Saas passe (toujours) mal au EHC Visschppp ! (Tome 2)

Après nous être délectés dans un Tome 1 (à relire ici) des errements du management du EHC Visp et de ses grandioses erreurs de casting au niveau des joueurs, nous voilà repartis avec notre bâton de pèlerin Père Fouettard pour découvrir d’autres aspects de son écurie d’Augias : sa très discutée et discutable Lonza Arena ainsi que son budget qui ferait pâlir d’envie les traders du Credit Suisse. Et vu que Carton-Rouge.ch est doté d’une bienveillance machiavélique, on en profitera dans ce Tome 2 pour distiller quelques conseils amicaux aux dirigeants viégeois vachement à la rue dans la gestion de leur club chéri. Im Wagen Regula !

Mise en bière à la Lonza Arena

Le problème du HC Viège est qu’il vit dans un passé qui, pour être magnanime, est relativement glorieux si on le compare à celui des voisins cantonaux (un titre de Champion suisse de Ligue A en 1962 et de Ligue B en 2014). Oui, mais… Au lieu de bâtir sur cet héritage tout en se mettant à l’écoute d’anciens joueurs du cru pour réussir un développement ordonné de leur club, les têtes pensantes haut-valaisannes ont choisi la fuite en avant pour bâtir leur écurie de manière décousue. C’est à en croire qu’elles sont conseillées par le cabinet de consulting Tidjane Thiam & Urs Rohner. Symbole de ce développement anarchique : la Lonza Arena ou comme on la surnomme dans les bistrots de Viège, la Holcim Ghostbuster Arena.

A la sortie de Viège direction Brigue, vous pourrez apercevoir un gros cube en béton massif encastré le long de la route cantonale n’offrant aucune place de parking, un peu comme si les spectateurs n’étaient pas les bienvenus… Avec un gros « Lonza Arena » tatoué sur sa façade, vous saurez au moins que ce hangar n’est pas le centre de distribution de la Migros pour le Haut-Valais. Réussite architecturale de l’extérieur pour certains avec de grandes baies vitrées ornementées d’une bannière plastique ventant le Sport Bar du EHC Visp, la Lonza Arena respire hélas la mocheté à l’intérieur. Dans cette catacombe moderne, tout transpire la froideur et sonne creux, notamment les corridors gris sans fin et sans âme. Le manque d’imagination dans la déco et les zones bars glauques te donne juste l’envie d’aller boire ton Sinalco aux toilettes. Le fonctionnel (paiement obligatoire par carte à des prix surfaits, étagères mal placées pour vendre leur merchandising…) a pris le dessus sur le charme bucolique de l’ancienne Litternahalle (carnotzet à vins, photos du passé glorieux du club, chandails des anciennes gloires…).

Une déco qui fait rêver les supporters !

Et quid des loges VIP de la Lonza Arena ? Elles sont remplies d’évènementiels encore plus coincés que les bouchons de Dom Pérignon qu’ils viennent de faire sauter. Les gradins parsemés de quelques curieux ne dégagent aucune ferveur et l’absence d’un kop digne de ce nom pour un club de deuxième division te donnerait des envies pressantes de Prozac. Et dire qu’en début de saison, l’ambition du club était d’engager un responsable du kop afin de mettre le feu aux gradins. Mission accomplie car le leader du kop, probablement issu du chœur mixte de Tourtemagne, entonne les « Hop Vischppp » a capella seul dans son coin. D’ailleurs, pour te donner une idée de l’ambiance folle qui règne un soir de match, lors d’un time-out contre Thurgovie, on a pu entendre mot à mot le mythique soufflet passé par le coach Schüpbach à ses poulains.

Certains ex-joueurs n’ont pas hésité à utiliser le terme de flop en évoquant la nouvelle patinoire. Un flop à 36 millions de francs ou exprimé dans la devise haut-valaisanne, le prix pour 20 mètres d’autoroute. Le comble dans le commissionnement des travaux de cette Lonza Arena, c’est que de nombreuses entreprises extérieures à la région ont été sollicitées pour sa construction, omettant par là même les fidèles entrepreneurs locaux (désormais ex-sponsors du club). Pas besoin d’aller chercher plus loin une raison supplémentaire pour expliquer les nombreux sièges vides dans cette ghost Arena.  En vendant leur âme aux entrepreneurs extérieurs au microcosme économique qu’est le Haut-Valais, les dirigeants du EHC Visp ont réussi à transformer leur château fort de la Litternahalle en un HLM marseillais pour dépressifs.

Iss Bie ?

Tout comme le sens de l’éthique du duo Blatter et Infantino, l’Oberwalliser Schwitzertütch est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Donc, tout déplacement dans cette bourgade si hospitalière un jour de match ne peut que te faire régresser dans tes connaissances d’allemand.

Extrait du vécu d’un pauvre Welsch en vadrouille dans ce paradis linguistique :

  • Moi: Ich möchte gern ein Bier, bitte.
  • Elle: Oescchhhh ?
  • Moi: Oh, Entschuldigung, Ich möchte gern ein Bier, bitte.
  • Elle: Ah! Iss Bie?
  • Moi: Euh, Sie meinen ein Bier ?
  • Elle : …. (Soupir, tout en pointant du doigt le label de la bière)
  • Moi: Euh, Ja, dieses Bier (déjà qu’il n’y en a qu’une sorte en vente)
  • Elle: Abe nur Iss ?
  • Moi: Ja, eins is genug (sourire à l’appui tout en considérant les prix de Crésus appliqués au bar)
  • Elle: Feuillffff Frankre (aucun sourire et œil méprisant à l’appui)
  • Moi: Danke (mot ostensiblement absent de l’Oberwalliser Wortschatz)
  • Elle: ….. (mais quel connard de Welsch, supporter du HC Martigny Valais en plus…)

En parlant d’accueil, dans son élan de bonté et de séduction digne d’un Patrick Chirac dans Camping 3, le directoire haut-valaisan avait décidé de créer un coin francophone (véridique) dans les gradins de la Lonza Arena. Une fausse bonne idée qui prônait une ségrégation encore plus grande entre le Haut et le Bas-Valais qui, à ce jour, n’ont en commun qu’un fleuve, Pirmin Zurbriggen et le FC Sion. On part vraiment de loin.

Cette volonté de séduire les fans de hockey bas-valaisans est d’autant plus paradoxale que le club partenaire de ces rigolos du EHC Visp en MyHockey League n’est autre que le Eishockey Club… Thun. Ça en dit long sur la volonté des dirigeants viègeois d’établir des ponts avec le monde du hockey situé du bon côté de la Navizence.

Encore un match à guichets fermés du côté de Viège.

L’argent par les fenêtres…

Grâce aux pompes à fric que sont Zermatt, Saas Fee et le vaccin Moderna (fabriqué par Lonza), le HC Viège peut bomber le thorax avec un budget qui ferait bander un eunuque dans un plan à trois : six millions et demi de francs, loin devant le HC Sierre qui arrive péniblement à trois millions et des chouillas. Il faut dire que quand tu vends de la « piquette » quatre balles le verre plastique et l’infecte Calanda pour 5,50 francs les 4dl, tu remplis vite le tiroir-caisse. Vivant dans une luxure qui contraste avec l’austérité de ce bled, le EHC Visp utilise ce budget à l’envers du bon sens. Il finance notamment de gros contrats de joueurs (Chiriaev, Virtanen, Maeder…) ou ceux des onze entraîneurs limogés depuis 2014 (CC likes this !). Plus grotesquement, une partie de ce budget entretient un encadrement d’une dizaine de personnes (!) qui servent ces divas incapables de délivrer sur le plan sportif (huit éliminations en quart de finale des play-offs sur les dix dernières participations).

Pour les play-offs de février 2023, Pico & Co ont même eu la somptueuse idée de recruter un pigiste américain pour apporter un support psychologique à ces Red Lions fort peu rugissants. A ce stade, ce n’est pas d’un psychologue dont les joueurs viègeois auraient eu besoin mais d’un stage commando incluant une remontée du Rottu à poil  jusqu’à Gletsch. Un ancien joueur sous couvert d’anonymat résume assez bien cette philosophie de développement non-durable : « A Viège, on engage des gros noms sans se soucier de ce qu’ils peuvent apporter à l’équipe sur la glace ou en dehors des vestiaires. Trop de joueurs ont le même profil mais le hockey se joue à cinq et pas à 12 « .

Bienvenue dans la succursale d’EXIT du Haut-Valais.

Clap de faim

Un enfant de cinq ans aurait déjà résumé sur un tableau noir les cinq grands travaux que les dirigeants viègeois (oui mais lesquels ?) pourraient entreprendre pour remettre leur club sur les bons rails, avec au menu : une gouvernance resserrée, un budget réduit, une équipe remodelée, un fans club réinventé et une patinoire redécorée.

Au niveau de la gouvernance, un bon coup de sac serait nécessaire pour mettre les bonnes personnes aux bons postes tout en leur fixant des objectifs personnels et communs à atteindre sous peine de licenciement. A ce jour, le HC Viège adhère à merveille à la définition de la folie d’Einstein : se comporter saison après saison de la même manière et s’attendre à des résultats différents. Concernant le budget, il devrait être réduit (en baissant les prix dans l’enceinte) ou réalloué pour donner plus de moyens au mouvement juniors ou pour améliorer le look & feel de cette Lonza Arena morbide. Le gaspiller dans des hockeyeurs « has-been » ou « will never be » pour finir éliminé en quart des play-offs est simplement ridicule. A propos d’équipe, en construire une serait un bon début en axant l’approche sur les principes de complémentarité, jeunesse et leadership.

Autre travail de titans : donner vie à la si stérile Lonza Arena. Pour ce faire, il serait judicieux d’identifier du sang neuf pour créer un vrai fans club, quitte à lui refiler quelques tunes ou des caisses de Calanda pour mettre de l’ambiance dans ces gradins endormis. Sur cette lancée, pourquoi ne pas commissionner un décorateur d’intérieur avec comme mission d’habiller cette patinoire ? Posters géants à la gloire des anciens du club, table de kermesse autour des bars et éclairage tamisé pourraient sûrement faire oublier ce béton aussi gris qu’un macchabée avant une autopsie.

Vu qu’on n’a pas peur des chantiers à rallonge dans le Haut-Valais et en suivant les bons conseils de Carton-Rouge.ch, le EHC Visp pourrait être promu en National League avant que la R9 ne soit finalement inaugurée. Chiche !

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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