C’est le chenit qui redémarre…

On aurait pu pronostiquer un déplacement tristounet. Le LS balbutie son football à de rares exceptions près (le match contre Lugano par exemple), l’équipe n’a plus rien à perdre ni à gagner puisque même la très ambitieuse sixième place semble hors d’atteinte, le déplacement à Saint-Gall est l’un des plus longs de la saison avec plus de 600 kilomètres et on en a pris 5 au match aller, c’est dire si nous avons la faveur de la cote.

Et pourtant, le périple part sur de bonnes bases : une trentaine BWFK est au départ, ça discute, ça refait le monde, le championnat et les derniers matches… Les glacières essaient de se cacher dans les coins, mais elles sont régulièrement agressées. Finalement, les gens semblent contents d’aller enfin suivre un match dans un vrai stade de football. Et puis va savoir… Un goal sur un contre, puis on satellise le ballon pendant le reste du match à onze derrière, ça s’est déjà vu. Et les plus anciens de se remémorer une victoire à l’Espenmoos 2-3, après que le LS ait mené 0-3 à la mi-temps et miraculeusement tenu le score dans une ambiance de feu.Une bizarrerie tout de même, la sécurité qui nous fait parquer à un kilomètre du stade et escorter par un bataillon formé d’un gars tout seul. On attendait un autre niveau de professionnalisme de ce côté. Ceci dit tout se passera dans le calme, malgré les petites arnaques : on se fait racketter de 25 francs pour entrer, et sur place tu dois pré-charger une carte de débit pour pouvoir acheter une bière… Malins les gens, parce qu’à cinquante Lausannois au total, cela a été possible pour tous de se faire rembourser le solde à la fin du match, mais quand les visiteurs sont 500, j’imagine aisément que les consommateurs rechignent à faire 45 minutes de queue pour récupérer les quelques francs sur la carte. Tout bénéf, et vive le football business.
La petite troupe de Lausannois, complétée par une dizaine de Rabiosos, quelques potes de la BierKurve de Winti et quelques indépendants se compose donc d’une cinquantaine de bleus et blancs. Et là, alors que l’évolution du score aurait pu rapidement éteindre toute velléité de se faire remarquer, se produit le miracle en quatre temps.
Premièrement, le stade donne envie de se secouer : il y a du monde, il y a un vrai groupe en face… Pas question de faire de la figuration.
Deuxièmement, malgré le fait que Saint-Gall est clairement et objectivement plus fort, il n’y pas réellement trois buts d’écarts à la mi-temps au niveau du jeu et des occasions. Les verts ont planté trois goals sur quatre occasions et eux savent tirer les corners, c’est au moins sûr. Mais en face le LS a essayé comme il a pu et s’est également montré dangereux. Il est vrai aussi qu’il est impossible pour les Vaudois de faire moins bien que lors du non-match scandaleux contre Servette et que les fans ont appris à se contenter de peu. Reste qu’il n’était pas question de laisser tomber l’équipe en seconde période.
Troisièmement, à la pause, il y eu une faille spatio-temporelle dans laquelle s’est engouffré un improbable supporter du LS des années 60. Affublé d’un T-shirt hors d’âge, parlant un suisse-allemand approximatif et représentant à lui seul un vibrant plaidoyer pour les médecines complémentaires, ce gars débarque dans notre bloc, entreprend de nous serrer tous un à un dans ses bras, pousse quelques braillées dans un sabir indéfini et décide que c’est sa tournée… De fait, il nous a au bas mot payé une quarantaine de bières, en trois vagues. Voilà la meilleure façon de claquer sa rente AI, et de relancer la machine auprès des plus motivés – qui soit dit en passant avaient besoin de tout sauf de quelques bières de plus.
Quatrièmement, une bonne grosse pluie bien horizontale vient réveiller les plus saouls d’entre nous. Le groupe se resserre, il s’agit de bouger et de ne rien lâcher pour ne pas geler sur pied, les T-shirts volent (quelques slips aussi en fin de match, mais ça n’a rien à voir) et finalement le résultat est presque parfait, offrant en spectacle la troupe de Lausannois la plus déchaînée depuis bien longtemps. En ces temps où le moral des supporters avait atteint une profondeur pélagique, et malgré une défaite de plus, rien de tel que ce type de délire collectif pour ressouder un groupe.
Le retour est dans la lignée du match, poussant visiblement à la limite les réserves nerveuses des deux chauffeurs et préparant de joyeux maux de tête le lendemain. Même les plus maussades en raison de la défaite finiront par rejoindre l’inarrêtable farandole des copains.
Et sur le plan du football alors ? Eh bien pour une fois je n’ai pas envie de discuter du dispositif mis en place par Dragani, de la pertinence d’un changement, du rendement d’un joueur, de m’énerver sur une action ratée, de maudire une passe approximative. Un match du LS n’est jamais vraiment un match sans enjeu et mérite toujours une analyse, mais pour la première fois depuis des mois je me suis réveillé dimanche en étant Président du Blue-White Fanatic Kop et en ayant l’impression que cela signifiait quelque chose. Alors je vais savourer cela encore quelques jours, si vous le voulez bien.
Photo Muntwiler Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Saint-Gall – Lausanne-Sport 4-0 (3-0)

AFG Arena, 13’033 spectateurs.
Arbitre : M. Rogalla.
Buts : 20e Caceres 1-0. 38e Merenda 2-0. 45e Muntwiler 3-0. 76e Muntwiler 4-0.
FC Saint-Gall : Lopar ; Zellweger, Garat, Schenkel, Fernando, Zé Vitor (72e Ciccone), Kollar, Muntwiler, Hämmerli (60e Weller), Caceres, Merenda (60e Costanzo).
Lausanne-Sport : Debonnaire; Barroso, Malacarne, Diogo, Sonnerat, Carrupt (73e Hélin), Marazzi (83e Gabriele), Basha, Pasche, Boughanem (62e Mobulu), Pimenta.
Cartons jaunes : 21e Diogo, 80e Basha.