Qui arrêtera la Roma ?

On le disait en début de championnat, les favoris cette saison sont de loin la Juve et Naples. Il est vrai que ces deux grandissimes favoris sont au coude à coude à 19 points en tête du classement, en attendant un duel au sommet d’ici trois semaines. Seul petit bémol, l’AS Rome pointe à cinq longueurs devant le binôme favori et commence à faire réellement peur. En continuant à ce rythme, le duo de favoris pourrait bien se disputer la deuxième place uniquement et la Rome rapidement s’envoler vers un titre inattendu.

Une nouvelle victoire probante

Pour un vendredi soir avec une bonne gueule de bois due à l’excellent apéro des 7 ans de Carton Rouge de la veille, l’affiche AS Rome-Naples s’annonçait comme une bonne aspirine pour mettre fin à un mal de tête persistant. Cette affiche apparaissait contre toute attente comme l’un des chocs de ce début de saison et on salivait d’avance à l’idée de voir s’affronter deux équipes qui livrent probablement le meilleur football depuis le début de saison. Devant un peu moins de 50’000 personnes (ce qui fait que le Stadio Olimpico n’était qu’à moitié plein), parmi lesquels le meilleur joueur de l’histoire du foot venu supporter son club de cœur (je parle bien évidemment de Lionel Messi car tout le monde sait que son rêve est de revêtir un jour le maillot de l’AS Rome), les Giallorossi ont une nouvelle fois fait parler leur étonnante forme actuelle. Un match pourtant bel et bien dominé territorialement par les Napolitains qui ont à plusieurs fois joué de malchance. Inler et compagnie ont tantôt buté sur les montants de De Sanctis et se sont tantôt cassé les dents sur un Daniele De Rossi impitoyable en défense.
C’est sur coups de pied arrêtés que les Romains sont parvenus à faire la différence. Entre un coup franc somptueux et un pénalty tous deux signés Miralem Pjanic, la Louve a une nouvelle fois livré une partie nette et sans bavure avec un 2-0 à la clé. La récente qualification de la Bosnie à la Coupe du Monde brésilienne a visiblement donné des ailes au milieu de terrain bosnien, ce dernier a probablement disputé l’une des meilleures parties de sa carrière et a été le tout grand bonhomme de ce match au sommet, avis au rédacteur du Crampon Rouge de la semaine ! Pourtant, le véritable point fort de cette équipe romaine est sans conteste sa défense. En préservant une nouvelle fois une cage inviolée, l’AS Rome n’a en tout et pour tout encaissé qu’un seul petit but depuis le début de saison (celui de Jonathan Biabiany lors d’une victoire 3-1 à Parme). Un seul but encaissé, 22 buts marqués, 8 victoires en 8 matchs, 9 buteurs différents, aucune victoire par moins de 2 buts d’écart dont celles contre Lazio, Inter et Naples; autant de chiffres qui font désormais des Romains l’un des grands favoris pour le titre. Avec des joueurs aussi en forme que Miralem Pjanic, Gervinho, Alessandro Florenzi ou même Daniele De Rossi, on voit mal comment la bande à Rudy pourrait se casser la figure dans les semaines à venir. Seule ombre au tableau, la blessure de Totti, lui aussi dans une forme étincelante depuis le début de saison, sorti à la demi-heure face à Naples. Reste à savoir pour combien de temps le capitaine sera tenu à l’écart des terrains… En tous les cas, son absence ne s’est pas véritablement fait ressentir vendredi soir.

Un retour impensable

Si Naples a perdu des plumes ce week-end face à un adversaire direct, l’autre poursuivant sérieux des Giallorossi, la Juve, a également perdu des cheveux dimanche après-midi (n’y voyez aucune allusion à Conte). Sur le terrain de Florence, les doubles champions en titre se sont fait remonter alors qu’ils menaient 0-2. Dans un match fort plaisant à suivre, les Bianconeri semblaient se diriger pépère vers trois points acquis sans trop se forcer. Un pénalty généreusement accordé (ce qui sera ensuite compensé par l’arbitre comme bien souvent) et un cadeau de Noël de la défense florentine permettaient respectivement à Tevez et à Pogba d’offrir deux longueurs d’avance à la Vieille Dame. Deux buts d’avance alors qu’il ne restait même pas une demi-heure à jouer, on se disait forcément que la Juve était à l’abri d’un retour. En effet, ceux qui suivent régulièrement le championnat italien peuvent attester que la Juve est une équipe qui se fait rarement remonter au score de telle manière. Pourtant, l’arbitre Rizzoli – qui a eu beaucoup de travail dans ce match – allait remettre la Viola dans les bons rails en sifflant un pénalty de compensation transformé par Giuseppe Rossi. Moralité de l’histoire: si tu te fais accorder un pénalty généreux, il vaut mieux  que ce soit à la 80e et pas à la 37e.  10 minutes après cette première réussite, la Fiorentina frappait par trois fois en l’espace de cinq minutes et retournait le match à son avantage. Devant un stade en ébullition, Pepito Rossi allait inscrire un triplé (bien aidé par Buffon sur le deuxième but) et Joaquin – si si le gars qui s’était fait floué lors de la mascarade de Coupe du Monde en Corée du Sud, allait lui avoir l’honneur d’inscrire le troisième but, le plus important, pour son équipe. Au final, 4-2 pour la Viola, une remontée spectaculaire, une avalanche de buts, un scénario improbable et surtout des tacles dignes de ce nom (Aquilani et Savic auraient très bien pu voir rouge direct) ont fait de ce deuxième choc de la huitième journée un match particulièrement agréable à suivre, certainement meilleur qu’un Barça-Atletico tout pourri…

D’autres scénarios fous

Deux autres rencontres concernant des équipes de haut de tableau ont connu des scénarios rocambolesques. La première est la victoire de la grande surprise de ce début de championnat, l’Hellas Vérone, qui pointe dorénavant seule à la quatrième place du Calcio, à trois points seulement de Naples et de la Juve. Menés 1-2 par Parme sur leur terrain, les Gialloblu ont eux aussi réussi à inverser la tendance en s’imposant 3-2. L’homme de la rencontre s’appelle Jorginho, comme un fameux latéral brésilien des années 90, qui s’est permis le luxe d’inscrire un doublé. Bon, un doublé sur pénalty qui n’a en fait aucun mérite. C’est davantage grâce à l’ensemble de son collectif que le coach Mandorlini peut se targuer d’un si brillant début de championnat. A ce rythme, le néo-promu pourrait bien assurer sa place dans l’élite avant la pause hivernale.
L’autre rencontre spectaculaire opposait au Stade Olympique de Turin une Inter un peu en perte de vitesse et un Torino toujours accrocheur à domicile. Cette rencontre à se lever de son siège partait sur les chapeaux de roue puisqu’après cinq minutes à peine, le portier slovène de l’Inter Samir Handanovic commettait l’irréparable sur l’excellent Alessio Cerci et se voyait brandir assez sévèrement un carton rouge. Double peine pour l’Inter après cinq minutes de jeu seulement, expulsion du gardien et pénalty pour le Toro ! Cependant, la doublure d’Handanovic, Juan Pablo Carrizo, parvenait à froid à détourner le pénalty de Cerci qui voulait se faire justice lui-même. A 10 contre 11 pour presque la totalité de cette rencontre, on ne donnait malgré tout pas cher de la peau des Nerazzurri. Certains diront qu’on joue souvent mieux à dix qu’à onze, peut-être, mais surement pas quand c’est pour 85 minutes ! Un quart d’heure plus tard, c’est une vieille connaissance suédoise du championnat suisse qui donnait un avantage mérité pour les locaux: Alexander Farnerud. Quelques secondes avant la pause, Freddy Guarin égalisait d’une bicyclette suite à une mauvaise sortie du portier turinois Daniele Padelli. En seconde période, Ciro Immobile, fraîchement entré en jeu, donnait à nouveau l’avantage aux pensionnaires du Stade Olympique, mais par deux fois Rodrigo Palacio permettait à l’Inter d’égaliser puis même de prendre l’avantage, bien aidé à nouveau par un Daniele Padelli aux fraises. On pensait alors que l’Inter allait pouvoir repartir de Turin avec trois points chichement glanés. Cependant, à la dernière minute, le jeune prodige Nicola Bellomo envoyait un coup-franc excentré droit dans la lucarne de Carrizo qui avait naïvement anticipé un centre, un peu à la David Seaman quoi ! Un sacré 3-3 qui finalement contente les deux équipes qui peuvent toutefois nourrir quelques regrets. Avec ce petit point, l’Inter demeure au contact des premiers (hormis l’AS Roma qui s’échappe clairement) mais confirme sa baisse de régime du moment qui pourrait lui coûter cher.

Sur les autres terrains

On relèvera tout d’abord la précieuse victoire de Milan 1-0 sur l’Udinese grâce à un fort joli but de Valter Birsa. Le Slovène avait souvent été qualifié de joueur n’ayant pas la stature pour jouer dans un si grand club. Or le mec qui n’a pas la stature de jouer dans un si grand club, ça fait quand même déjà deux fois qu’il permet aux Rossoneri d’empocher 3 points, ce qui n’est pas de trop pour une équipe végétant à la 8e place. On soulignera également la confirmation du bon début de championnat  de l’Atalanta qui s’est imposée face à une Lazio un peu moribonde et décevante.
Un autre événement ne saurait être passé sous silence, celui du retour de Cagliari dans son antre de Sant’Elia après un long exil à Trieste. Ce retour au Sant’Elia devant près de 5’000 spectateurs uniquement pour cause de gradins en partie fermé au public, les Sardes l’ont célébré avec une belle victoire 2-1 sur Catane. Auteur du deuxième but du club sarde à cinq minutes de la fin, le buteur chilien Mauricio Pinilla a fêté sa réussite en pénétrant dans la tribune où se trouvent les ultras. A coup sûr une image forte du week-end, même si cette célébration lui a logiquement valu un carton jaune que l’on qualifiera de tout sauf de bête.
Autre retour notable, celui du Gasp au Stade Luigi Ferraris (ou Marassi). L’ancien entraîneur de Genoa qui a bourlingué à l’Inter et à Palerme ces dernières années est de retour dans le club dans lequel il est demeuré une véritable idole. Remplaçant Fabio Liverani, premier entraîneur démis de ses fonctions en Italie (j’ai donc gagné mon pari), Gian Piero Gasperini a permis aux Rossoblu d’engranger trois points qui font du bien face au Chievo Vérone. Outre l’entraîneur Gasperini (qui y est finalement pour peu), c’est l’ancien Alberto Gilardino qui a été l’homme du match en inscrivant un magnifique doublé, dont un sublime premier but et un deuxième très chanceux. Avec ces trois points, les Grifoni peuvent un peu respirer.
Pour terminer on signalera encore l’encourageante victoire de la Samp’ sur le terrain de Livourne, même si cette victoire 1-2 intervient suite à deux pénaltys (décidément il y en a eu ce weekend: 11 !) dont le dernier inscrit à la 96e minute alors que Livourne venait d’égaliser ! Enfin dans le match qui devait déterminer la nouvelle lanterne rouge du championnat entre le petit poucet Sassuolo et les punks de Bologne, ce sont les néo-promus qui sont parvenus à prendre le meilleur sous un déluge rendant le terrain à la limite du praticable.

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3 Commentaires

  1. Je suis le premier à dire que le football italien ne fait pas trop rêver mais je fais quand même mon mea culpa sur ce que j’ai vu vendredi soir. Très bon match de football et très plaisant à suivre pour quelqu’un de neutre comme moi qui s’en fout autant d’un club que de l’autre.

    Par contre, je trouve que la victoire de la Roma est surtout due à un homme: la chèvre de Canavaro. Lui il aura au moins tout raté ou réussi c’est selon. Sans un autiste pareil, il aurait été intéressant de voir ce qu’aurait donné la domination du Napoli sans cela. Car offrir deux buts en laissant son équipe à 10 contre une équipe aussi en forme que la Roma, c’est comme tenté de se taper Shakira quand on a la gueule de Ribery, le fric en moins.

    Bref, je me devais quand même de dire que ce match m’a (presque) réconcilié avec un match de foot italien. 🙂

  2. Le foot italien fait clairement rêver !

    Je m’emballe un peu, mais depuis quelques saisons on est très loin des clichés habituels. En plus il parait disputé cette saison : Juve, Naples et vraisemblablement la Roma pour le titre. La Fio en embuscade avec l’Inter qui se débrouille pas trop mal, et ne jamais oublier que la Lazio et le Milan risquent de se mêler à la course à l’europe.

    Des gros noms qui sont arrivés (Higuiain, Tevez, Gomez, notamment), des tribunes qui se re-remplissent un poil (malgré une sévère répression et des prix indécents) des équipes joueuses, et surtout : beaucoup de buts.

  3. Sympa d’avoir des papiers aussi bien écrit sur le Calcio. Je vais essayer de re-regarder un match bientôt puisqu’il semble que la qualité est là.

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