Final Four 2023 de la SBL Cup : Thabo dire, qui va piano Massagno

Mla'djan le panier et arrête de râler !!

La SBL Cup, également appelée Coupe de la Ligue suisse de basketball, est une compétition qui existe depuis 2004. L’occasion de réunir toute la famille du basket suisse sur le même lieu, deux jours durant. Il s’agit du troisième trophée de l’élite du basket suisse après le championnat et la Coupe de Suisse.

Le principe de la compétition

Contrairement à cette dernière, seuls les 8 premiers du classement après le premier tour de championnat sont qualifiés pour la SBL Cup. Après des quarts de finale (1er contre 8ème, 2ème contre 7ème, etc…). Les 4 survivants sont invités le dernier week-end de janvier (cette année le 28-29 janvier 2023) à un Final-Four à la salle Omnisports du Pierrier à Montreux, les demi-finales ayant lieu le samedi et la finale le dimanche. Le soussigné, dont la période en tant que rédacteur à Carton-Rouge est pour l’heure aussi longue que la carrière internationale de Badile Lubamba, a pour la première fois bénéficié d’une accréditation presse, avec place idéale, table, électricité, et de l’eau (plate) à volonté. De plus, nos sympathiques et enthousiastes collègues de Riviera Regio, avec qui nous avions déjà eu le bonheur de partager une bière avant que le Covid ne change le monde, étaient placés à notre gauche, ce qui garantissait un bon moment de récidive. Notons encore (je veux pas me faire gronder par Raphaël Iberg, mon éminent collègue progressiste), que la finale de la SBL Cup Women a lieu le dimanche, juste avant celle des messieurs.

Cette année

Après les 1/4 de finale,  Les Lions de Genève, Spinelli Massagno, Vevey Riviera Basket et Union Neuchâtel se sont qualifiés pour le Final-Four. Cette dernière équipe, 5ème actuelle du championnat, a d’ailleurs créé la sensation en éliminant l’ultra-favori Fribourg-Olympic, qui plus est dans leur antre de St-Léonard, alors que les Fribourgeois ont participé à tous les Final Four depuis 2005. Cette année, une surprise était donc possible avec un titre gagné par un outsider, Fribourg-Olympic (beaucoup) et Les Lions de Genève (un peu) s’étant partagé tous les titres et coupes du basket suisse depuis 2017.

Les équipes

   

Les Lions de Genève

Après le départ de celui que l’on croyait éternel comme président du club, Imad Fattal, et deux derniers championnats décevants, les Lions de Genève se sont réinventés. Ils ont changé de président, d’entraîneur, de logo, et l’effectif a énormément bougé avec les arrivées de joueurs de qualité : Bryan Colon, ancien capitaine et meneur de Neuchâtel, Noé Anabir (Neuchâtel) et Clayton Le Sann (Monthey), deux jeunes internationaux, et finalement le joueur serbe au caractère plus que trempé Slobodan Miljianic (Fribourg).

Même si Bryan Colon a une moyenne de 22 points par match jusqu’ici dans le championnat, le 4ème rang actuel est probablement encore en deçà des attentes du directoire genevois. Le dernier trophée du club remonte à la Coupe de Suisse 2021, juste avant la descente aux enfers. Genève a remporté à 5 reprises la SBL Cup depuis 2003, ainsi que 2 titres de champion et 4 Coupes de Suisse.

La breaking news : heu… ben rien. Les dernière semaines ont été calmes du côté de Genève. Un avantage ?

Spinelli Massagno

Le club tessinois, entraîné depuis 11 ans (!) par le toujours énervé Robbi Gubitosa joue depuis quelques saisons les premiers rôles, sans pouvoir cependant remporter un titre. Les vedettes suisses revenues au Sud des Alpes terminer leurs carrières, soit Dusan Mladjan, Roberto Kovac, réputés comme snipers à 3 points, et Marko Mladjan, « le meilleur joueur de Suisse s’il avait bien voulu travailler avant et quand il est énervé contre les arbitres » (dixit son entraîneur en conférence de presse), n’ont pas encore permis à l’ambitieux club de vivre des heures de gloire. Les Américains sont deux routiniers du championnat de Suisse, soit Juwann James et Isaiah Williams, et le Guamien Jonathan Galloway, ancien de Monthey et qui a également évolué dans les championnats danois, croate, finlandais et turc. Spinelli Massagno est actuellement installé confortablement à la première place du championnat et fait dès lors clairement figure de favori de ce Final Four, surtout après sa probante victoire à Fribourg une semaine avant la compétition. Le club semble toutefois trembler au moment M pour passer l’épaule, comme ce fut le cas en demi-finale du championnat 2022 ou lors de la finale de la SBL Cup 2022. La moyenne d’âge des 6 joueurs majeurs du club est proche des 32 ans, ce qui en fait de loin l’effectif le plus âgé et expérimenté. Le club est connu pour beaucoup jouer sur l’agressivité et les émotions. Comment pourrait-il en être autrement de la part d’une équipe dont le nom est une contraction entre les verbes Massacrer et Saigner ?

La breaking news : deux jours avant le tournoi, Robbi le nerveux et Roberto Kovac le vif se sont pris méchamment de bec à l’entraînement, entraînant la suspension de ce dernier pour raisons disciplinaires. C’est pas idéal comme préparation.

 

Vevey Riviera Basket

Vevey, c’est un peu le St-Etienne du basket suisse: 2 titres de champions en 1984 et 1991, 3 Coupes de Suisse entre 1983 et 1985, et depuis… plus rien. Des relégations, des faillites, une salle vétuste, mais un public fervent et fidèle. Après une relégation administrative pour raisons financières en 1ère ligue en 2020, le club n’a eu besoin que de deux ans pour se reconstruire, retrouver l’élite et jouer les premiers rôles, puisque l’équipe occupe actuellement le 3ème rang du championnat.

Emmené par l’enfant du pays Jonathan Dubas, qui a fait le pari de rejoindre le club en 2ème division en 2021 suite à sa paternité, Vevey Riviera Basket semble avoir trouvé un équilibre entre tous ses joueurs, notamment les 3 Américains (Johnson, Johnson et Williams… bravo pour la créativité). A relever le retour au bercail veveysan d’un ancien espoir d’Union Neuchâtel, Eliott Kübler, qui a fêté sa première sélection nationale en été 2022. Vevey aura également un avantage de taille : jouer presque à la maison, puisque Montreux et Vevey sont des villes distantes de 7 kilomètres. Les fans pourront quasiment rejoindre la salle du Pierrier à pied et la présence de Sefolosha devrait encore accentuer leur motivation.

La breaking news : deux jours avant le Final Four, un séisme est venu secouer le monde du basket suisse: Thabo Sefolosha, premier suisse à avoir joué en NBA (14 saisons quand même) annonce qu’il va rechausser les baskets pour son club de coeur, soit Vevey. L’intéressé n’ayant plus joué de match officiel depuis trois ans, des questions sur son véritable apport sont apparues. Et si le retour de retraite de Thabo déstabilisait finalement un groupe qui tournait très bien jusqu’à présent ?

Un coup d’oeil sur le site de la fédération suisse de basket nous permet d’apprécier l’ampleur de la nouvelle.

Union Neuchâtel

Suite à la merveilleuse odyssée de la saison 2021-2022 et la qualification pour la finale du championnat relatée dans cet article de votre serviteur, le club a vu tous ses joueurs-clés s’en aller (Selim Fofana au Monténégro, Yoan Grandvorka en France, Bryan Colon et Noé Anabir à Genève). Seul Kilian Martin est resté, prenant le brassard de capitaine, et le magicien Mitar Trivunovic en est toujours l’entraîneur. Trois jeunes joueurs sont arrivés de Fribourg : le prometteur Joanis Maquiesse (19 ans), l’éternel espoir Vigdon Memishi (213 cm), et un  ailier argentino-suisse,  Juan Esteban de la Fuente (21 ans), qui s’est rapidement imposé comme un joueur majeur. Après un début de saison catastrophique et 4 défaites initiales, Union Neuchâtel a battu à la surprise générale Spinelli Massagno au cours d’un match parfait, et a depuis remporté 7 de ses 9 derniers matches de championnat. La victoire en 1/4 de finale à Fribourg et l’élimination du favori a été la cerise sur le gâteau.

La breaking news : malheureusement, la blessure du meneur américain Nate West, excellent cette saison, début janvier 2023 est venu détruire l’élan des Neuchâtelois, qui se sont d’ailleurs pris une rouste à Monthey une semaine avant le Final Four. Le club a remporté la SBL Cup en 2014 et une Coupe de Suisse en 2013. L’arrivée durant la semaine de Justin Roberts pour le remplacer est un pari.

La première demi-finale : Spinelli Massagno – Lions de Genève : 76 – 66

Genève a effectué un début de match tonitruant, menant 31-20 après 15 minutes. Ils se sont ensuite pris un douloureux 2-11 dans la face, rejoignant finalement le banc avec 2 petits points d’avance. Du côté de Massagno, nous avons eu droit à l’habituel coup de sang de Marko Mladjan, qui était colère après sa troisième faute.

Le troisième quart a été difficile pour Massagno, perdant de plus Juwann James, mal retombé après une collision en vol avec Erik Thomas. Genève a creusé l’écart, remportant le quart de 6 points.

Le quatrième quart s’est poursuivi sur le même rythme. A 5 minutes 30 de la fin, Genève menait confortablement de 9 points. Soudain, tout s’est écroulé et Genève a pris un partiel 25 (!)-6  jusqu’au coup de sifflet final. Impardonnable. De plus, cela a obligé le soussigné à reprendre son article à zéro.

On a aimé : Keith Clanton, numéro 69 (cela ne s’invente pas) de Genève. 2 mètres 06 et une envergure de Boeing. Nous avons calculé les volumes et nous pouvons affirmer sans hésitation qu’un seul Keith Clanton peut contenir 3 Bryan Colon.

La preuve en image.

Le chiffre clé : 51/25

51 : le nombre de points marqués par Massagno en 34 minutes et 30 secondes.

25 : le nombre de points marqués par Massagno au cours des 5 dernières minutes et 30 secondes.

La deuxième demi-finale : Vevey Riviera Basket – Union Neuchâtel 75 – 60

Voilà à quoi ressemble celui que tout le monde attendait comme le vaccin anti-Covid:

C’est vrai qu’il est Thabo avec sa nouvelle coupe de cheveux.

13-12 pour Vevey après un premier quart où les équipes se sont montrées nerveuses et maladroites. Pas grand chose à signaler, à part un orgasme collectif d’une bonne moitié du public au moment où Sefolosha a enfilé son premier panier. Ce mec est une machine à donner du plaisir. Il l’a fait plusieurs fois. C’est le Rocco Siffredi de la capitale de Nestlé.

32-28 à la mi-temps pour Vevey. C’est peu de points. On notera un horrible 1/12 à 3 points du côté de Neuchâtel, alors que Vevey n’a pas fait beaucoup mieux avec 1/9. L’intensité y est, puisqu’on a notamment vu un Dalan Ancrum quasiment sacrifier sa vie pour sauver une balle en sautant dans la table de nos confrères, en vain.

49-43 après 3/4. Que de tirs manqués, que de balles perdues, et que de malchance aussi, il faut l’admettre. Certains diront que les défenses étaient solides. Vevey a gagné les 3 premiers quarts.

Lors du dernier quart, l’avantage veveysan a régulièrement augmenté, et Vevey l’emporte finalement sans grand suspense. Une grosse déception du côté neuchâtelois, c’est le « renfort » Justin Roberts, qui finit le match avec 1/11 aux tirs. A sa décharge, il n’a eu qu’une semaine pour s’adapter et tenter de faire oublier Nathan West aux supporters neuchâtelois. Décidément, la blessure de ce dernier est un sacré coup dur. L’équipe d’Union s’est bien battue, mais Mitar Trimunovic va à nouveau avoir l’occasion de prouver qu’il sait faire des miracles ces prochaines semaines.

Quant à Thabo Sefolosha, avec ses 14 points en 33 minutes de jeu, il a été le joueur le plus utilisé par son entraîneur et aura amené sa pierre à l’édifice, même s’il n’a pas été la pièce maîtresse du match non plus. En gros, sans lui,  le soussigné pense que Vevey Riviera Basket se serait aussi qualifié pour la finale. Il faut tout de même lui reconnaître une intelligence de jeu qui lui permet de s’économiser, une capacité à voler des ballons hors du commun et une force défensive impressionnante. Il lui faut par contre du temps pour se refaire un physique. Signe de la Thabomania qui s’est emparée de la salle du Pierrier, il a été nommé MVP du match côté Vevey. Sympa pour les autres joueurs… On se serait cru à l’Eurovision 2022 avec la victoire de l’Ukraine. Il se murmure même que la ligue suisse de basket a décidé de créer une nouvelle mascotte : SEFO le chat.

On a pas aimé : les « ultras » veveysans… plutôt une bande de quadragénaires un peu avinés qui ont hurlé des insanités aux arbitres du début à la fin, y compris en cas de décision favorable à Vevey. C’est plus de votre âge les garçons.

Le chiffre clé : 2000 spectateurs, soit guichets fermés à la salle du Pierrier.

La finale féminine : Elfic Fribourg – Nyon Basket 89 – 69

                                               

Petite parenthèse pour dire que le soussigné a fait son travail le dimanche depuis son salon… Ce n’est pas que le coin presse était inconfortable, mais l’élimination de mon club de coeur ne m’a pas encouragé à refaire le trajet en direction de Montreux…

On ne va pas vous le cacher, ces deux équipes jouent dans deux mondes différents. Elfic Fribourg a, avant cette finale, remporté la compétition 6 fois en 7 ans, et encore la finale perdue en 2020 contre Winterthour reste comme un traumatisme.

Le club a des ambitions européennes et forcément, les autres équipes de Suisse se font rétamer quand elles les rencontrent. En plus, Marielle Giroud, la meilleure joueuse suisse depuis le IXème siècle, joue pour Fribourg. D’après le service de presse de la SBL, ce trophée serait son 28ème au niveau national. Après un quart, les commentateurs savaient déjà que Marielle Giroud serait nommée MVP.

Le premier quart remporté 21-20 par Nyon était déjà un exploit. Le tournant du match a eu alors lieu lorsque l’entraîneur valaisan de Fribourg Romain Gaspoz a dit à ses filles : « Vous allez enclencher la deuxième ou quooooiiii ? ».

Au final, Elfic Fribourg l’a emporté sans surprise 89-69.

Marielle Giroud, MVP pour la énième fois, et un 28ème titre national personnel.

La finale masculine: Spinelli Massagno – Vevey Riviera Basket : 73 – 69

Cette finale est une histoire de famille, puisque dans les deux 5 de base, on retrouve deux Johnson, deux Williams et deux Mladjan. Quant à Juwann James, touché le soir précédant à la hanche, il est de retour en (presque) pleine forme.

Le premier quart, fini sur le score de 16-13 pour les Tessinois, a été accroché et nerveux, avec un misérable pourcentage de réussite de 23% pour Massagno (4/17) et 33% (5/15) pour Vevey. Nous avons également eu droit à 12 fautes durant ces 10 premières minutes.

Un deuxième quart-temps à sens unique pour Massagno. Vevey a fait preuve de beaucoup de maladresse. Il faut savoir que le club veveysan menait 9-2 après 3 minutes 30 de jeu, avant de prendre un partiel 14-34 en 15 minutes. Vevey s’est heureusement réveillé avant la mi-temps pour limiter les dégâts et l’atteindre sur un déficit de 8 points (40-32).

Un fait marquant : Marko Mladjan a pris une mandale dans la tronche sur un rebond sous le panier. Après avoir sifflé faute, les arbitres sont allés consulter la VAR (eh oui, elle existe en basket) et ont décidé que le tir avait eu lieu une fraction de seconde après la sirène. Connaissant Marko Mladjan, cela a bien dû l’énerver et il devrait revenir très fort en 2ème mi-temps.

Aïoooo ! Finalement, la faute ne compte pas…

Dans un troisième quart animé, Vevey s’est accroché et a finalement réussi a grappiller un point sur le buzzer: -7 (58-51). Jonathan Dubas et Juwann James se sont frottés, accrochés, challengés, et l’Américain s’est finalement incliné après avoir pris sa 4ème faute. Aucune présence de Thabo Sefolosha sur le parquet depuis la 17ème minute. L’intéressé est sur le banc et se tient la cuisse. Il finira le match avec 13 minutes de présence pour 2 points (25% de réussite au shot).

Jonathan Dubas – Juwann James : ils ne partiront pas en vacances ensemble, c’est sûr.

Durant le dernier quart, Vevey Riviera Basket tentera un retour désespéré, parvenant finalement à s’approcher à 4 points au moment du buzzer. Les Vaudois auront remporté les deux derniers quarts, mais ils ne se seront jamais remis de leur fin de premier et début de deuxième quarts. L’expérience a également joué un grand rôle. Spinelli Massagno a mérité sa victoire.

On a aimé : Jonathan Dubas, le capitaine et meilleur joueur de Vevey. Quel engagement, c’est lui qui a porté l’équipe et lui a permis de rester dans le coup quasiment jusqu’à la fin. 15 points et 8 rebonds le samedi, 14 points et 14 (!) rebonds le dimanche. On a aimé son attitude. Rappelons qu’il a rejoint en 2021 le club de son cœur en 2ème division alors qu’il était international helvétique.

On a pas aimé : Marko Mladjan, le Novak Djokovic du basketball suisse. 22 points et MVP le samedi, 13 points le dimanche, voici le bilan de son week-end. Franchement quel joueur incroyable, mais pourquoi est-il si méchant ? Provocations, simulations, réclamations systématiques. Il a demandé que les arbitres aillent consulter la vidéo à 873 reprises durant le week-end. La dernière fois qu’il a souri, c’était en mars 1998. Et s’il essayait d’être sympa pour une fois ? Nous le lui conseillons chaleureusement, cela en ferait un joueur encore plus impressionnant.

Le chiffre clé : 46 fautes durant ce match, soit plus d’une par minute.

On aurait aussi pu citer 24% : la réussite à 3 points des Veveysans (6/25). Rappelons qu’ils ont perdu de 4 points. Il va falloir s’entraîner les gars.

 

Crédits photographiques:

Photos personnelles et printscreens de la diffusion en direct sur La Télé

Thabo Sefolosha à travers les âges : printscreen de la page de garde du site de la fédération suisse de basket : Home | Swiss Basketball

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