Malgré un stade presque aussi plein que mes camarades sédunois, le spectacle était catatonique. Et dire que j’ai payé 55 francs ma place plus un total de 52 francs en bières pour une partie aussi affligeante. Seule action du match pour les Sédunois, un penalty accordé généreusement en première mi-temps par M. Tschudi. Un 1 à 1 pour un derby qui aurait certainement donné 0-2 avec un Jaccottet en forme à l’arbitrage.
Cent pour cent de réussite donc, avec un tir un goal. Même si on jouait contre des Genevois plus réputés pour leur jet d’eau que pour leur football, c’est du n’oisportequoi ce que nous a proposé le FC Sion samedi. On avait tellement de stars bling-bling sur le terrain qu’on se serait crus dans la cité de Calvin Klein. Des henchoz’ pareilles ! Les anciennes tout comme les jeunes voix se sont élevées pour réclamer un changement rapide au sein du club. Les huées d’après-match reflètent d’ailleurs parfaitement ce sentiment. On a hésité à leur balancer nos gobelets vides sur la tronche, mais le club a trouvé la parade de les consigner, alors si on leur balance nos gobelets, c’est comme si on leur balançait de l’argent, on avait peur que le message ne soit pas bien compris.
Heureusement, pendant que dans le stade le président CC d’y croire, les supporters des deux camps ont su animer la soirée, proposant une joute intellectuelle digne des « chiffres et des lettres ».
En effet, on a eu le droit à un dialogue passionnant entre les supporters sédunois et les supporters grenat. Notre groupe de spécialistes « the old docs » a suivi de près ce dialogue et a tenté humblement de décoder leurs messages.
Tout à commencé avec l’arrivée 10 minutes en retard des serviettens dans le stade. Des rumeurs circulent qu’ils se seraient trompés à cause du décalage horaire. Habitant en France, ils pensaient certainement que le changement s’était effectué plus tôt. Une chance pour eux que les deux équipes s’étaient mises d’accord pour présenter un non-match jusqu’à leur arrivée… ou jusqu’à leur départ… En bons hôtes, les valaisans les ont accueillis les doigts ouverts avec une jolie mélodie sifflée. Les deux camps de supporters ont alors entonné des chants dont le volume était trop important pour que l’on puisse réellement en saisir toutes les subtilités. Il a donc fallu trouver un autre subterfuge pour se faire comprendre : les banderoles.
Une famille en or
Le premier « texto » rédigé par les Servettiens s’amusait que Alain Geiger ait été élu « le traître du siècle ». Difficile de dire s’il s’agissait d’une « guéguerre à l’intention » des Servettiens ou des Sédunois. Puis, la banderole suivante reprochait aux Sédunois leur manque d’identité, contrairement aux Servettiens qui ont su rester une seule et même famille avec la même identité depuis 30 ans. Mes camarades des « old docs » et moi, n’avons pas pu nous empêcher de relever qu’en termes de consanguinité, nous étions bien plus spécialisés qu’eux et que de ce fait nous étions, nous, de la même famille depuis plus de 200 ans.. Leur banderole suivante allait d’ailleurs dans ce sens.
« Ta soeur, ta mère », traduit : « Chicco d’oro » par le FC Sion.
Un petit message en arabo-servettien est venu corroborer nos propos. En effet, nous avons dans un premier temps pensé que le FC Sion avait pris soin de traduire le message en arabe juste au dessous par : « Chicco D’Oro » et nous nous demandions si le kop servettien trouvait qu’en fin de compte nous étions des « types en or ». Puis, un Valaisan expatrié à Genève et donc connaissant bien la langue locale a pu nous donner la traduction exacte : « Ta soeur, ta mère ». Effectivement, que ma soeur soit ma mère, cela est tout à fait vraisemblable dans mon canton, donc rien de choquant. Néanmoins, merci aux Servettiens d’avoir initié le jeu des devinettes qui s’en est suivi et merci d’utiliser l’arabe juste après s’être vanté de l’identité genevoise. Que du bonheur. Comme quoi, celui calvin dans le nez n’est pas toujours celui qu’on pense.
Des chiffres et des lettres
Les Sédunois ont donc répliqué par une petite devinette : « mot en 8 lettres commençant par M définissant Genève, son club, sa tribune et même sa pelouse ». Les paris allaient bon train pour trouver la solution, nous espérions juste que la réponse ne soit pas en arabe. J’avais misé sur « Macaque » alors que d’autres prétendaient qu’il s’agissait certainement de « merde » avec une erreur dans le comptage des lettres. Jusqu’à l’annonce de la réponse, un suspens a laissé sans voix tout les partisans du FC Sion qui craignaient de passer pour des illettrés.
Il s’agissait en fait de « Merdique ». Ouf, le compte était bon.
Les grenats connaissant évidemment la bonne réponse ont préféré répondre par signaux de fumée.
« Je ne vois plus clair ! » s’est écrié un Servettien assis au 8ème rang.
Question pour un champion
Pour la dernière banderole des Genevois, nous avons eu beau nous creuser les méninges, impossible de décoder un tel niveau d’énigme. Nous invitons donc les lecteurs de Carton-Rouge à proposer leur interprétation et à nous la signaler dans les commentaires. Le jeu est sponsorisé par « jouezsport ».
Dernière énigme des Servettiens sponsorisée par « JouezSport ! Vos paris sportifs »
Bref, six ans d’attente pour un derby pourri et des supporters qui ont préféré s’envoyer des SMS plutôt qu’encourager leur équipe. Pas sûr qu’avec des prestations qui rappellent celles du LS en Super League, le public sédunois continue longtemps à répondre présent. Pas sûr non plus que le point remporté en cinq matches suffise à éviter que Constantin soit en froid avec Henchoz.
En bonus. J’aime beaucoup avec le commentaire dessous: les Valaisans n’ont pas eu que de bonnes idées…
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