Coupe d’Asie : Le PSG peut être fier

Alors que les championnats européens reprenaient leur train-train hebdomadaires, la première compétition continentale de l’année se disputait aux Emirats Arabes Unis. Un tournoi qui a débouché sur une véritable surprise, puisque le Qatar remporte le premier titre majeur de son histoire, sous les sifflets et sous les critiques. Cet été, le prochain organisateur de la coupe du monde pourra ainsi tenter de devenir le premier pays champion de deux continents lors de la même saison et ça, ce serait très fort quand même.

Bientôt une Coupe du Monde à 48 et une Copa America à 24

Après l’expansion de l’Euro à 24 équipes et de la Coupe du monde à 48, la fédération africaine avait également annoncé son intention d’élargir la Coupe d’Afrique des Nations à 24 pays dès cette année. La fameuse logique de plus de matchs, plus de revenus publicitaires. Il était donc tout à fait normal que l’Asie suive cette tendance à son tour. Ainsi, pour la première fois, le tournoi continental asiatique était lui aussi ouvert à 24 nations au lieu de 16. Sauf qu’un tel nombre de participant représente la moitié des membres de la confédération asiatique. Il était donc plus facile de se qualifier pour les Emirats que de rester à la maison durant ce mois de janvier.

La CONMEBOL (fédération sud-américaine) a déjà annoncé son intention, elle aussi, d’étendre la Copa America à 24 participants dès l’édition 2023. Le temps de créer quelques nouveaux pays sur le continent et d’inviter quelques nations. Personnellement, je me réjouis déjà de voir des Brésil-Palombie, des Colombie-République Inca et des Argentine-Qatar. Oups, cette dernière affiche aura déjà bel et bien lieu pour l’édition 2019, tiens-toi bien, le Qatar est invité à disputer la prochaine Copa America en juin au Brésil.

Juste pour rire, on peut s’attarder sur la phase qualificative pour ce tournoi asiatique de 2019. Un système extrêmement complexe qui s’est tenu sur trois ans, tout ça pour parvenir à la qualification de la moitié des pays du continent. Vu les distances entre les pays du très homogène continent asiatique, je ne t’explique pas le bilan carbone qu’a le football asiatique. On t’épargne les détails, parce que même moi ça me fatigue de les comprendre. On peut ricaner lorsqu’on se rend compte que l’Indonésie et le Koweït ont été tout simplement suspendus par la FIFA durant la campagne, que le Timor a perdu plusieurs de ses matchs par forfait et que Guam n’a pas pu disputer le dernier tour qualificatif, faute de moyens financiers. Ce qui veut dire que Guam n’est pas passé si loin d’une qualification tout de même…

Personne ne veut voir ces matchs

Le tournoi s’est déroulé aux Emirats Arabes Unis, principalement à Abu Dhabi et Dubaï. Bien entendu, on n’attendait pas forcément que les spectateurs se précipitent pour assister à certaines rencontres. L’éloignement géographique, les situations politiques et financières de certains pays sont des éléments qui expliquent une faible affluence. Malheureusement, les stades sont bien souvent restés pratiquement vides. Même le pays organisateur n’aura pas réussi à faire le plein, un peu triste quand même. Il y a fort à parier que si l’on avait lancé une rumeur comme quoi Lionel Messi viendrait donner le coup d’envoi, les gradins auraient été bien mieux garnis. Il faut dire que le public asiatique est pas mal footix dans son genre.

La palme revient néanmoins à cette rencontre du groupe E entre la Corée du Nord et le Qatar qui a réuni autant de spectateurs que la projection du film Aquaman au Pathé Flon samedi dernier, soit environ 450 personnes ayant des goûts de chiotte. Sur le terrain, on a même entendu un spectateur péter en tribunes à la 31e minute. Bon, cette affluence négative record s’explique. Autant te dire que le Qatar est détesté dans la plupart des pays arabiques (les qataris ne sont clairement pas les bienvenus aux Emirats) et la Corée du Nord est sans doute l’équipe la moins supportée dans un pays étranger. Une affiche qui avait tout le potentiel pour réaliser une affluence minable.

Il y avait autant de monde pour Aquaman samedi dernier qu’à Corée du Nord-Qatar

Pour pouvoir regarder un match de manière légale (sur une vraie chaîne TV quoi), j’ai dû me rendre dans un bar de la région qui n’avait pas d’autres solutions que de mettre la rencontre sur une chaîne sportive serbe. Je ne t’explique pas la tête du tenancier pakistanais lorsque je lui ai demandé s’il était possible de mettre Australie-Ouzbékistan à la télé.

Le bilan équipe par équipe

Pas facile de résumer un tournoi de 50 rencontres en un seul article. Voici donc un petit mot doux pour chacune des 24 équipes de la compétition. Libre à toi lecteur, de n’en lire qu’une partie. Personnellement, je te déconseille vivement de lire la Jordanie, car je n’ai rien à dire bien que je possède un faux maillot de cette équipe.

 

Sans véritablement briller, le pays hôte a largement fait le taf. Une bonne performance quelque peu ternie par l’élimination très sèche face à l’ennemi honni qatari en demies. En tant qu’organisateur, les Emirats ont également bénéficié de quelques petits coups de pouce. On pense à ce pénalty généreux en prolongation face aux Kirghiz en huitièmes ou encore à celui obtenu à deux minutes de la fin du match d’ouverture face au Bahreïn. Comme quoi la VAR n’empêche finalement rien. Ah et il y a les frères jumeaux de David Luiz dans l’équipe.

.nïerhaB el let senohpobara syap sel snad emmoc ehcuag à etiord ed erircé’d eugalb repus ettec siaf ej iouqruop tse’c, erid à laicéps ed neir ia’n eJ 

La Thaïlande a surtout réussi l’exploit de virer son entraîneur Milovan Rajevac après un match seulement. Un changement qui a semble-t-il fonctionné puisque après s’être fait humilier par l’Inde 4-1, les Thaïs ont réussi à accrocher la deuxième place du groupe A qualificative pour les huitièmes.

L’effectif de l’Inde est principalement composé de joueurs issus des minorités ethniques de la partie est du pays. Autrement dit, quand l’Inde est sur le terrain on a plus l’impression de voir évoluer la Chine. Eh oui l’Inde n’est pas que Slumdog Millionaire, Bollywood et cricket. Sur le terrain, les Indiens n’ont pas été ridicules, alors que beaucoup s’attendaient à une catastrophe.

Le tenant en titre, privé de sa star Aron Mooy resté dans son club d’Huddersfield, aura surtout eu le mérite de mettre un peu de jaune dans le tournoi (au niveau maillot bien sûr). Pour le reste, les Socceroos se sont montrés en-dessous de leur niveau. J’ai eu l’occasion de les voir évoluer durant 270 minutes sans marquer le moindre but, des pures minutes de bonheur.

Les Jordaniens ont disputé un bon début de tournoi mais celui-ci a finalement été annulé par une élimination en huitièmes face au Vietnam. Dommage pour le pays le plus stable du Proche-Orient, et on ne t’avait pas menti dans l’introduction.

 

On passe du pays le plus stable du Proche-Orient à celui le plus chaotique. La Syrie a livré un tournoi plutôt décevant et le fait que le pays soit en proie à la guerre civile depuis 7 ans n’est pas une excuse, car ils étaient déjà plutôt nuls avant.

Merveille de la géopolitique, la FIFA reconnaît la Palestine comme état, au contraire de l’ONU. Toujours est-il que les Lions de Canaan ne sont pas parvenus à inscrire le moindre but dans la compétition. Deux matchs nuls 0-0 ont toutefois failli suffire pour obtenir une qualification historique en huitièmes. Il faut dire que le niveau était tellement élevé.

Les guerriers Taeguk sont tombés de haut. Favoris, comme à l’accoutumée, de la compétition, ils se voyaient déjà en finale du tournoi. Un sentiment encore plus vrai après le retour de leur star Heung-Min Son libéré par Tottenham après la phase de poules. Par excès de confiance, les Red Devils se sont fait piéger par le futur vainqueur en quarts.

Participant gag de la compétition, les Philippines se sont montrées comme prévu parmi les plus faibles du tournoi. Elles sont néanmoins champions du binationalisme. Sur le onze type de base de Sven-Goran Eriksson, aucun joueur n’était né au pays, mais au Danemark (comme Michael Falkesgaard) en Allemagne (comme Manuel Ott), en Espagne (Álvaro Silva) ou en Angleterre.

La Chine nourrissait de grandes ambitions dans ce tournoi, mais trois erreurs défensives de haute facture auront tout simplement eu raison de la formation entraînée par Marcello Lippi. Il va falloir travailler, ce que les Chinois font plutôt bien, pour faire mieux lors de la prochaine édition en 2023 qui se tiendra justement dans l’Empire du Milieu.

Ce jour-là la Chine avait vraiment une défense de feu

Lorsque je me suis aperçu que ce pays d’Asie centrale s’était qualifié pour la coupe d’Asie, j’avais envie de rire extrêmement fort. Bon après je me suis rendu compte qu’il était 1h du matin et qu’on est en Suisse donc je me suis abstenu. Honte à moi, le Kirghizistan n’a pas fait un vilain tournoi et a offert du spectacle jusqu’en huitièmes. Et puis bon ils ont un bon attaquant qui s’appelle Vitali Lux et un Ghanéen naturalisé, ils ont gagné tout mon respect.

Après cinq premières rencontres sans encaisser le moindre but et bénéficiant d’un soutien important dans les tribunes, la Team Melli était mon grand favori au titre final. Pas de chance, en demies les Perses sont tombés face à un solide Japon, je me suis planté et l’Irantre à la maison.

Pays déchiré par la guerre, le Yémen était déjà content d’être présent. Un match hautement symbolique face à l’Iran (qui soutient les rebelles dans la guerre) qui a néanmoins tourné en grande fessée 5-0, et deux défaites sans marquer le moindre but, résument le parcours du Yémen. Les diables rouges, surnom le plus utilisé dans le monde, n’avaient pas le niveau mais l’essentiel n’était pas véritablement là.

Fragilisé par la situation politique depuis des années, l’Iraq n’en demeure pas moins une valeur sûre du football asiatique. Vainqueur de l’édition 2007, l’Iraq a déjà prouvé qu’allier foutoir pas possible dans son pays et équipe compétitive était possible. Pour cette édition les Lions de Mésopotamie sont toutefois sortis par la petite porte. Le Qatar les a sortis en huitièmes lors du derby des Q.

La grande surprise de ce tournoi. Une aventure qui s’est prolongée jusqu’en quarts de finale. Les Vietnamiens sont de vrais mordus de football, crois-moi. Un pote m’a raconté avoir rencontré des mecs là-bas qui connaissaient pratiquement tous les joueurs de l’équipe suisse, où ils jouaient, etc… Leur technique est clairement au-dessus, c’est plutôt la tactique et l’impact physique qui semblent être le problème des Dragons dorés. Une formation en devenir à surveiller sur le continent asiatique.

Une inconnue totale. Un bon début de tournoi puis soudain le naufrage. On recherche visiblement encore un attaquant saoudien capable de cadrer ses frappes. Allah est peut-être grand mais l’Arabie Saoudite était petite cette année.

14 buts encaissés pour un seul marqué en trois rencontres ça fait beaucoup, surtout que la Corée du Nord nous a habitués à avoir une formation bien organisée pour le continent asiatique. On ose à peine imaginer l’accueil au retour des mecs à Pyongyang.

Détesté et hué durant toute la compétition (enfin quand il y avait du monde dans le stade), le Qatar l’aura quand même bien mise profonde à tout le monde et surtout au pays organisateur. Tensions politiques et diplomatiques, rivalités, joueurs naturalisés à la va-vite, sont autant d’éléments qui expliquent que tant aux Emirats qu’ailleurs dans le monde arabe, le futur hôte du mondial 2022 soit considéré comme un paria. Une équipe solide et surprenante qui a surtout brillé par sa rigueur défensive, son gardien Saad Al Sheeb et son duo offensif Ali-Afif. Ils n’ont encaissé qu’un seul but de toute la compétition, en finale face au Japon. On a un peu la même sensation qu’avec la Grèce qui avait remporté l’Euro en 2004. Un titre somme toute mérité, même si à chaque fois que le Qatar réalise quelque chose, tout le monde critique.

OK ça n’est pas la bicyclette de Shaqiri, mais c’est tout de même pas mal pour une finale

La formation au cèdre a fait partie des deux moins bons troisièmes de la phase de poule. Pas de chance ça s’est joué au fair-play, le Liban a pris 7 jaunes tandis que le Vietnam n’en a pris que 5. Même au niveau du football asiatique ça se joue parfois à pas grand chose.

Les Samouraïs bleus comptaient bien entendu parmi les grands favoris de la compétition mais ils se sont faits, eux aussi, piéger par ce Qatar en état de grâce. Sans doute une punition divine pour avoir vendu leur dernier match de coupe du monde face à la Pologne.

Voilà un pays qui peut faire concurrence à la Corée du Nord à la première place de l’indice global de dictature. Au niveau football par contre, si les Turkmènes ont été mauvais ils n’ont largement pas fait pire que les Nord-Coréens, 3 défaites certes mais pas 3 casseroles tout de même.

Formation entraînée par Hector Cuper qui est toujours présente, mais ne parvient jamais véritablement à briller. Une sorte de Nati des pays d’Asie mais avec des noms qui finissent en -ov. Bien entendu que les Ouzbeks ont été sortis en huitième de finale, inutile de le préciser quand on compare un pays à la Suisse.

Si quelqu’un en a quelque chose à faire du parcours d’Oman, il est cordialement invité à l’écrire en commentaire ci-dessous et je compléterai volontiers.

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4 Commentaires

  1. Sympathique article. Ça me rappelle un Jordanie-Pakistan que j’avais suivi à Amman, au stade King Abdullah II. C’est toujours un plaisir de lire des résumés de ce football si particulier! 🙂

    • Merci bien! Ca fait toujours plaisir de voir qu’il n’y a pas que la Champions League et la Premier League qui intéresse les gens. Très bon choix de match 😉

      • Choix… choix, c’était par défaut. J’étais le seul blanc – blond du stade. Le thé à la mi – temps était sympa….et les gardes armés qui surveillaient les supporters pakistanais n’avaient rien à envier à nos robocops.

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