Ce Mercato qui lie Andy à Bony

Quand vous faites un cadeau de Noël, vous tâchez en général d’assurer le coup dans votre choix histoire de ne pas passer pour un Picsou. Ou une personne sans goût. Dans le football, on imagine que le professionnalisme transpire dans toutes les strates administratives d’un club afin de renforcer au mieux son effectif en hiver et aborder sereinement la deuxième partie de saison. Si certains transferts se sont avérés être des coups de maîtres, (beaucoup) d’autres sont apparus comme des aberrations impressionnantes que même le petit frère n’oserait sur Football Manager. Petite piqûre de rappel des pires arnaques que le monde du ballon rond ait connues. 

Vous constaterez que la majorité des joueurs cités ci-dessous sont issus de la Premier League. On aurait pu s’attarder sur d’autres cas en Allemagne, France, Italie ou Espagne mais les clubs de la ligue anglaise ont une tendance à surpayer des joueurs qui s’avéreront moyens. C’est jouissif, et c’est ce qui fait la beauté de ce recensement… à commencer par l’inévitable Wilfried Bony. 

À l’époque, c’était la sensation de Swansea. Il est vite devenu la risée de Manchester. En janvier 2015, le joueur rejoint City au sortir d’une demi-saison de feu (9 buts et 2 passes en 20 matches) avec l’équipe phare de la ville galloise. Serial buteur en Eredivisie entre 2011 et 2013, il se transforme en serial killer des finances de Manchester City avec un transfert avoisinant les 35 millions d’euros pour finalement 6 buts en 36 matchs. Aujourd’hui, l’Ivorien a 32 ans et est depuis plus d’un an sans club après avoir vécu une ultime expérience en Arabie Saoudite. Dans son palmarès ridicule, il pourra au moins se targuer d’avoir braqué la banque avec brio. Et ce sans en faire trop. 

Le Bony and Clyde des temps modernes.

Quand Liverpool ne savait pas investir

On se souvient tous de l’arrivée de Fernando Torres dans la ville des Beatles. La chanson Here Comes The Sun pourrait traduire l’espoir que suscite l’arrivée de l’Espagnol dans un club mythique qui cherche à revivre des émotions fortes suite à la finale de Champions League remportée en 2005 face à l’AC Milan. Ce sera raté. Avec un palmarès vide après quatre ans au club, le natif de Madrid quitte le club fondé en 1892 pour rejoindre l’ennemi Chelsea en janvier 2011. Fort de ses 65 buts marqués en 102 matches de Premier League pour les Reds, El Niño suscite à nouveau l’espoir de Chelsea. Si l’histoire sera rapidement belle avec une Champions League remportée (surtout grâce à Drogba), la suite sera un calvaire pour les supporters et l’ancienne terreur des surfaces anglaises. Et pour cause, il produira 20 buts en 110 matches de Premier League avec les Blues.

Après le Torres Del Paine de Patagonie, le Torres à la peine de Londres. 

Conséquemment au transfert d’El Niño vers Chelsea, Liverpool s’excite comme un gamin devant une vitrine de bonbons. Au lieu de temporiser dans la surface (du magasin), le club anglais se rue finalement à l’attaque (des rayons) avec tout de même des bourses pleines de 60 millions d’euros empochés lors du transfert sensation de l’hiver 2011. Résultat, les Reds déboursent près 41 millions d’euros (oui, oui) pour la perche Andy Carrol qui sort d’une expérience impressionnante à Newcastle. Du haut de son mètre nonante-trois, le géant de Gateshead semble prêt à dominer l’attaque liverpuldienne et être la coqueluche anglaise tant attendue dans la lignée d’un Gerrard. Un mariage idéal qui s’avèrera finalement un fiasco. Acheté avec l’espoir de confirmer ses 17 buts et 12 passes décisives produites en Championship lors de la saison 2009/2010 et sa première saison prometteuse en Premier League (11 buts et 8 passes décisives en 20 matches), il arrivera même blessé au bord de la Mersey. Son expérience se conclura après 46 matches pour 6 buts marqués seulement. 

Un sacré Andycap devant le but. 

Des erreurs de casting qui feront date

Si Flaubert a écrit l’histoire de la littérature, Faubert a pour sa part contribué à l’histoire de la carotte. La belle et la mûre hein, celle pour laquelle il faut se nettoyer les yeux mille fois pour y croire. Mais qui, goût en bouche, sent l’arnaque en plastique. Car l’arrivée en prêt de l’ancien Bordelais au Real Madrid s’est faite aussi soudainement que le passage d’un FA-18 dans le ciel. À la fin du mois de janvier 2009, Julien de son prénom est tout sourire sur le terrain ensoleillé du Santiago Bernabeu alors qu’il se les caillait sévère dans la capitale anglaise en jouant pour West Ham. Il aura amplifié parfaitement le phénomène du panic buy en fin de mercato, avec ce besoin de posséder quelque chose d’inutile pour combler un manque qui n’en est pas un. Avec 2 matches joués sur une période de six mois, il aurait été plus simple de piocher dans le centre de formation. Même le grand Di Stefano ne comprend pas quel est ce nom sur le mythique maillot blanc du club madrilène lorsqu’il le présente à la presse…

S’il y a eu un Faubert qui a fait faux bon, il y en a eu deux dans la capitale française quelques mois plus tôt. 

Depuis l’arrivée des Quataris, le PSG a bien changé en dix ans. Les transferts sont devenus prestigieux, et la filiation avec le Brésil persiste. Neymar, Marquinhos, Thiago Silva : le plus grand pays d’Amérique du Sud a fourni de la bonne came au club de la capitale sur la dernière décennie. Avant cela, il y eut aussi Ceara et l’immense Ronaldinho. Sans oublier Everton Santos et Williamis Souza, l’un des mythiques numéros 10 du PSG. Non, on déconne. Les deux comparses, arrivés en paquet cadeau DHL pour 6 millions d’euros durant l’hiver 2008, ont vécu une arrivée en grande pompe sous la grisaille parisienne. Un rayon de soleil venu du sud, qui se transformera finalement en deux pétards mouillés de courte durée puisque les deux joueurs auront à peine joué sur une période de six mois : 2 matches pour Everton, l’ancien de Corinthians, et 17 matches pour le joueur originaire de São Paulo, Souza. Symbole des années galères du club, ils auront marqué les supporters par leur médiocrité intersidérale.

Dommage qu’avec leurs belles vacances, ils n’aient pas été rejoints par un compatriote nommé Erasmus. 

Et la Suisse dans tout ça ?

Bien que généralement frileux à débourser des sommes faramineuses durant le mercato hivernal, les clubs suisses ont parfois la sagesse de recruter comme il faut durant le mois de janvier. Mais si dans les faits certains assurent, ce n’est pas toujours le cas. Censés faire passer un palier aux clubs parfois en difficulté, des joueurs ont complètement déchanté suite à leur arrivée. 

L’un des exemples malheureux est Simone Rapp qui arriva de Thoune au Lausanne-Sport en janvier 2018 avec le statut de talent helvétique et buteur imparable (9 buts en 18 matches). Il aura surtout fait débourser au pensionnaire de la Pontaise près d’un million de francs pour un rendement largement insuffisant (8 buts en 28 matches) et propre à l’envoyer en prêt dans divers clubs. Aujourd’hui, il continue sa carrière au FC Vaduz. Quelle trajectoire…

Une forme de pré-retraite pour le Tessinois, similaire à ce qu’a vécu le fantôme Paolo De Ceglie au Servette FC. N’ayant quasiment pas joué pendant une année en prêt avec l’Olympique de Marseille (7 matches), le club genevois – alors en Challenge League – a la géniale idée de recruter l’arrière gauche en janvier 2018. Sur le CV, c’est un international italien qui est censé amener une certaine expérience. Sur le terrain, c’est une 2CV qui n’avance plus un pied devant l’autre, et qui est en plus souvent blessé.

Un tout autre calibre que Gaël Clichy…

A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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