe cette nouvelle année), le portier finlandais pensait certainement que la fin des mesures d’exception COVID du canton incluait également la fermeture immédiate de sa cage. Mais c’est bien connu, y’en a point comme nous ! C’est donc pris à froid que son remplaçant, l’infortuné Philip Wüthrich, n’a pu que constater les dégâts sur les quatrième et cinquième buts des Lions, avant de pousser le sixième au fond de ses propres filets et de laisser un de ses défenseurs prendre le relais pour le septième au cours des deux périodes suivantes. Faute d’équipement à sa taille dans le vestiaire du club de la capitale, on a bien peur que Schelling doive se contenter de son rôle de dernier fusible à faire sauter en fin de saison pour rétablir un semblant de courant dans la maison bernoise.

⭐️⭐️ Dustin Jeffrey. Trève de plaisanteries au sujet de celui qui a passé la soirée à essayer de colmater les brèches de ce qui commence drôlement à ressembler à une version locale du Titanic. Pour compenser les absences conjuguées d’Eric Blum (raisons familiales), Thomas Rüfenacht (blessé), Mika Henauer, Tristan Scherwey, Thomas Thiry, Gregory Sciaroni, André Heim et suffisamment de membres de la famille Gerber pour faire une fondue (tous malades), DJ s’est retrouvé à la baguette (et même au four et au moulin puisqu’on est dans la métaphore boulangère) de sa deuxième ligne habituelle, mais aussi du power play, du box play et d’une sorte de quatrième ligne faite de bric et de broc. On citera Kyen Sopa, l’un des juniors bernois rapatriés de prêts en Swiss League pour essuyer les plaques.

Dustin et ses multiples casquettes superposées sur son casque jaune.

⭐️⭐️⭐️ Charles Hudon. L’égérie de la presse montréalaise (enfin surtout quand la NHL prend une pause de 3 mois en plein hiver) marque les rencontres de cette ligue de garage qu’est la National League de notre minuscule Suisse de son empreinte majuscule même quand il regarde le match depuis son canapé pour cause de blessure.

Quelle honte ! Même pas capable de jouer sans genou dans ce championnat de bras cassés !

La buse du match

Denis Malgin, auteur de seulement un but et deux passes décisives, le tout presque par inadvertance. Blague à part, l’ancien ailier des Florida Panthers (on regrettera éternellement son transfert aux Maple Leafs qui nous a empêché de titrer « Tcheu c’te panthère ! » pour son premier match à Lausanne) s’est fait l’auteur d’une performance largement en-dessous de son standing stratosphérique habituel. Complètement à côté de son sujet en début de match, d’une désinvolture, notamment en zone défensive, à faire pâlir le Oliver Setzinger de la plus belle époque, le feu follet d’Olten avait probablement lu comme nous la liste des joueurs convoqués par Toronto à leur camp de préparation à la reprise de la saison de NHL. Sans y trouver son nom. Une excellente nouvelle au demeurant pour le merchandising du club dont il arbore actuellement les couleurs. On entend d’ici les machines à coudre qui s’attaquent à un nouveau stock de maillots frappés du numéro 62 pour le shop du Flon.

Le tournant du match

Le moment de l’impression de la feuille de match qui a forcé toute la tribune de presse à de nombreuses recherches sur Elite Prospects histoire de se familiariser avec le contingent M20 du SCB. 

Le slapshot en pleine lucarne du match

Le Club des Patineurs de Berne (un des rares trucs plus classes en suisse-allemand qu’en français, vous avez remarqué ?) n’était pas le seul à voir 36 chandelles samedi soir. Un tantinet lugubre, mais on retiendra que c’est le geste qui compte.

Le vieux rotoillon en cloche du match

On hésite entre Cory Conacher (auteur des 5 et 6-1), Lukas Frick (1 but, 3 assists) et Ronalds Kenins (à la finition du plus beau mouvement lausannois sur le 4-1). Comme dirait René Fasel, manquer pareillement de respect à l’équipe adverse, c’est ridicule ! Faire le forcing pour organiser des championnats du monde de hockey dans le dernier pays européen à pratiquer la peine de mort, c’est mieux. À noter que le gouvernement dudit pays est qualifié de « peu démocratique » par Wikipédia, grand maître de l’euphémisme devant l’Éternel.

Quelle insolence !

Le chiffre à la con

Tim Traber en est à 4 tirs cadrés pour 1 but marqué depuis le début de la saison, c’est-à-dire 25% de réussite. Le quatrième a eu lieu lors de la victoire 3-0 de Lugano à Davos le 27 décembre et on n’a rien suivi depuis, mais comme il ajuste la mire une fois tous les quatre matches en moyenne, on n’est pas trop inquiet. Non, ce chiffre n’a rien à voir avec la rencontre qui nous occupe, mais on vous avait averti qu’il était « à la con », non ? Bon.

L’anecdote

Nous assistions samedi soir à la deuxième (!) journée complète de la saison de National League, après le 10 octobre dernier. Toutes les autres tentatives s’étaient soldées par des quarantaines diverses et variées, voire même des tunnels bloqués. Mais ça c’était en 2020. En 2021, tout va bien.

On avoue avoir fébrilement attendu un SMS de Mahmoud Abbas avant de se rendre à la patinoire.

Et sinon dans les tribunes ?

La minute Jonas Junland

Lukas Frick et Fabian Heldner, aussi à l’aise qu’un duo Parmelin-Maurer devant une compréhension orale d’anglais de 45 minutes, sur la réduction du score de Ted Brithén (2-1, 6ème minute). Probablement encore tout déboussolés de leurs réussites respectives enchaînées en 14 secondes 3 minutes plus tôt face à une cage bernoise pour ainsi dire vide, ils en ont oublié leur day job de cerbères à l’autre extrémité de la patinoire. Dommage pour le meilleur backup de la ligue, un Luca Boltshauser qui reste sur 7 victoires en 7 apparitions cette saison et qui n’aurait pas volé un blanchissage. La paire Stephan-Boltshauser et son utilisation n’est d’ailleurs pas sans rappeler le couple texan Bishop-Khudobin, meilleur duo 1A-1B de NHL la saison dernière.

La retrospective du prochain match

Le Re étant en ce moment supérieur à 1, toutes les installations sportives (re)fermeront dès lundi donc pas de prochain m… Ah pardon, on s’est trompé de page dans nos notes. Ça c’était le journal des événements qu’on tient heure par heure depuis le 15 mars dernier pour savoir à quoi s’en tenir s’il nous prend l’envie suicidaire de sortir de chez nous.

Le prochain match, c’est le troisième derby Genève-Lausanne de la saison. Franchement on se réjouit. D’autant qu’on est encore en train de savourer les multiples papiers chantant les louanges du LHC dont la phalange genevoise de Sport-Center a dû se fendre la semaine dernière pour trois médias différents, en l’absence de leur collègue vaudois (d’adoption).

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.