Costa ConcoRica

Fringant, à la surprise générale, lors de la dernière Coupe du monde en 2014, le bateau costaricien ne semble plus flotter aussi bien quatre ans plus tard. Au mois de juin, Neymar, Haris Seferovic et Aleksandar Prijovic sont appelés à couler l’embarcation des Ticos. Le naufrage est annoncé avant même le début de la compétition.

Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe ?

Alvaro Saborio. Nous avons eu la chance de voir évoluer dans notre championnat ce grand attaquant qui s’était révélé sur le banc du Costa Rica lors du Mondial 2006. Comment ne pas aimer un joueur, et avec son pays, qui cadrait aussi facilement le gradin nord de Tourbillon qu’il chauffait, whiskey en main, toutes les petites lors de soirées endiablées sur les dancefloors de Martigny à Lausanne en compagnie de son fidèle « alcoolyte » Obinna Nwaneri.

Comment se sont-ils qualifiés ?

En prenant la 2e place du très relevé groupe de qualifications de la zone Concacaf derrière le Mexique. Les joueurs d’Oscar Ramirez ont fait la différence lors de leurs deux rencontres face aux Etats-Unis 4-0 et surtout 0-2 sur les terres américaines. Bon après, mettre une rouste à une équipe composée de joueurs qui rencontrent Philippe Senderos tous les week-ends, ce n’est pas un monstre exploit.

Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Il y a autant de chance de voir le Costa Rica sur le toit du monde que Lausanne champion de Suisse en 2019 ou Yannick Buttet emballer Emily Ratajkowski. L’imposture 2014 est terminée. On parle tout de même d’une nation qui footballistiquement n’a pris qu’un point au Panama (Oui… le but fantôme de Gabriel Torres) et qui a également perdu contre la Hongrie en amical. Quoique Djourou et Schär seront bien capables de nous inventer un petit suspense.

Présente-nous la star de l’équipe.

Le monde entier serait tenté de citer Keylor Navas et Yeltsin Tejeda qui ont la chance d’évoluer sous les ordres des Zidane. Mais la véritable star des Ticos est le capitaine Bryan Ruiz : 32 ans et 107 sélections en équipe nationale. Contrairement à Seferovic au Benfica, l’ailier gauche est titulaire dans un club réputé de Lisbonne. Bon seulement depuis la nouvelle année. Toutefois, le garçon est aussi réaliste devant le but que le grand Haris. Du coup, je vous invite à regarder cette vidéo de ses plus belles actions recensant ses magnifiques loupés à 5 mètres du but et un florilège de trois corners plus ou moins bien bottés.

On parle du football costaricien, mais il ressemble à quoi le championnat du Costa Rica ?

La Primera Division recense douze équipes dont les mythiques Alajuelense, Herediano et Saprissa qui cumulent 88 titres à eux trois. A l’image de ce qui peut se faire en Amérique du Sud, le Costa Rica a adopté le système de deux championnats saisonniers depuis une quinzaine d’années: apertura et clausura. Encore plus fourbes que Freddy Rumo, les dirigeants de la Fedefutbol ont cependant beaucoup d’imagination et se sont amusés à rajouter encore une phase finale. Accrochez-vous! Les quatre premiers de la saison régulière se rencontrent à nouveau en match aller-retour avec les points remis à 0. Si l’équipe qui s’impose lors de cette seconde phase est aussi celle qui a remporté la première, elle est déclarée championne. Si tel n’est pas le cas, les vainqueurs des deux phases s’opposent dans une Finalissima en match aller-retour ! Je pense que l’on tient un prix Nobel pour réformer la Super League!

Au fait, c’est qui la personnalité costaricienne la plus célèbre du monde ?

Un fameux top 10 des célébrités costariciennes a été établi par un site de… recherche d’emploi. Si on y retrouve Paulo Wanchope (5e), Kaylor Navas (7e) et Joel Campbell (10e), deux charmantes demoiselles autant chanteuses, qu’actrices et mannequins trônent en tête de ce classement: Maribel Guardia et Debi Nova. Elles devancent l’astrophysicien Franklin Chang Díaz qui possède rien de moins que le record de sorties spatiales pour la Nasa. C’est comme si Lauriane Gilliéron était plus populaire que Claude Nicollier. Comment ça, c’est déjà le cas?

Plutôt à l’aise balle au pied la charmante Debi Nova. On attend sa sélection dans les 23 pour la Russie !

Faites-nous rêver avec le Costa Rica, mais dans un autre sport.

Au Costa Rica, soit vous faites du football, soit du surf. Après il y a toujours un type, gringalet, qui se prenait des ballons dans la gueule dans les rues de San Jose et qui ne savait pas nager. Du coup, Andrey Amador s’est mis au cyclisme et est devenu le premier Costaricien à porter le maillot de leader d’un grand tour. C’était au Giro en 2016.

Au fait, ça mange ou ça boit quoi les Costariciens ?

Ca bouffe du riz, des haricots, des mangues, du riz, des haricots, du poulet, des tacos, du riz, des haricots, des oeufs et l’un ou l’autre petit poisson. Du coup pour tenir le coup, ils se gavent de café, l’un des meilleurs du monde il paraît car il pousse à flancs de volcans, le tout arrosé de bières et de Guaro, le rhum local.

Une coutume surprenante de ce pays ?

En plus d’être un pays non-fumeur, le Costa Rica ne possède plus d’armée depuis 1948. Les armes ont été interdites. Et les Costariciens s’en portent très bien. Hasard ou coïncidence, les types sont les plus heureux du monde selon National Geography. «Pura Vida», comme ils disent.

Ton pronostic ?

Après une défaite 1-0 contre la Serbie sur un centre-tir de Prijovic, les Ticos arrachent le nul contre le Brésil 0-0. Hélas, irréprochable jusqu’ici, Navas commet sa petite bourde du tournoi contre la Suisse. Perturbé par le pressing de Seferovic suite à une passe en retrait, le gardien du Real manque le ballon qui roule tranquillement dans la cage vide pour le seul but du match.