Qui ne se rappelle pas de Simon Ammann, notre SIMI national, celui qui a fait rêver tout un pays en réalisant non pas un, mais deux doublés olympiques en 2002 à Salt Lake City et en 2010 à Vancouver ? Harry Potter a participé à 7 JO, un record, mais il a vieilli et la magie s’est envolée.
En 2002, alors âgé de 21 ans, son grand manteau gris de l’uniforme olympique suisse et ses lunettes à la Yvette Jaggi lui avaient valu le surnom d’Harry Potter.
En arrivant au Canada, il n’avait jamais remporté de concours de coupe du monde. SIMI, avec sa face d’adolescent et sa légèreté juvénile, avait séduit le monde entier après l’immense surprise réalisée, et il a même été invité au Late Show de David Letterman sur CBS, un must de l’autre côté de l’Atlantique. Cette séquence nous permet de réaliser que nous comprenons parfois mieux nos compatriotes de Suisse primitive lorsqu’ils s’expriment en anglais qu’en allemand local.
Les années qui ont suivi ont confirmé tout son talent, puisque Simon Ammann a remporté encore 4 médailles (or 2007, argent 2007, bronze 2009 et 2011) aux championnats du monde de saut, un titre mondial en vol à ski en 2010, un classement général de la Coupe du monde en 2009-2010, et 80 podiums dont 23 victoires dans cette même épreuve. La vie lui souriait, sa popularité était au top, il était le gars sympa qu’on inviterait bien à souper, celui qui arrivait tout sourire aux interviews et qui ne se prenait pas la tête. Quoique…
En 2005, lors d’une soirée caritative sous forme de concours organisé entre célébrités par la SRF au Hallenstadion de Zurich, Simon Ammann fait une entrée au sprint dans l’arène en ayant au préalable relevé son t-shirt sur son visage. Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Il n’a de ce fait pas remarqué la caméra au bras articulé qui filmait son entrée et se l’est prise centrée six heures, comme disait mon lieutenant, dans la tronche. Vous aviez oublié ?
Le moment de l’impact. Caméra 1, Simon 0.
Ce côté insouciant, gaffeur, frais, naïf, était tout ce qui plaisait au public. On se sentait un peu comme son copain, on ressentait tous de la tendresse pour lui. SIMI a d’ailleurs été élu à deux reprises Sportif suisse de l’année, en 2002 et 2010, ce qui prouve sa popularité.
En 2010, alors au sommet de son art, il remporte à nouveau les deux titres olympiques à Vancouver: triomphe, allégresse, orgasmes spontanés et collectifs dans toute l’Helvétie, projet de créer une nouvelle religion à son effigie.
Vancouver 2010. Mais pourquoi l’histoire ne s’arrête-t-elle pas là ?
Stop ou encore ou stop ou encore ?
La saison 2010-2011 est encore potable. Simon Ammann remporte 3 concours de Coupe du monde. Il en gagnera encore 3 jusqu’en 2014, mais ses résultats s’étioleront inexorablement. Il était temps de mettre la flèche à gauche.
Le 1er décembre 2015, les journalistes sportifs se sont interrogés sur le fait que notre icône nationale n’aurait peut-être pas dû repartir pour une saison supplémentaire. Symptomatique.
Après avoir figuré sur le bus, il est temps d’y monter.
8 ans plus tard, c’est devenu un des feuilletons pathétiques de l’automne: Simon Ammann va-t-il continuer pour une saison de plus ? Alors que la question à se poser devrait être : mais pourquoi ?
Qu’est-ce qui le pousse, après avoir tout gagné, à se lever tous les matins pour obtenir au mieux un résultat entre la 10ème et la 20ème place ? Pourquoi ne profite-t-il pas, en compagnie de Théodore, Charlotte et Aaron, ses 3 enfants âgés de 3, 6 et 8 ans, des bons plats de son épouse pour enfin dépasser le 21 d’IMC ? Pourquoi ne finit-il pas ses études en économie d’entreprise à l’université de St-Gall ? Pourquoi ne devient-il pas consultant ou entraîneur ? Pourquoi ne s’occupe-t-il pas de l’entreprise de toiture de son frère dont il est co-propriétaire, ou de son hôtel au Toggenburg ? On peut se le demander quand on voit ses résultats au classement général de la Coupe du monde ces dernières années :
Quand on sait qu’il a engrangé 1’776 points lors de la saison 2008-2009… Si mes calculs sont exacts, SIMI devrait échouer lors de la saison 2025-2026 à la 83ème place avec -7 points.
Il est devenu ce vieil oncle un peu désagréable, ce voisin mélancolique, ce cousin complotiste ou ce copain alcoolique à qui on doit dire à 2 heures du matin qu’il est temps qu’il parte. C’est délicat, mais je le fais, je salis cet icône, je me permets de le bousculer : en voiture-balai Simon ! Mon bar est vide, mon frigo est vide, et en plus je suis crevé, j’aimerais aller dormir ! Même son site internet n’est plus à jour puisque si on s’y réfère, la saison 2022-2023 n’a tout simplement pas eu lieu…
Mais pourquoi certains perdent-ils des années à tenter de retrouver un bonheur passé, aussi glorieux soit-il ? Pierre Maudet ou Donald Trump ont une revanche à prendre, soit. Roger Federer voulait faire une tournée d’adieux, ok. Elizabeth II n’avait pas le choix, c’est clair. Benyamin Netanyahou irait en prison, logique. Patty Schnyder n’avait plus un rond après avoir tout donné à Skippy, d’accord. CR7 gagne le PIB du Guatemala en jouant une année de plus, je comprends. Silvio Berlusconi s’emmerde, ça ne devrait plus durer très longtemps. Je pense que Simon Ammann a peur, tout simplement. Il n’a jamais fait que ça dans sa vie : sauter à ski. Alors j’ai envie de lui dire: aie confiance Simon ! Ton image n’est pas encore totalement écornée, l’avenir est radieux. Ose ! Prends ton envol !
Vous connaissez la dernière ? Le 14 avril 2023, Swiss-Ski a publié la liste de ses cadres nationaux. Simon Ammann y figure, dans le cadre A. Il annoncera cet automne s’il continue sa carrière (au moins) une année de plus, ce qui serait sa 27ème saison …
Crédits photographiques:
Médaille : Duncan Rawlinson/CC0/Flickr https://www.flickr.com/photos/44124400268@N01/4374507831
Bus : Evelyscher/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dario_Cologna_Simon_Ammann_Laurien_van_der_Graaf_IMG_1512_6DS2.jpg
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