Après un premier article sur un championnat asiatique (Chinese Super League), je me suis dit qu’il serait intéressant de présenter à nouveau un championnat qui n’intéressera probablement pas grand monde au vu de la place de mon dernier article au classement des plus lus du mois précédent. Mais pas de quoi me faire baisser les bras, surtout avec le soutien de certains de mes acolytes de Carton-Rouge ou encore l’approbation du rédacteur en chef qui m’a simplement glissé un « Ce qui est génial avec tes articles c’est que personne ne s’intéresse à ces championnats alors personne ne pourra dire que tu as tort, et personne n’ira vérifier ». Pas tort Martin ! Du coup, aujourd’hui on se penche sur le championnat sud-coréen.
Le championnat sud-coréen de 1ère division est appelé la « K League 1 » pour Korean League 1. Il a été créé en 1983, a un statut professionnel et se joue à 12 équipes. Jusqu’en 2013 il se montrait particulier du fait qu’il n’y avait ni promotion, ni relégation en fin de saison. Une situation qu’envient sûrement de nombreux supporters sédunois. La K League 1 se déroule le long de l’année civile à travers 3 confrontations entre chaque équipe, soit 33 matches. A la suite de ces 33 matchs, les 6 premières équipes du championnat se retrouvent pour un mini championnat où chaque équipe affronte une fois les 5 autres équipes (les points de ce petit championnat s’additionnent aux points du championnat initial), ce qui révélera le vainqueur du championnat, ainsi que les équipes qualifiées pour la ligue des champions asiatiques. A l’inverse, les 6 équipes qui suivent disputeront un même mini championnat qui désignera une équipe incapable de se maintenir en championnat sud-coréen, ce qui est bien moins valorisant, et le 5ème de ce championnat jouera un match de maintient face à une équipe de seconde division (le genre de match qui nous ferait envier Gilbert Montagné…). A noter que le comité de la Swiss Football League suit peut-être le championnat sud-coréen puisque la Super League risque d’adopter le même format (à quelques détails près) dans les années à venir.
La première équipe à avoir remporté le championnat sud-coréen s’appelait « Hallelujah FC » (elle a disparu en 1988). Le nom est sympa mais je doute qu’une victoire en championnat sud-coréen puisse être comparée à un miracle. La raison d’un tel nom est simple : l’équipe était principalement composée de joueurs et entraîneurs chrétiens. L’association du nom d’une équipe à ses caractéristiques est quelque chose de commun dans le football, comme en témoigne le Toulouse FC.
Une situation qui était probablement rêvée par de nombreux membres du « Hallelujah FC ». Je fais évidemment référence au fait de participer à une finale de coupe du monde…
Ces dernières années, le « Jeonbuk Hyundai Motors » se distingue particulièrement en Corée du Sud avec 4 titres de champion lors des 5 dernières années. Qu’on se le dise, chez eux tout roule. De plus, l’équipe a remporté l’édition 2016 de la Ligue des champions asiatique. La Corée du Sud se démarque sur le continent asiatique en ayant remporté le plus de fois ce titre (11 reprises). Au sujet des serial buteurs locaux, le meilleur buteur de l’histoire de la K League 1 avec 195 buts est Lee Dong-Gook. En plus de ce joli total, il se distingue notamment par le fait d’être encore joueur à 40 ans, tout en gardant une place de titulaire dans la meilleure équipe sud-coréenne. Il faut aussi noter que le championnat sud-coréen ne fait pas rêver grand monde, déjà parce qu’aucun championnat asiatique ne fait rêver, et parce qu’ils n’ont pas décidé d’investir à coup de millions sur des joueurs européens comme le font la Chine ou le Qatar. Finalement cela leur est avantageux car leurs équipes sont principalement formées de joueurs sud-coréens, ce qui leur permet d’avoir une équipe nationale performante, contrairement à la Chine.
En somme, le football sud-coréen est plutôt bon comme en témoignent ses nombreuses victoires en Ligue des champions asiatique ou encore les performances de son équipe nationale. Mais qu’en est-il de leurs voisins nord-coréens ? Penchons-nous un peu sur leur cas. En revanche je vais éviter de trop leur taper dessus (par peur des représailles…).
Le championnat nord-coréen est lui appelé « DPR Korea League » et a été fondé en 1960. Il se joue entre 12 équipes et se déroule en une phase de matchs aller-retour le long de l’année civile. Une subtilité de ce championnat est que le régime en place est un frein au marché international des transferts, ce qui leur a souvent valu une interdiction de participer aux compétitions continentales. Malgré cela, je ne suis pas certain que des clubs étrangers se montrent intéressés par des joueurs d’un tel championnat. Tout comme je doute que des joueurs étrangers puissent être intéressés par la perspective de rejoindre la Corée du Nord. Bon c’est vrai que Dzemaili en serait sûrement capable… mais lui c’est un cas à part.
Aujourd’hui, il est impossible de voir autant de supporters à la Pontaise, et cela n’a rien à voir avec le Coronavirus. Quelle tristesse de passer même derrière la DPR Korea League…
L’équipe la plus titrée est appelée « April Twenty-Five Sports Club » et ce nom, elle le doit à la date du 25 avril qui représente la fondation de l’Armée Populaire de Corée, car oui ce club est le représentant de l’armée nord-coréenne. Ce qui me pousse à me demander si les joueurs jouent pour l’amour du maillot, ou simplement de la vie. Pourtant ce club n’est pas une exception car chaque équipe de première division est affiliée à un mouvement comme le Amrokkang Sports Club qui est associé au ministère de la sécurité populaire ou le Jebi Sports Club qui l’est pour les forces aériennes et anti-aériennes de l’Armée populaire coréenne. Ce championnat ressemble plus à un tournoi d’entreprise où chaque contestation envers l’arbitre peut mener à une guerre civile. En revanche, je me trouve dans l’impasse s’il faut vous parler du premier champion nord-coréen car les champions entre 1960 et 1984 sont inconnus. Face à un tel championnat, je suis même surpris de constater que les 34 champions qui ont suivi soient connus.
Alors que les Sud-Coréens se sont souvent distingués en ligue des champions asiatique, les Nord-Coréens n’ont absolument jamais remporté la Ligue des champions asiatique, ce qui n’est pas étonnant tant le niveau semble être désastreux. Concernant le meilleur buteur du championnat nord-coréen, il m’a été difficile de le trouver. Néanmoins, pour nos lecteurs, je me devais de pousser plus loin mes recherches. J’ai donc pris contact avec des Nord-Coréens, qui m’ont tous communiqué la même information. Cette personne serait Kim Jong-un. Une partie de moi me dit que cette information est totalement fausse et que ce serait totalement crédule de l’intégrer à mon article. Une autre partie de moi veut bien croire à cette hypothèse étant donné que le niveau local semble équivaloir à un match de ligue romande. Mais encore l’anecdote serait incroyable. Par conséquent, à vous de vous faire votre propre opinion sur cette question.
Pour ceux qui ne croient pas en la possibilité que Kim Jong-un soit le meilleur buteur, petite vidéo qui pourrait vous dissuader de douter de ce grand homme. La Suisse aurait grand besoin d’un buteur de ce calibre.
Ces quelques informations vous ont probablement permis de constater l’écart qui existe entre ces deux championnats. Cela a évidemment des répercussions sur les équipes nationales. La Corée du Sud est placée à la 40ème place du classement FIFA alors que la Corée du Nord est 116ème. La Corée du Sud a remporté 2 fois la Coupe d’Asie alors que la Corée du Nord n’a toujours pas le moindre podium. La Corée du Sud a participé à 10 phases finales de coupe du monde, dont une 4ème place en 2002 alors que la Corée du Nord n’y a participé qu’à deux reprises et malheureusement pour eux, il nous est difficile d’oublier le 7-0 face au Portugal en 2010, où Ronaldo n’avait même pas besoin de savoir où se trouvait le ballon pour le mettre au fond des filets. Il faut tout de même noter qu’ils ont connu un quart de finale en 66, qui est aussi le nombre d’années qui nous sépare de notre dernier quart de finale de coupe du monde… La Corée du Sud a connu de nombreux très bons joueurs comme Cha Bum-geun, Park Ji-Sung ou encore Son Heung-min. En Corée du Nord, on trouve Jong II-gwan qui est le meilleur buteur de l’histoire de la sélection avec 24 buts… et qui n’a jamais réussi à s’imposer au FC Lucerne… Toutefois je ne suis pas tant surpris par de telles différences entre leurs sélections nationales. Leurs surnoms en disent déjà tellement sur eux. D’un côté on trouve « Les Guerriers Taegeuk » ou encore « Le Tigre d’Asie », ce qui a de quoi faire peur aux adversaires. De l’autre côté, on trouve « les Chollimas » ou « les Moustiques Rouges » qui à part se retrouver dans nos lasagnes ou nos bouches durant nos footings, ne sont pas vraiment synonymes de menace.
Ce fameux jour où Ronaldo a prouvé à tous non-voyants et malvoyants qu’il n’y avait pas besoin de savoir où se trouvait le ballon pour marquer… contre la Corée du Nord.
En définitive, leurs niveaux footballistiques, et plus globalement sportifs, sont extrêmement différents. Pour la Corée du Sud, nous dirons plutôt« quelle belle équipe nationale » ou « jusqu’où cet athlète va-t-il aller ? ». Pour la Corée du Nord nous allons surtout nous poser des questions du genre « ah donc ils ont une équipe nationale ?! » ou encore « comment cet athlète a-t-il fait pour venir ? ». Comme vous avez pu le constater à travers cet article, la Corée du Sud est nettement en avance sur la Corée du Nord en matière de football, et cela malgré toute l’histoire qui les Lee… Les partages des biens en cas de séparation ne sont pas toujours équitables et la Corée du Nord en témoigne à merveille.
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