« Être rémunéré sous forme de saucisses, c’est alléchant »

Dans le sillage de sa promotion en Challenge League, Stade Lausanne Ouchy tente de développer sa communication et de se faire une place dans le paysage footbalistique romand. Très actif notamment sur Twitter, le club manie l’humour avec un talent qui rend ouvertement jaloux le community manager de Carton-Rouge. Rencontre un brin décalée avec le responsable presse du SLO, Benoît Cornut, qui nous parle de son rôle, des petits fours du FC Chiasso et des tongs de son entraîneur.

Le 9 juillet dernier, Carton-Rouge twittait : « Stade-Lausanne-Ouchy cherche un gars ou une gars pour créer un compte Twitter et rentrer enfin dans le 21ème siècle. Rémunération sous forme de bons au stand saucisses. Faire une offre en mp ». Le 1er août, le compte Twitter du SLO était créé. Que s’est-il passé entre temps ?

Tout d’abord, il a fallu rentrer dans le 21ème siècle, donc ça nous a pris deux-trois semaines… Plus sérieusement, l’idée d’un compte Twitter datait d’un moment déjà. Personnellement, je suis arrivé cet été et en discutant avec la direction du club, c’est vite apparu comme une évidence. Et bien sûr, une rémunération sous forme de saucisses était quand même alléchante. Je me voyais mal renoncer à ça.

Tu es vraiment rémunéré en bons saucisses ?

Principalement, oui. J’ai un arrangement avec la buvette de Samaranch et de Colovray, donc ça me permet de manger à tous les râteliers (rires).

Peux-tu nous parler de ton rôle de responsable presse au sein du SLO (il occupe ce poste à 30%) ?

De manière générale, je suis chargé de gérer les accréditations ainsi que les demandes en tout genre de journalistes et de médias. La plupart sont bienveillants, donc on les accepte. On n’a encore refusé personne mais on n’a pas encore reçu Carton-Rouge, ceci explique peut-être cela… (rires) Les jours de match, j’accueille les journalistes accrédités, je leur montre les endroits clés comme la salle de presse. Et puis, il y a la préparation des feuilles de match qui est mon rôle également. En bref : coordonner les relations entre les journalistes et le club. C’est d’ailleurs une exigence de la ligue d’avoir un poste comme le mien dans tous les clubs de Challenge League. En parallèle, je m’occupe de définir la communication du club et, avec une collègue, nous nous chargeons d’animer les réseaux sociaux.

En parlant de Twitter, le premier follower du compte du SLO a été Tim Guillemin. Entre nous, c’est un peu ton idole dans le métier depuis cet été, non ?

Je pense que Tim Guillemin est au courant avant tout le monde dès qu’un compte football se crée, même si ça se passe en 7ème division austro-hongroise. Mais si c’est mon idole ? Nous, on n’a pas encore décidé de boycotter qui que ce soit, mais on peut aussi moins se le permettre que le FC Sion. Quand on sera en première division depuis 10 ans, on boycottera à coup sûr, surtout Carton-Rouge (rires).

Parmi vos followers figurent aussi le FC Bâle, David Lemos et Alberto Mocchi (président des Verts vaudois), qui est le plus utile ?

Ce que je peux te dire, c’est que hier soir (date de la victoire 3-0 du SLO contre Lausanne-Sports), j’ai aperçu David Lemos et Alberto Mocchi à Colovray mais pas le FC Bâle.

Donc vous vous placez officiellement au niveau politique avant les élections fédérales ?

Evidemment ! Plus sérieusement, on ne va pas se plaindre de l’avoir à nos matchs. Il y a peut-être une piste à creuser dans ce sens-là, par exemple inviter le FC Grand Conseil (rires).

Sinon, dans la vie, tu es journaliste tout en étant responsable presse d’un club. Tu n’as pas peur du syndrome Maïque Perez au LHC ?

(Rires). C’est une bonne question. On vient de la même région en plus, donc cela pourrait. Non mais là on parle de vrai sport, on parle de football. Pas d’un truc de vikings qui se passe sur la glace. Donc j’espère que ça va aller.

Comment est-on venu te chercher ?

Premièrement, j’avais la chance d’avoir occupé un poste similaire au Lausanne-Sports, un petit club romand de seconde division suisse, peut-être que cela vous dit quelque chose ? J’ai aussi l’avantage d’être journaliste et de connaitre ma collègue de la communication du SLO qui travaillait au Lausanne-Sports également. Donc il y a eu comme une petite vague de transferts.

On découvre ainsi qu’il n’y a pas que Jérémy Manière qui a suivi ce chemin du LS au SLO ?

Non, il est même arrivé après moi d’ailleurs. Et c’est un plaisir de le retrouver parce que c’est le roi des bons types. Mais au final, on m’a pris parce qu’il fallait quelqu’un. On en revient aux exigences de la ligue. Notre montée a mis du temps avant d’être validée et au final en un mois tu dois trouver un responsable des relations presse, donc ils ont surtout pris celui qui venait (rires).

Honnêtement, quand tu arrives là-bas, tu connais combien de joueurs du SLO ?

Franchement, je suivais déjà bien l’équipe. J’étais déjà allé voir plusieurs matchs la saison dernière et je maîtrisais pas mal l’effectif.

Donc quel numéro porte Quentin Gaillard ?

Le 6, facile.

Revenons à la communication du club. Les réseaux sociaux c’est désormais primordial, même pour les clubs de la taille du SLO ?

Oui, c’est super important, surtout quand tu joues à l’autre bout du canton pendant une saison. C’est vrai que les Lausannois ont peut-être tendance à oublier qu’on vient de leur ville. Mais pour un club avec un petit budget qui vit aussi dans l’ombre du Lausanne-Sports, notamment en ce qui concerne la couverture des médias traditionnels, il faut savoir se démarquer différemment.

Tu parles de couverture médiatique. Par exemple pour le derby SLO-LS, cela représente combien d’accréditations ?

Pour ce match, tu avais Teleclub qui retransmettait la rencontre. Donc tu en as peut-être 25 pour eux. Ensuite, 3 pour le scouting et puis 7-8 journalistes, pas plus. Et c’est sûrement le match où on en aura le plus cette année, donc c’est bien moins qu’à la Pontaise de ce point de vue.

Face à ça, il faut donc une stratégie de communication. Quelle est la vôtre ? J’ai l’impression que le côté humour et « Petit Poucet » ressort pas mal ?

Oui mais en partie seulement car il y la volonté d’être autre chose qu’un Petit Poucet en Challenge League et les résultats le prouvent pour l’instant. Dans l’absolu, c’est clair que quand tu montes, tu ne vas pas commencer à fanfaronner et à parler de promotion. Par contre, on essaie d’avoir un côté décalé au niveau de la communication par rapport à ce qui se fait en Suisse où l’on a tendance à rester un peu traditionnel. On ose espérer proposer quelque chose de différent aux gens, c’est le but. Est-ce que ça fonctionnera ou non, c’est trop tôt pour y répondre.

En tout cas sur Twitter, c’est déjà bien parti. Une vanne sur le Maccabi Haifa dès les premiers tweets et le fameux #lelionnesassociepasaveclelupo. Est-ce que tu t’es déjà autocensuré ?

Une ou deux fois, oui c’est possible. Mais je ne les divulguerai pas et je ne m’en souviens pas de toute façon.

Est-ce que tu fais aussi les déplacements avec l’équipe ? Ça doit être sympa de rencontrer le responsable presse du FC Wil, non ?

Alors, non, pour l’instant c’est ma collègue qui le fait. Mais effectivement, celui du FC Wil est vraiment réputé pour être sympa et c’est d’ailleurs un gros regret de ne pas y aller. Je rate aussi les gros budgets petits fours à Chiasso donc c’est dommage.

Rien à voir avec la discussion actuelle mais quand tu tweetes « Nous sommes ravis de vous annoncer la signature de Konan Oussou en provenance du FC Sion », es-tu vraiment ravi intérieurement ?

(Rires). C’est dur de répondre non après la mine qu’il a envoyée en pleine lucarne contre le LS. Et de ce que j’ai discuté avec lui, il est très humble et très content d’être au SLO même si ce n’était pas son objectif de base puisqu’il avait signé au FC Sion cet été.

Question hautement importante. Est-ce que le groupe vit bien ?

(Rires) Oui, le groupe vit bien. Et autant je te répondais de manière hypocrite jusque-là, autant là je suis sincère. L’effectif a été construit de manière intelligente. Et le coach, Andrea Binotto, tu discutes 5 minutes avec lui, tu te rends compte qu’il a des vraies idées et tu comprends comment il bâtit son groupe. Il y a des jeunes, des moins jeunes, pas mal de revanchards. Il y a une vraie âme.

Justement, le coach, on entend partout des louanges sur lui. Mais il a bien un défaut, non ? Par exemple porter des tongs ?

J’allais exactement parler de ses tongs (rires). Hier encore, après le derby, il les portait. Mais au final, elles lui vont bien. Il a peut-être un côté détaché mais il est très intelligent, il sait très bien ce qu’il fait.

Donc il colle parfaitement à l’image du club ?

Oui, c’est ce que le club essaie de développer. Quand tu montes ça ne sert à rien de faire les malins. Donc il faut bâtir sur le travail et l’humilité. La volonté, c’est aussi de montrer la puissance du SLO au niveau de la formation. On a tendance à l’oublier mais nous sommes le plus grand groupement junior du canton avec 700-800 licenciés. C’est une fierté sur laquelle on veut s’appuyer. Comme je le disais avant, le côté Petit Poucet oui, mais pas que, et loin de là.

« Juste là-bas derrière, c’est Samaranch, à Vidy, où l’on espère jouer un jour »

Venons-en au sujet qui a fait parler : Colovray. On vous connait là-bas ? Ou il y a plus de monde qui va voir le Rugby Club Nyon ?

Heureusement, on ne joue pas en même temps qu’eux (rires). Les premiers matchs, pendant les vacances, on a eu environ 400 spectateurs et là, 2100 contre Lausanne, ce qui est très bien. On peut accueillir 4000 personnes grand max. Mais on est conscients que ce n’est pas cette saison qu’on va ramener des milliers de personnes. Plutôt l’an prochain si on s’est maintenus et qu’on joue à Lausanne car c’est évidemment notre volonté.

D’ailleurs où en est-on dans ce dossier ?

A moins d’une grande manne d’argent de la ville pour refaire l’éclairage de Samaranch, on espère que notre futur s’inscrira à la Pontaise suite au départ du LS.

Mais d’ici là, comment rameuter plus de monde à Nyon ?

Il faudrait peut-être créer une ambiance Paléo sur le parking de Colovray avec le montage du Club Tent qui recouvrirait un bar du FC Gingins. Ou alors faire venir Angèle et Damso. Plus sérieusement, c’est compliqué. Tu joues Chiasso ou Vaduz, s’ils ramènent 15 personnes t’es content et un peu admiratif. On n’a pas d’objectifs au niveau du nombre de spectateurs mais on va essayer d’augmenter petit à petit et de faire venir les Lausannois grâce à nos bons résultats. Et sinon, on espère passer le tour de Coupe contre Kriens car si on se qualifie, on peut espérer accueillir à Samaranch, qui, pour la Coupe, est aux normes*. Cela serait un beau cadeau pour nos supporteurs.

 

*SLO a battu Kriens 4-2 et recevra le FC Bâle en 1/8ème de finale, mais devra finalement les accueillir à Nyon.

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1 Commentaire

  1. Stade Lausanne-Ouchy doit surtout apprendre à rester à sa place : soit un club amateur ou semi-amateur, et formateur. Le club phare du canton est le Lausanne-Sport. Lausanne-Ouchy n’a rien à faire dans l’élite si le LS n’y est pas.

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