A Montréal, c’est Bell et bien différent

Lors de vacances à Montréal, j’ai eu la chance d’assister pour la première fois à un match de NHL entre les Canadiens de Montréal et les Ducks d’Anaheim. Supporter du Lausanne HC et visiteur occasionnel de la patinoire de Malley, j’ai pu tout de même noter quelques différences en traversant l’Atlantique. Vous connaissez certainement quelques clichés du sport nord-américain mais en tant qu’envoyé spécial pour Carton-Rouge, je vous propose, chers lecteurs, une petite comparaison.

Pour commencer, on remarque déjà une différence depuis chez soi, au moment de prendre les billets. Les prix fluctuent en fonction de l’importance du match et même si certains se plaignent des prix pratiqués dans la capitale vaudoise, je vous assure que les tarifs Outre-Atlantique sont bien plus élevés. Plus de 70 dollars canadiens (un peu plus de 55 CHF) pour une place dans le dernier secteur. Mais quand on aime, on ne compte pas et pour un touriste qui aime le sport, pas moyen de louper ça. Tout simplement parce que c’est mythique. Il faut avouer que lorsqu’on pénètre dans le Centre Bell, la plus grande patinoire du monde, on a les frissons. Le stade est juste gigantesque et on en prend plein les yeux.

Le Centre Bell, c’est quand même la classe

Avant le début du match, un énorme light-show suivi des deux hymnes nationaux nous fait entrer dans l’ambiance et on sent que la ville entière vibre au rythme de son équipe. Des inscriptions sur les bus les jours de matchs, des pulls et des bonnets à l’effigie des Canadiens partout, on remarque vite que les matchs sont plus suivis que ceux du Lausanne-Sport. Pas compliqué me direz-vous. Les joueurs entrent, musique à fond et cris dans le stade.

Light-show d’avant match

Puis la partie commence et… plus rien. Le beau monde parfait que je vous ai décrit qui donnait l’impression qu’un match à Malley était une expérience aussi plate que la poitrine de Jane Birkin a tout de même ces défauts. Pas de chant, pas de cri, juste le son du puck que l’on entend parfaitement grâce aux micros près de la glace et un léger brouhaha de fond. On ferme les yeux et on a l’impression de se retrouver devant sa télé, sans les commentaires. Les seuls moments où le public s’enflamme c’est lorsque les écrans géants affichent : « Faites du bruit ! », les supporters n’étant apparemment pas assez grands pour prendre l’initiative de le faire seuls. Évidemment que les actions chaudes et les beaux gestes sont salués, n’exagérons rien. Il y a tout de même plus d’ambiance que lors d’une messe (bien que les chips et le coup de blanc ne soient pas offerts à la fin). Les buts sont aussi célébrés avec des « Go Habs Go ! » qui résonnent dans la patinoire et qui font chaud au cœur. Je savais que les Nord-Américains voient le sport comme un divertissement où l’on va en famille manger des saucisses et du pop-corn mais je vous assure que ça fait un peu bizarre.

L’ambiance, ça ressemble à ça…

Heureusement, on a tout intérêt à garder les yeux ouverts. Même depuis des places en hauteur on voit très bien le match et malgré que les Ducks d’Anaheim n’ont pas montré une grande résistance (Montréal a largement dominé tout le match), le niveau de jeu est assez exceptionnel. Le puck est collé à la canne (ou plutôt « la rondelle est collée au bâton » chez les Québécois), les passes sont rapides et précises, les mecs sont pas là pour « niaiser ».

Dominateur, Montréal ouvre le score après 7 minutes et les écrans affichent un gros logo McDonald’s. Tout simplement parce que lorsque Montréal ouvre la marque à domicile, on a le droit à une portion de frites gratuites chez McDo sur présentation du billet ! Certainement une action de www.mangez-bouffez.ca. Plus cliché, tu meurs. Score final du match : 4-1 pour les Canadiens, dommage un 5ème et c’était les wings de poulet gratuits dans un autre fast-food (véridique). Le sport business est poussé à son paroxysme. De nombreuses places sont prises par des entreprises qui amènent leurs clients pour signer de gros contrats, il y a des interruptions de jeu pour les pubs à la télévision, on change les annonceurs sur le bord de la glace entre deux tiers-temps pour optimiser le placement.

Au contraire de ce qui se fait en Suisse, ou que certaines patinoires essaient de mettre en place, les interactions avec le public du style « Kiss Cam » ou « Dance Cam » fonctionnent très bien et sont sympathiques. Bref, tout ce que l’ultra de la « Section Ouest » lausannoise a peur de voir arriver dans la nouvelle Vaudoise Aréna. Je me permets de finir avec une dernière anecdote qui m’a fait sourire. Le « piano cliché américain » n’est pas une bande sonore préenregistrée. Une femme joue vraiment du piano sur 4 claviers différents. J’ai trouvé sympa bien que la fille doit avoir un peu les boules d’avoir fait 15 ans de conservatoire, s’être tapée tout Liszt et Chopin pour finir au Centre Bell.

Je n’en ai pas vu à Montréal…
P.S. ce ne sont pas les nouveaux conseillers fédéraux qui prêtent serment
Photo de la Section Ouest du Lausanne HC

Mises à part les règles du jeu, le hockey suisse et le canadien n’ont donc pas grand chose en commun. Malgré ces quelques critiques ou constatations, je sors du Centre Bell très heureux et avec plein de souvenirs. Je ne peux que vous conseiller l’expérience si vous vous décidez à traverser l’Atlantique. A noter que même si j’aime bien pousser la chansonnette lorsque je me rends à Malley et que j’y sors régulièrement avec la même voix qu’un fumeur, je ne suis pas un ultra et je ne me mets que rarement à torse nu au match n’ayant pas la possibilité de montrer l’écusson du club tatoué sur mon bras. Il est certain que le côté VIP, pop-corn ou encore tout pour le sponsor ferait vomir tout supporter ultra et que le Centre Bell est sûrement une Kryptonite très puissante pour bon nombre d’entre eux. Mais le supporter occasionnel y trouve largement son compte et passera une bien Bell soirée dans ce temple du hockey sur glace.

A propos Valentin Henin 67 Articles
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5 Commentaires

  1. Merci Val pour cet aperçu et la justification d’une partie des 2.2 To de CO2 pour le vol. Qu’en est-il du jeu ? Plus viril ? Plus rapide au vue de la différence de la taille de l’air de jeu ?

  2. La faiblesse d’Anaheim ne m’a malheureusement pas permis de vraiment juger l’intensité de jeu.
    Je peux tout de même affirmer que le jeu est plus rapide, les passes plus précises, les sorties de zones plus propres et surtout le contrôle du puck meilleur. Les passes sont très rapides mais le puck reste collé à la canne lors de la réception.
    Une expérience que je conseille à tout le monde même si l’empreinte carbone d’un tel voyage est aussi noir que la couleur du puck.

  3. Cela me fait rire qu’on puisse encore comparer l’incomparable…C’est comme comparer une Ferrari avec une Renault Twingo (spectacle, niveau de jeu, vitesse, exécution, taille de la glace). Le hockey est une religion à Montréal, les gens respirent hockey. Quand tu as la chance de voir un match de Playoffs à Montréal, tu ne peux plus retourner dans une patinoire (grange) helvétique.

    • gary, force est de constater que pour l’ambiance durant le match, il vaut mieux aller dans une grange suisse que dans une grande patinoire d’Amérique du Nord. pour tout le reste, par contre…

  4. Cela me fait penser aux commentaires que les NHLeurs avaient lors du lock out. Les patinoires étaient plus petites, moins modernes, etc mais tous étaient étonnés de l’ambiance durant les matchs. Ils disaient qu’on était vraiment des fous… Humf…

    Sympathique article en tout cas.

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