Les jeux du cirque : Le Hobby-Horsing

J’ai reçu plusieurs mails de lecteurs m’encourageant à me pencher sur la discipline la plus « What the fuck » du moment, le hobby-horsing. J’ai malgré tout longuement hésité : les différentes vidéos ont un tel potentiel comique que je ne voyais pas comment rivaliser dans un article. C’est pas très sympa d’inventer des sports qui se ridiculisent tout seul, après je me sens inutile.

A mi-chemin entre le air guitar, un happening du mime Marceau et les Silly Olympics Games des Monthy Pythons, le hobby-horsing consiste à faire du cheval sans cheval, en remplaçant la monture par un bâton sur lequel on a planté une tête de canasson en peluche.

Au départ c’est donc un jeu pour les plus petits, qui a été détourné en sport par les plus grands. La première gêne que nous ressentons en voyant les images des pratiquants vient probablement de là : cela semble aussi déplacé qu’une course d’adultes en youpala.

Mignon…

Euh… Comment dire…

On dénombre semble-t-il au moins 10’000 adeptes de ce sport, qui regroupe les disciplines traditionnelles de l’équitation : course, saut d’obstacle et dressage. Le hobby-horsing est principalement populaire dans les pays nordiques, et particulièrement en Finlande. Là-bas,  la «saison» s’est achevée fin avril par le championnat national, auquel participaient 200 concurrentes rescapées des sélections locales puis régionales, devant des milliers de spectateurs. Du tout sérieux, donc.

Alors bien sûr, la démarche que leur donne le fait de se carrer un manche à balai entre les cuisses suffirait à elle seule à se moquer. Elles rejoignent ainsi les pratiquants de quidditch dans le grotesque. Mais après tout, des sports bien plus mainstream forcent à une démarche ridicule : il me suffit de regarder une épreuve de marche avec toutes ces athlètes en mini-short qui tortillent du cul pour tester la vigueur de mon hétérosexualité (j’avoue que le fait que j’aie choisi un extrait d’une compétition féminine lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse aide aussi un peu).

Le deuxième facteur de gêne vient du fait qu’on pressent bien, en regardant les images, qu’il y a quelque chose qui cloche : le hobby-horsing est au départ une thérapie. A cet égard, le visionnage du trailer du film « Hobbyhorse Revolution » est très éclairant. Et dans le même temps vous constaterez que, si la France à un incroyable talent, grâce à Elsa la Finlande a un incroyable talus.

C’est le fait de prendre une thérapie et d’en avoir fait un sport qui crée le décalage. Prenez par exemple le film « Le huitième jour ». Vous vous souvenez la scène mythique durant laquelle le comédien trisomique Pascal Dusquenne enlace un arbre en lui déclamant son amitié ? Eh bien nous pourrions tout à fait considérer que c’est une séance de hobby-câlining avec un gros bâton, et lancer un championnat en Mongolie. Ça ne serait pas tellement différent (ni beaucoup moins télégénique).

Thérapie…

Euh… Comment dire…

Enfin, le troisième élément accablant est que ce sport truc se revendique féministe.  Vous pouvez vérifier : c’est à partir de 01:07 dans la vidéo ci-dessous.

Je veux bien entendre qu’aucun garçon n’acceptera de se ridiculiser en enfourchant un manche à balai pour aller hennir au clair de lune, mais je ne vois pas en quoi le fait que cette occupation soit essentiellement prisée des filles lui donne un agenda féministe. Simone de Beauvoir, Taslima Nasrin et Elisabeth Badinter sont probablement fières de vous, les inventeuses du air-féminisme de carnaval.

Féminisme…

Euh… Comment dire…

Bref, nous sommes donc en présence d’une thérapie ridicule, devenue sport ridicule, avec des pratiquantes ridicules qui ont des revendications ridicules. Sans contestation directement sur le podium des Jeux du cirque. Si vous connaissez un autre sport capable de détrôner celui-ci, continuez à me les signaler sur info@carton-rouge.ch, je me régale !