L’instant qui trique : Bagarre générale en NBA

Ils sont choux ces Américains. 40’000 morts par année par armes à feu et ça passe crème, mais une petite bagarrounette lors d’un match de NBA en 2004 et ils décident d’en faire un documentaire événement sur Netflix.

Basket-ball:  Sport inventé en 1891 par un prof de gym américain lors d’un jour de pluie pour maintenir l’activité physique de ses élèves tout en limitant les contacts pour éviter les blessures. Rien n’est précisé sur une quelconque interdiction de monter dans les gradins pour frapper des gens du public. Alors les joueurs des Indiana Pacers l’ont fait.

Les grosses bastons dans le sport où le public s’en est mêlé, c’est vieux comme le monde. Je connaissais celle des JO de Melbourne en 1956 opposant l’URSS et la Hongrie au Water-polo ou alors Kung-Fu Cantona en 1995 et encore Nice-OM il y a quelques semaines. N’étant pas spécialiste de basket, je n’avais jamais entendu parler d’un terrible pugilat lors d’un match de NBA entre les Indiana Pacers et les Detroit Pistons en 2004. Netflix en fait un film? Je me dis que ça doit être un événement terrible, je bave d’impatience d’assister à un spectacle digne d’un combat de gladiateurs qui dégénère. Las, à part deux ou trois gifles, un gobelet de bière minutieusement balancé et une chaise IKEA à 9.90 Chf lancée au hasard dans la foule, je suis resté méchamment sur ma faim. J’aurais tout aussi pu aller voir n’importe quel match de foot de 5ème ligue, c’est moins cher qu’un abonnement à Netflix.

Quand Yves Martin vient troller les français sur Netflix.

Le doc laisse la parole aux principaux protagonistes de la bagarre, soit quatre joueurs des Pacers, un “fan” qui est descendu sur le parquet pour en découdre et quelques autres personnes impliquées (flic, procureur, arbitre,…) . Il y a même un sosie d’Yves Martin qui se serait déguisé en supporter français. Tout le début est un interminable blabla de remplissage pour savoir comment tel ou tel joueur a fini par porter les couleurs des Pacers. Le spectateur lambda qui aura aussi suivi “The Last Dance” l’an passé, pointera fièrement l’écran du doigt en reconnaissant Reggie Miller, le sosie d’Obama qui intervient dans les deux documentaires.

Quand tu reconnais Reggie Miller vu dans « The Last Dance ».

Dans une approche typiquement hollywoodienne, chaque joueur est caractérisé de manière simpliste. Il y a Jermaine O’Neal, le gentil bosseur qui en a chié pour arriver là, qui va déraper une fois dans sa carrière et qui ne s’en remettra pas. Puis vient Stephen Jackson, le gars un peu bagarreur qui fume de l’herbe, mais sur qui on peut compter. Reggie Miller donc, le daron, la légende de la ville qui va essayer de gagner enfin un titre, mais qui n’y arrivera jamais. J’ai gardé le meilleur pour la fin avec “Metta World Peace”, oui, oui c’est son vrai nom, enfin après qu’il l’a officiellement changé. Avant c’était Ron Artest. Lui c’est le bad boy, celui par qui tout a dégénéré. Une sorte d’héritier de Dennis Rodman. Rien que le fait d’avoir choisi ce nom, montre que le monsieur a de graves problèmes de santé mentale. Après trente minutes de circonvolutions de mecs assis sur leur canapé dans leur villa de luxe, on passe enfin aux choses sérieuses avec l’analyse de LA BAGARRE!

Image that precedes unfortunate events.

Ce match “infamous”, comme ils disent là-bas, oppose donc les Pistons aux Pacers au Palace de Detroit le 19 novembre 2004. Les deux équipes n’ont pas les meilleures réputations de la ligue niveau fair-play et elles étaient restées sur une série tendue de playoff lors de la saison précédente, remportée par Detroit. La tension est palpable, les supporters sont beurrés, soit une ambiance typique de LHC-Genève un mardi soir à la Vaudoise Arena. Je vous la fais courte car c’est plus amusant de regarder la vidéo sur Youtube, mais alors que les Pacers se dirigent vers une victoire facile, Ron Artest fait une vilaine faute sur Ben Wallace et celui-ci se venge en poussant violemment Artest en arrière. S’ensuit une dispute générale entre joueurs, jusque-là rien de spécial. Ce qui est rigolo, c’est Ron “Artiste” qui en profite pour se coucher sur la table de score. Ce geste qui passe pour de la provocation auprès des fans de Detroit est en réalité une astuce pour se calmer prodiguée par la psychologue du joueur. Vous savez comme dans les films où pour retrouver la maîtrise de soi, il faut fermer les yeux et compter jusqu’à cinq. 1,2,3,4…5 et BOUM ce pauvre Ron se prend un gobelet de bière sur la figure.

C’est pas moi M’sieur, j’vous jure!

Pour Metta World Peace, la paix dans le monde attendra encore un peu et la baston se déplace dans les gradins. Artest fonce sur le vilain lanceur de bière, sauf qu’il frappe le type d’à côté qui n’avait rien demandé à personne. Stephen Jackson et Jermaine O’Neal multiplient les bourres pifs à des spectateurs pour “protéger” leurs coéquipiers. À peine debout, les fans agressés ont le sourire au coin des lèvres et s’imaginent déjà gagner des millions de dollars en poursuite. Des gens du public apeurés appellent le 911, les deux flics de service hésitent à utiliser leur spray au poivre sur les joueurs avant d’enfin leur demander de rentrer aux vestiaires. Les joueurs s’exécutent, arrosés de bière, de coca et d’une chaise volante. Voilà c’est tout. Une enquête de police ridiculement minutieuse s’ensuivra pour identifier le moindre aspergeur du public et les joueurs impliqués dans la bagarre auront de lourdes suspensions et retenues de salaire. Voilà, voilà. Seul un policier un peu sain d’esprit évoque le ridicule des moyens dépensés pour des faits mineurs habituellement traités en deux heures. Vivement un nouvel épisode sur la fois où Patrice Evra, alors sous les couleurs de l’OM, s’était bastonné avec des supporters de sa propre équipe en 2017.

A propos Jean-Marc Delacrétaz 29 Articles
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