Pigeon de juin 1 : Sepp Blatter

La FIFA est une fédération puissante par son argent et puante par l’usage qu’elle en fait. Depuis des lustres, elle a vu ses présidents être à la tête d’organisations mafieuses. Le principal scandale qui touche la fédération et qui ne cesse de s’accroître est la corruption. Cette dernière existe depuis les jeux thématiques de la Grèce antique mais a aujourd’hui pris le dessus sur le football. La venue d’Infantino n’aura rien changé de ce point de vue, tant le problème y est ancré. L’actuel président dirige la FIFA depuis 2016 et a succédé à Blatter qui avait remplacé Havelange en 1998. Les problèmes notamment de corruption de la FIFA n’ont heureusement jamais été aussi auscultés qu’à ce jour. Les faits ressortent de plus en plus et de mieux en mieux. Sepp Blatter, qui fait l’objet de cette nomination aux pigeons, est un vulgaire poisson parmi d’autres qui tente de se débattre dans un filet dont les mailles se resserrent.

Il y a quelques semaines, Sepp Blatter a déclaré être touché moralement par des gestes de l’actuel président Infantino. Le pauvre Blatter se plaint auprès de la FIFA que des chiffres publiés à propos de rançons reçues en 2014 seraient erronés. On parle ici de 12 millions de francs. L’homme de 83 ans estime qu’Infantino aurait de ce fait causé du tort à sa famille.

La vérité est que Blatter ne sait plus comment s’y prendre pour se défendre. Que représentent pour lui ces 12 millions ? Absolument rien. Si ce n’est un moyen médiatique et symbolique de contredire l’homme qui lui a pris son poste. On en arrive à presque éprouver une certaine empathie pour le bonhomme qui ne pourra aucunement sauver son image même en remportant éventuellement son duel contre Infantino. Or, il est bien trop tard, Joseph Blatter.

J’ai tellement voyagé dans ma vie qu’aujourd’hui je suis content de découvrir la Suisse et de rester dans mon pays. Je veux mourir en paix et non pas à la FIFA.

La réputation de la FIFA est depuis longtemps salie par la tricherie. A l’image de Havelange, Blatter s’est frotté les mains pendant des années en empochant des primes ça et là. A présent qu’il se rend compte qu’il a commis des erreurs dans le passé, il tente de se racheter en se plaignant de « tort moral » et de mauvaise gestion de la FIFA. Le comble est à son acmé.

L’organisation mafieuse de cette fédération ne changera pas de si tôt. João Havelange, président entre 1974 et 1998, était un homme tyrannique, arrogant qui avait notamment qualifié Pelé de joueur de football banal et Maradona de joueur sans importance pour l’histoire du ballon rond. Il faut le faire quand même. Son instant d’avilissement a été celui du scandale de corruption de la société de marketing ISL ainsi que l’argent qu’il s’est mis dans les poches par le biais de la famille Dassler (Adidas). Sans compter les voix des campagnes électorales à la présidentielle et les contrats de droits TV achetés. Un classique. Mi-temps, prenez un café.

Le dopage n’existe pas dans les sports collectifs comme le football. Mais le football est un sport de tricheurs.

Reprise de la seconde mi-temps. Sept Blatter prend le relais et ternit l’histoire de la FIFA. En 1998, le Suisse dépense 100’000 dollars pour qu’une partie de l’Afrique vote en sa faveur au moment de l’élection.  En 1999 puis en 2006, des journalistes tentent de révéler les faits de corruption du président. Ce dernier aura tenté d’interdire leurs publications, en vain. En 2014, Blatter échappe aux enquêtes sur les travailleurs tués dans le processus de construction des stades au Qatar. Encore en 2014, il est impliqué avec son neveu Philippe Blatter dans un trafic de billet d’entrée dans les stades – notamment au Brésil – pesant jusqu’à 70 millions de dollars. En 2015, Blatter est soupçonné d’avoir blanchi de l’argent dans les dossiers des coupes du monde en Russie et au Qatar. Par la suite, il est coupable d’avoir versé illégitimement un montant de 2 millions à son (ex-) ami Michel Platini. La même année, le Suisse et son bras droit Valcke sont officiellement responsables d’avoir corrompu le dossier du développement du football aux Caraïbes sous la forme d’un versement de 10 millions de dollars. Il est ensuite suspendu 6 ans de ses fonctions d’homme d’affaire au siège de la FIFA. Excusez-le.

Et puis, au fond il n’y a pas que l’argent qui compte. Il y a aussi le refus de Blatter d’attribuer le trophée de champion du monde à Cannavaro en 2006, sa déclaration ahurissante sur le dopage qui n’existerait pas dans les sports collectifs, son invitation aux homosexuels de stopper leurs activités sexuelles durant la coupe du monde au Qatar, sa position incompréhensible sur le racisme qui ne serait pas présent dans le football, sa réélection au siège de la FIFA malgré la tourmente liée à la corruption, son agression sexuelle sur la footballeuse Hope Solo, et sa fameuse sortie sur les joueuses professionnelles qui devaient selon lui s’habiller sexy pendant les matchs. Oui, on est vraiment désolé pour lui. Même Platini ne s’en sort plus depuis son achat de voix aux côtés de Sarkozy pour la coupe du monde au Qatar au détriment des Etats-Unis.

Il n’y a pas de racisme dans le football.

Le vieux Blatter nostalgique et gâteux est revenu les pieds sur terre dans une récente entrevue pour la RTS : « J’ai tellement voyagé dans ma vie qu’aujourd’hui je suis content de découvrir la Suisse et de rester dans mon pays. » Il a ensuite ajouté : « Je ne voulais pas mourir à la FIFA, je veux mourir en paix ».

Comme si son pays avait d’un coup retrouvé de la valeur, plus que tout. Cette paix qui ferait oublier tout le reste. Ne joue-t-il pas avec le conservatisme helvétique dans le but de se racheter ? Terminons ce récit avec la cerise sur le gâteau : « Le championnat suisse s’appelle… je crois la Super League, il est mauvais. Il n’y a plus de moralité dans le football, ce n’est que business » dit-il. Merci pour ta lucidité Joseph.

A propos Thomas Christen 27 Articles
C'est dans la chronique FOOTURO, chers lectrices et lecteurs, que vous en apprendrez plus sur les perfs' actuelles des athlètes suisses qui ont joué les mercenaires du monde. A vous de voir : footuro ou footu pour la Nati ?

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