Ted Lasso ou le noeud (coulant) du problème lausannois

Chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans l’hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. Ce nouvel épisode a pour but de retourner la crosse dans une plaie vaudoise dont les sutures ne cessent de sauter année après année. 

Il vient d’une contrée lointaine et sauvage. Il a été engagé pour prendre les commandes d’un club de la banlieue ouest d’une grande ville locale dont le blason est frappé d’un noble quadrupède dans un sport dont il ne sait rien. Le jargon, le hors-jeu et les coutumes culinaires autochtones lui sont aussi familières que l’hilarité à un garde-frontière à votre arrivée sur le sol étasunien. Les fans et les médias indigènes l’ont rapidement pris en grippe et il sert de bouc-émissaire au moindre vent contraire ressenti à proximité du bateau ivre dont il a été bombardé amiral. Clou du spectacle : la présence d’un individu au CV aussi lunaire que la ligne éditoriale de la BBC à la tête d’une organisation dont il ignore tout n’est même pas due à la malchance ou à une quelconque incompétence. En effet, notre homme a été engagé sciemment dans le but de nuire au club et d’en assurer la relégation au terme de la saison.

Non, il n’est pas question ici de Gregory Finger ou de Petr Svoboda et nous n’insinuons pas que la direction du LHC avait mis sur pied un plan machiavélique dans un but complètement absurde il y a de cela bientôt quatre ans. Il s’agit simplement du pitch de la série footballistique à succès Ted Lasso, dont la troisième saison sort ces jours et va vous forcer à vous abonner à une énième plateforme de streaming. Même si vous vous étiez promis que cette fois vous alliez vraiment résilier au terme de la période d’essai, contrairement aux douze dernières occurrences de ce vœu pieux. Et ce n’est pas le logo en forme de fruit interdit apte à vous expulser du paradis qui vous fera changer d’avis. Bref, on parle donc bien ici de fiction. Mais vous y avez presque cru, non ?

C’est probablement parce que la réalité du Lausanne HC dépasse ladite fiction à peu près aussi souvent qu’une séance de travail un vendredi soir est suivie d’un apéro. Le tout sans être scripté bien sûr. Quel autre club réussirait à créer à la fois une vive déception de dernière minute dans le cœur de ses supporters en réussissant à laisser échapper un strapontin en pré-playoffs au soir de l’ultime journée ET un soulagement intense en terminant à une onzième place salvatrice et fort flatteuse au vu de l’ensemble de son oeuvre ?

Tous les ingrédients d’un bon feuilleton étaient en tout cas réunis : un grand méchant dont le héros taciturne finit par se débarrasser non sans essuyer de lourdes pertes et un scénario rocambolesque faisant place tour à tour au tragicomique et aux espoirs les plus fous avant un final empreint de moralité : cette équipe-là ne méritait vraiment rien de plus. De quoi se réjouir de la saison 101 (forcément unique) de cette saga vaudoise au long cours dont le protagoniste a évité le pire, mais se tient également soigneusement à l’abri du mieux.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.