Ne Wilipendez pas ce LS-là !

Pas d’angélisme : il manque encore un peu de tout à cette équipe, devant, au milieu comme derrière. Il s’agit donc de continuer à travailler très sérieusement, d’autant que la barre revient à 5 points. Mais hier, le LS a joué pendant 90 minutes, disputé chaque ballon et est allé de l’avant pendant tout le match. Bref : les gars n’ont rien lâché.

Alors bien sûr, nous aurions tous préféré engranger les trois points. Les mathématiques sont implacables, les écarts se resserrent, et le match en retard à jouer à Thoune (fin mars ?) prend une importance particulière. Mais une chose est sûre : ce n’est pas avec l’état d’esprit et la frilosité de coaching affichés contre Gossau (1-1 à domicile contre la lanterne rouge, 30 minutes à 11 contre 10 et match terminé avec un unique attaquant) que les Lausannois obtiendront quoi que ce soit. Avec l’envie – la rage parfois – l’engagement et le grain de courage proposés hier à Wil, lorsque Dragani aligne trois attaquants pour les 20 dernières minutes, il est permis d’y croire.Je ne sais pas s’il faut se réjouir ou pleurer d’être douze à faire un déplacement pour suivre le LS, mais honnêtement au vu des derniers résultats et du flou complet qui règne autour des ambitions (voire de la survie même) du Lausanne-Sports, j’étais assez satisfait de constater que le minibus affichait complet.  Franchement, prendre congé quelques heures pour se manger 600 kilomètres un lundi soir avec l’unique certitude de ne pas être rentré avant 2h30 du matin, il y a plus glamour. Et je me demandais si nous n’allions pas organiser un déplacement en side-car.
Départ vers 15h40 de la Pontaise donc, dans une ambiance étonnamment calme. Certes, la glacière est assez rapidement victime d’une trournante, et il s’agira d’improviser un arrêt d’urgence à la gare de Wil afin d’organiser un ravitaillement houblonesque digne de ce nom, mais l’un dans l’autre chacun a bien gardé ses forces et sa voix pour le match.
La sécurité au stade est bien présente, la fouille du matos étant juste hallucinante : chaque calicot déplié, les intérieurs de mâts regardés un à un (mais pourra-t-on un jour m’expliquer qu’est-ce que l’on peut faire passer à l’intérieur d’un mât ?)… La banderole «MATCHES LE LUNDI, NON MERCI !» a failli ne pas entrer à cause de son texte même pas polémique, bonjour la liberté d’expression, et finalement seuls les deux mâts télescopiques pourtant absolument conformes au règlement SFL ne passeront pas l’obstacle (Directives du comité de la SFL portant sur l’introduction non autorisée d’objets lors de l’entrée dans les stades des clubs de la SFL du 17 janvier 2005 : Article 13 – Hampes de drapeau. Les hampes de drapeau en bois ou en métal sont interdites. Les hampes de drapeaux en matière flexible et les hampes de drapeaux télescopiques en matière flexible sont autorisées jusqu’à une longueur de 600 cm.) C’est rageant de prendre la peine de se conformer aux règles et de se voir emmerder par des petits cheffaillons qui se la jouent Rambo d’opérette. Bref.
Sur places, quatre copains de la Bierkurve de Winterthour sont venus en voisins pour nous serrer la louche, et c’est un bon petit noyau d’une quinzaine de motivés qui voit le LS bien engager le match. Comme dit en préambule, tous les secteurs de jeu ont montré des faiblesses, mais le ballon est plutôt lausannois et la première vraie occasion vient de la tête de Pimenta. La partie s’équilibre un peu et c’est sur un contre incisif que Wil trouve la faille. Malheureusement une absence de la défense sur un bon centre permet quelques minutes après aux Wilains de doubler la mise. Deux cadeaux déposés sur l’autel de Wil et un jeu de mot bien foireux comme je les aime.
C’est dès ce moment que les avis de ceux qui ont suivi le match sur Internet et de ceux qui étaient au Bergholz divergent, semblerait-il. Sur place, les supporters étaient unanimes à voir une équipe qui ne s’est pas pour autant effondrée, et qui a continué à revendiquer chaque ballon, dans un match d’ailleurs très physique. Nos carences offensives sont connues, avérées et pour tout dire désespérantes, mais il n’empêche que pas un joueur n’a triché. Sur un terrain qui proposait plus de mottes que dans n’importe quel film de cul, les gars ont serré les dents. Et le BWFK a redoublé d’efforts pour pousser l’équipe vers l’avant.
Après la pause, le niveau technique semble être encore descendu d’un cran. La bataille était âpre, et j’aurai bien de la peine à citer un mouvement limpide, net et tranchant, mais la motivation était bien là. La décision de Dragani de jouer le dernier quart du match avec trois vrais attaquants (Drago, Hélin et Pimenta) allait dans le sens d’une équipe qui a refusé jusqu’au bout de ne pas y croire. Un but sera même annulé, et il y eut quelques situations chaudes devant les cages de Taini jusque dans les derniers instants. On en revient au sempiternel problème de la concrétisation, d’autant que si les arbitres ne sifflent plus de péno, comment voulez-vous qu’on plante ?
Je ne crois pas que les supporters présents ont été victimes d’un mirage collectif : notre équipe a perdu, mais elle a perdu en équipe (je me comprends…). Un esprit de groupe peut-il se voir à la TV ? Probablement pas cette fois. Il n’empêche que le succès se provoque en bouffant le terrain : si le Lausanne-Sports aborde ses prochaines échéances avec le même état d’esprit qu’hier, si les blessures cessent d’handicaper le groupe (Mauro, Rey…) et surtout si le mental des joueurs sait résister à la spirale des mauvais résultats, le LS ira chercher les points nécessaires. Et ce serait bien de commencer dès ce dimanche à Wohlen.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Wil – Lausanne-Sports 2-0 (2-0)

Bergholz, 550 spectateurs.
Arbitre : M. Winter.
Buts : 29e Akdemir 1-0, 34e Lezcano 2-0.
Will : Taini; Haziri, Madry, Matic, Huber; Bolay (65e Christen), Muslin, Gsell (84e Kaiser), Akdemir; Franjic, Lezcano (90e Maag).
Lausanne : Favre; Barroso, Buntschu, Diogo, Sonnerat; Marazzi, Basha, Bilibani (72e Hélin); Balthazar (46e Pasche); Pimenta, Boughanem (46e Drago).
Cartons jaunes : 28e Bilibani, 45e Akdemir, 45e Marazzi.
Notes : Lausanne sans Rey ni Mauro (blessés).