Avis aux fins connaisseurs du hockey de ligue B, ne vous laissez pas berner par les médias spécialisés et autres Ducarroz : en l’emportant deux fois en prolongations et deux fois largement par deux buts d’écart, Ajoie a surclassé les Red Ice qui ont fondu promptement devant les finaudes tactiques apprêtées par Jan Tlacil et implémentées par leur sans-façon de James Desmarais. Bien fait pour Martigny, car comme disent les fins connaisseurs du EHC Vischp : «Das Zentrum des Iesch Hockrrreeys im Wallis isch in Vischp, doch nüt in Martinachhh, ein ridikuloser Krlub ohni Tradizion, ah, ah, ah !» Vérifions juste tout cela.
Tlacil, le téméraire tacticien tchèque
Emmenés par Jan Tlacil, le meilleur tacticien que la Ligue B ait connu depuis sa création — à part René Grand –, les Ajoulots ont fait ce qu’ils ont voulu face à Martigny, emportant ce quart de Ligue B sur un sec et sonnant 4 victoires à 2. Pouvant compter sur quatre lignes redoutables (dont une laissée en permanence avec leurs Juniors Elites), les Ajoulots ont su utiliser parcimonieusement le duo Roy-Desmarais qui ne scora seulement que 10 points en 6 matchs contre 20% de plus pour les compères Charpentier-Sirokovs. Cette manœuvre visant à économiser les vives forces étrangères du Voyebœuf avait sûrement pour but de mieux mettre en valeur les talentueux viennent-ensuite en provenance du Gerber Land (Mäder et Lüthi). En sus, pour s’affaiblir suffisamment et ne pas surclasser les minots d’Octodure, le directoire de Porrentruy n’avait pas hésité à enrôler Fadri Lemm, un boulet venant de Thurgovie qui n’a pas déçu son monde en marquant uniquement deux buts confus au Forum.
Certains supporters d’Ajoie prétendent que leur équipe a mal manœuvré leur série en offrant les victoires au Red Ice lors du premier (2-6) et du cinquième match (3-4) soi-disant volé par Portmann à 22 secondes de la sirène finale. Mais que nenni, ô supporters jurassiens car comme le souligna Tlacil, ces deux offrandes aux Octoduriens n’étaient qu’un fourbe leurre concocté sciemment afin de mieux rabâcher les automatismes d’une première ligne en sous-régime durant le championnat initial et pour aider un Stéphane Roy en petite forme depuis les Fêtes. Décontenancés par ce subterfuge tlacilien, les Red Ice ne pouvaient que perdre leurs bretelles, tétanisés par le simple fait de devoir gagner au moins une fois devant leur exigeant public.
Autres méthodes, saugrenues pour certains, géniales pour d’autres, ce sont les deux victoires ajoulotes après seulement 48 et 61 secondes en prolongations. On veut bien offrir un peu de suspens en Ajoie mais il faut aussi savoir respecter les heures de sommeil des supporters. De toute façon, Sigrist et Desmarais savaient d’avance que l’excellent Todeschini allait tôt ou tard soit partir à cupelet, soit repousser du tibia un puck dans la canne du brillantissime casque d’or 79. D’après l’inégalable Tlacil, rien de mieux qu’un scénario à la Die Hard pour bien foutre la pression sur l’ensemble noir et jaune qui avait tout (trop ?) gagné durant le championnat et qui se devait de se préparer convenablement pour la rude furia de Malley, voire pire : celle des Mélèzes.
Pour couronner ces ambitieuses tactiques, avec une régularité digne d’une montre Herbelin, les défenseurs (dont les traîtres d’Urso et Hostettler) ont laissé activement revenir les Red Ice dans les matchs que les Jurassiens survolaient pourtant de la crosse et des épaules. A nouveau, Tlacil avait une explication toute prête pour expliquer ce plan perfide : «C’est pour que Mischler prenne plus de shoots et qu’il se mette véritablement en mode play-off pour quand de vrais attaquants se présenteront devant lui». Pas sympa pour les Wirz et Dälher qui firent l’effort de marquer entre les jambières du gardien du coin, mais à l’école tchèque, on n’est pas en play-off pour se faire des amis.
Desmarais se surpasse
S’il est un joueur qui ne laisse personne indifférent, c’est bien le numéro 79 d’Ajoie. Adulé par certains (les connaisseurs) et conspué par d’autres (les connards), le Canadien a de nouveau survolé en maître cette série. Partageant de manière métronométrique les shifts avec ses coéquipiers, Desmarais a été la quintessence de la sportivité sur la glace. Plusieurs épisodes durant le quatrième acte illustre ce propos à souhait. Lorsqu’il fut fort injustement pénalisé par les arbitres à la 33e minute, James regagna illico le banc des pénalités. Jamais il ne lui serait venu à l’esprit d’aller provoquer sournoisement Dave Sutter (en lui susurrant des gentils mots colorés à l’oreille) pour que le Valaisan se prenne à son tour une punition. Puis en fin de match, Desmarais se comporta en gentleman sur son banc lorsqu’il vint accidentellement fracasser sa canne sur les tribunes du Forum. En fait, Sa Sainteté James voulait juste donner un petit signe d’encouragement aux spectateurs afin qu’ils soutiennent plus vigoureusement leur équipe en difficulté. Incontestablement, le HC Ajoie tient là une toute grande sommité qu’on placerait volontiers dans le même panier que les Doug Honegger, Shawn Heins et autre Fernando Heynen. Un compliment qui en jette vraiment.
Martigny, meilleur club valaisan de Ligue B
C’est des combines à s’en arracher les queues de renard des Subaru, mais les joueurs d’Albert Malgin ont réussi à s’auto-saborder en perdant astucieusement leurs trois rencontres à domicile. Le pari de réparer le bancal power-play à la va-vite ces deux dernières semaines aura donc été perdu, au grand désespoir du double millier de spectateurs qui étaient venus tester l’opulent Forum Communal. Tendus comme les slips à DSK et éreintés tel un Daniel Brélaz à l’arrivée d’un Sierre-Zinal, les Rouges Glaces ont laissé filer le quatrième match en partie à cause de pénalités fantasmagoriques dictées par l’arbitre Mollard pour qui le body-check «du cul» est devenu une obstruction pénale. A noter un autre épisode navrant où Stämpfli se crut malin de marquer en tirant dans les fesses de Todeschini depuis derrière la cage. En note de style, c’est le sublime Sirokovs qui enleva méritoirement la mise en plantant deux petits bijoux superflus sur des passes au millimètre du besogneux Charpentier.
Après ce revers semi-mérité, le cinquième épisode dans le Jura ne pouvait que revenir aux hommes de la Batiaz. Bien qu’encaissant un énième con de but en début de match signé Mäder, les Octoduriens furent ramenés à bon port par la moustache frétillante de Valentin Wirz (deux buts) et l’opportunisme de Rolf Portmann. Ce faisant, les hommes de Malgin répondirent de la meilleure des manières aux 3’000 supporters d’Ajoie qui demandaient vertement quelques jours auparavant au Forum : «Mais ils sont où ces Valaisans ?»
La sixième accolade jurasso-valaisanne allait vraiment démontrer qu’aucune des deux équipes n’étaient à leur place au terme du championnat courant, tant la partie fut serrée. Si Ajoie partit tel un lièvre de campagne, bien emmené par le virevoltant Mottet, le feu HC Martigny déboula en mode tortue pour détraquer le totomat grâce à leur solide capitaine Portmann et à un but angulaire de Sirokovs à quelques encablures du terme. Le Letton s’assura par là même un contrat mérité pour la saison prochaine grâce à des play-off de toute belle facture comptable (6 points) et à un nombre kervélien d’engagements gagnés en zone offensive.
On connaît trop bien la suite de la brève prolongation qui s’en suivit : Todeschini qui repousse l’ultime puck de la longue saison 2012/13 et l’autre mangeur de foin qui passe par là. Dur, vraiment dur pour Martigny. Mais, juste, vraiment juste juste pour Ajoie.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch
Soyez le premier à commenter