На здоровье et ευχαριστώ, Eden !

Eden Hazard a marqué de son empreinte ses 99ème et 100ème sélections, non seulement en inscrivant trois buts, mais surtout en la jouant « taille patron » au cœur d’une équipe assez profondément remaniée, qui n’a cependant eu aucune difficulté à tenir son rang face à des adversaires bien moins redoutables qu’annoncés.

Copyright Pad’R. Dessin paru dans « La Dernière Heure » du 25 mars 2019 et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Avant les matches

On avait encore en bouche le goût amer du fiasco de Lucerne. On se souvenait des prestations, plus efficaces que brillantes, des Russes lors de la coupe du monde  l’été dernier. On se souvenait de la difficile victoire, obtenue à l’arraché, lors du dernier déplacement à Chypre. Sachant les Diables confrontés à de multiples défections  – et non des moindres ! – il n’était pas illogique de nourrir quelques interrogations.

Les matches en deux mots

Les Diables ont rendu des copies propres, si on excepte le pâté de Courtois face aux Russes. Jamais eu besoin de forcer, jamais eu besoin d’accélérer au point de se mettre dans le rouge. Calme, maîtrise, zénitude, sérénité, efficacité. C’était très pro, très sérieux et très appliqué, même si la seconde mi-temps à Chypre avait un subtil parfum de Témesta. Chaque match était plié avant la mi-temps. Les remplaçants ont fait très bonne figure face à des adversaires qui, il est vrai et malgré leurs ambitions affichées, manquaient singulièrement de mordant, mais c’est aussi comme ça qu’on prend des planches. Tielemans et Dendoncker, en pleine bourre à Leicester et Wolverhampton respectivement, ont bien assuré. Castagne se révèle être un concurrent redoutable pour la place occupée une fois par Chadli, l’autre par Carrasco. Thorgan Hazard confirme. Batshuayi signe un beau retour en forme après s’être morfondu durant des mois à Valence. La « génération dorée » – comme elle déteste qu’on l’appelle  – atteint tout doucement la trentaine et il va falloir s’habituer aux départs à la retraite plus ou moins forcés, mais il y a du fond immédiatement derrière. C’est pas encore tout à fait clair pour la suite, mais savourons tant que c’est chaud.

L’homme des matches

Eden, cent fois ! Ce type est fabuleux. Nous avons cette mauvaise habitude en Belgique d’imaginer qu’une fois qu’un de nos sportifs arrive au sommet, tout va de soi. On a connu ça avec Eddy Merckx ou Jacky Ickx et, plus près de nous, avec Justine Hénin, Kim Clijsters, Johan Museeuw, Tom Boonen et Philippe Gilbert. Ils sont au top ? Ben c’est quoi ? Ça gagne cinq tours de France et 580 autres courses, ça gagne ses 24 heures du Mans, son tournoi du grand chelem, son Paris-Roubaix ou son Liège-Bastogne-Liège et tout va bien, mais c’est normal, pas de quoi s’émerveiller, juste la routine. Et c’est seulement quand ça s’arrête qu’on constate l’ampleur des performances. La Belgique du foot ne se rendra réellement compte de la place d’un Eden Hazard dans l’histoire du foot contemporain que quand elle contemplera le vide laissé par son absence. À l’instar de Messi, mais contrairement à CR 7, Eden « JOUE » au football. Lorsqu’il réussit un dribble, il sourit presque comme un gamin tout content d’avoir joué un bon tour à son opposant. Pas content d’être remplacé par le coach fédéral malgré mon bon match ? M’en fous, je vais manger un burger sauce andalouse, na ! Et la prochaine fois, je marquerai deux goals de génie, na ! La Belgique a une chance incroyable : un des meilleurs footballeurs de la planète porte ses couleurs.

Copyright Pad’R. Dessin paru dans « La Dernière Heure » du 23 mars 2019 et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

La buse des matches

Une fois n’est pas coutume, je désigne Thibaut Courtois. Le meilleur gardien du monde (si, si !), le gars qui a sorti tant d’arrêts miraculeux, s’est fendu d’une bourde  phénoménale (2:30 du résumé) qui a remis les Russes dans une partie  dont ils étaient totalement absents, au point qu’on se demandait s’ils n’avaient pas oublié leurs passeports  à la douane. À l’heure qu’il est, les images achèvent leur 44ème tour de la planète et elles continuent à suivre leur orbite. Thibaut s’est magnifiquement repris sur la seule occasion des Chypriotes autrement amorphes avec une parade de grande classe.

Le tournant des matches

L’atterrissage à Nicosie. De la douceur du printemps bruxellois à la température frigorifique qui, nous a-t-on dit, régnait sur l’île, les Diables ont dû craindre de s’enrhumer.

Le geste technique des matches

LE contrôle d’Eden (6:35 du même résumé). Du génie pur. Un moment de grâce.

Le geste pourri des matches

OK, Dries Mertens commet la première faute, mais la réaction de Golovin est aussi stupide, et brutale que dangereuse. On ne vise pas les burnes, point, barre. Va vérifier si l’eau des douches est déjà chaude, gamin !

 

L’anecdote

Pour l’Union belge, Eden fêtait à Chypre sa centième sélection. Or, pour la FIFA et l’UEFA, son compteur est bloqué à 98, en raison de deux matches invalidés, tous deux face au Luxembourg, le premier parce qu’il a été interrompu par les intempéries et le second parce que Marc Wilmots avait effectué  sept changements au lieu des six autorisés lors d’un match amical. Pour le même motif, les stats de buteur de Lukaku sont différentes selon qu’on se réfère aux chiffres de l’UB ou à ceux des instances internationales. La remise de la casquette aux cents étoiles aura donc lieu lors du match contre l’Écosse

Et sinon, dans les tribunes ?

Le public a rempli son contrat, sans plus. Faut dire que dans un Roi Baudouin ceinturé par une piste d’athlétisme et un stade de Nicosie garni d’à peine 6.000 spectateurs, il est compliqué de faire monter l’ambiance.

La minute Rodrigo Beenkens (commentateur attitré des Diables sur la RTBF)

« Si cette équipe de Chypre entend disputer la deuxième place du groupe, ben y a pas de quoi en faire tout un halloumi ».

La rétrospective des prochains matches

Si on accepte l’augure que la Belgique vient de rencontrer ses deux adversaires théoriquement les plus coriaces, les venues du Kazakhstan et de l’Écosse, qui seront suivies d’un déplacement à Saint-Marin, ne devraient pas faire couler beaucoup de sueurs froides sur les échines des troupes de Martinez.  Avec tout le respect dû à n’importe quel adversaire (et on a vu ce que ça a donné il y a quelques mois), la première place du groupe I ne devrait pas échapper aux Diables, sauf épidémie de varicelle qui frapperait les équipes nationales jusqu’aux U-17. Reste aussi à voir si c’est en ayant la vie aussi facile qu’on prépare au mieux un grand rendez-vous.

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