Le petit musée des erreurs

Ah, il est pas un peu beau ce foot business du 21e siècle où tout article de merchandising est bon pour venir faire cracher au bassinet les férus supporters, en commençant par les tuniques de leurs joueurs préférés. Fini le bon vieux temps où le Prince Rainier demandait à sa « bonne femme » de redessiner le maillot de l’AS Monaco. Désormais, tout se joue dans les bureaux des agences de pub, avec des créatifs qui vivent sous la menace des sponsors et des directeurs commerciaux des grosses capitalisations du foot mondial pour créer un petit musée des erreurs. On vous y emmène à la sauce Carton-Rouge.ch

VFL Bochum (1997)

Vaquant sur les plages majorquines juste revêtus d’un slibard et de chaussettes & Birkenstock, les Allemands ont une réputation qui les précède au niveau des tenues exotiques. Donc aucune surprise quand un Lagerfeld en herbe réussit à nous raccommoder le maillot bleu du VFL Bochum de la saison précédente avec quelques drapeaux récupérés dans les caniveaux de la Street Parade zurichoise. Un maillot disponible également en blanc ou rouge qui reste, sans aucun doute, le plus grand ennemi des commentateurs daltoniens d’outre-Rhin.

Athletic Bilbao (1997)

Pour marquer le centenaire du club, le Président du club basque d’alors eut la brillante idée de demander au Picasso local (Dario Urzay) de créer un maillot « mémorable ». Inspiré par une œuvre (!) aperçue au Musée Guggenheim, l’artiste sortit son pinceau pour nous créer une tunique « Ketchup » ou plutôt une sorte de labyrinthe de boyaux qui semble droit sorti de la traditionnelle corrida dominicale. Note pour les antispécistes : ce maillot est disponible sur eBay pour 600 Euros. Cherchez pas, c’est de l’art, et vous ne pouvez pas comprendre.

Wolverhampton (1992)

Certainement un peu lassé du sempiternel orange qui enrobe ces Wolves depuis des lustres, Goodyear ne trouva rien de mieux que de venir saloper leur pull avec des traces de freinage qui ont fait la réputation des nombreuses chiottes turques parquées le long des plages de la Méditerranée. Un truc me chicane toutefois : au niveau de la manufacture du maillot, comment sont-ils parvenus à apposer ces marques de caoutchouc noirâtres sur ce « noble » tissu. Peut-être en lançant des dizaines de Portugais au volant de vieilles Mercedes sur des autoroutes de tissu en leur demandant de faire des freinages d’urgence ?

OGC Nice (2010)

Dior, Channel, Jean-Paul Gaultier : la France possède probablement plus de créateurs de mode que de gilets jaunes. C’est dire si l’on est consterné par la décision des dirigeants azuréens de valider ce jeu de maillots qui ressemble bien plus aux tuniques qui enrobent les pensionnaires de Fleury-Mérogis qu’au pyjama porté par Stan lors de son triomphe à Roland Garros.

Porto (2015)

Bleu, blanc, la couleur d’une bouteille de Porto ou d’un bacalhau… bref, y avait de la place pour être imaginatif et utiliser des couleurs locales afin de créer une tunique originale pour le Futebol Clube do Porto. Et que non… le créatif de New Balance vissé devant son Mac au QG de Boston décida de donner naissance à un maillot Ragusa pour les sociétaires de l’Estádio do Dragão. Une espèce de belle merde agrémentée de lattes beiges qui ne fit vraiment pas long feu dans la boutique du club portugais.

FC Sion (2016)

Toujours à l’affût d’une belle affaire financière (en dehors du bétonnage de zones industrielles à travers toute la Suisse), CC se sentit pousser des ailes lorsqu’il réussit à faire le buzz avec un immonde maillot camouflage utilisé par ses fillettes exclusivement lors des matchs de Coupe. Déjà très habitués à être invisibles sur le terrain, ses joueurs firent honneur à cette tunique qui disparut des rayons des Migros Sport XX aussi vite que les pions à Constantin se firent bouter hors de la Coupe de Suisse.