Les amis de Barthélémy

Baby Constantin vient d’être élu Pigeon d’or du mois de mars et se profile déjà comme l’un des grands favoris au titre suprême de 2020. Mais quoi que l’on en dise, malgré son flair tout relatif en matière de recrutement, il y a bien pire que lui dans l’histoire du foot. Pour vous le prouver, voici une compilation des recruteurs et directeurs sportifs les plus nuls de l’histoire du ballon rond dont les portraits ornent peut-être pour certains les murs de la chambre de Barthélémy.

Damien Comolli

Dans le milieu des directeurs sportifs, on l’appelle parfois le GOAT. Après des passages à Saint-Etienne et à Tottenham, il est recruté en 2010 par Liverpool qui lui confie sa politique sportive. Le Français y délivre alors un récital. Toujours à l’affût de bons coups pas chers, il pose 40 briques sur un grand costaud de Newcastle à la démarche de déménageur nommé Andy Carroll. Il suffit pourtant de voir jouer deux secondes le bonhomme pour comprendre qu’il est plus doué pour une partie de fléchettes au pub que balle au pied sur un terrain. Sur sa lancée, Comolli poursuit son récital à l’été 2011 en investissant 22 millions d’euros sur l’ailier d’Aston Villa Stewart Downing. Une acquisition magnifique puisque ce dernier quittera les Reds deux ans plus tard avec l’impressionnant bilan de 7 buts en 91 rencontres. Ajoutez à cette doublette le magnifique Charlie Adam et le maître en csc Sebastian Coates et vous vous rendez compte de la maestria du tricolore. Avec ce bilan, on ose supposer que les noms de Luis Suarez et Jordan Henderson lui ont été soufflés tellement cela ne ressemble pas à son palmarès.

Pourtant, Fenerbahçe n’a visiblement pas été mis au courant de la supercherie. Ils jettent donc leur dévolu sur Comolli en juin 2018 qui fait le bonheur du FC Zürich en attirant immédiatement dans ses filets l’intellectuel Michael Frey. Ce dernier se comparait à l’époque à Ibrahimovic. Certes, il portait fièrement la queue de cheval, mais en fait, c’est plutôt à Andy Carroll qu’il ressemblait.

Comolli a quitté le Fener en janvier 2020 après une saison achevée à la 6ème place, le pire résultat du club depuis 2002.

Petit quiz. Grâce à Comolli, lequel des deux a coûté presque plus du double de l’autre ?

Sam Allardyce

Qui peut être aussi con pour racheter Andy Carroll et Stewart Downing à Liverpool ? Lui.

Sven-Göran Eriksson

Si vous cherchez quelqu’un capable de personnifier le mot « has been », c’est l’homme qu’il vous faut. Entraîneur à succès dans les années 80 et 90 (IFK Göteborg, Benfica et Lazio notamment), le Suédois commence sa descente aux enfers à la barre de l’équipe d’Angleterre (un peu) puis à la tête de Manchester City et du Mexique (surtout). C’est donc avec déjà quelques casseroles au cul qu’il débarque en tant que Directeur du football à Notts County en juillet 2009. Tout sourire, Eriksson déclare à son arrivée : « J’ai toujours dit que je voulais revenir en Premier League. Certes j’ai choisi un chemin difficile pour y parvenir et cela prendra quelques années mais nous allons y parvenir ». Ah oui, car – détail – Notts County évolue en Coca-Cola League Two, soit l’équivalent de la quatrième division britannique. Mais que vient donc foutre l’ancien sélectionneur national dans ce merdier ?  Aurait-il été séduit par les 2 millions de livres annuelles que lui propose le fonds Qadbak Investments qui vient d’acquérir le club par l’intermédiaire d’une de ses filiales ? Mais non bon sang, puisqu’on vous dit que c’est le projet sportif qui a séduit Eriksson !

Une pétée de thunes et une figure aimée des tabloïds à la tête d’un club de 4ème division, c’est évidemment toute la presse qui s’emballe. Les rumeurs les plus folles sont associées à Notts County. Des contacts sont évoqués avec Christian Vieiri, Dietmar Hamann ou encore Roberto Carlos. C’est finalement le Portugais Jorge Andrade, finaliste de l’Euro 2004, qui s’entraîne quelques jours avec le club sans toutefois être conservé. Sous l’impulsion de notre ami Sven-Göran, le portier Kasper Schmeichel est engagé en provenance de Manchester City pour la somme extravagante à ce niveau de 1,75 million d’euros, tout comme l’avant-centre Karl Hawley, meilleur buteur de Championship deux ans auparavant et une ribambelle d’autres recrues arrivées on ne sait comment. Notts County commence son championnat tambour battant mais Eriksson ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il a alors la merveilleuse idée de signer pour 5 ans (!) l’ancien défenseur d’Arsenal qui fut son poulain en sélection Sol Campbell, 35 printemps au compteur. Après plusieurs semaines à se préparer physiquement, Sol et sa fine moustache font leurs débuts pour Nottingham en septembre face à la mythique formation de Morecambe. Un match perdu qui restera comme le seul joué par Campbell sous le maillot des Magpies puisque ce dernier se barre quelques jours plus tard d’un « commun accord » avec sa direction. Des rumeurs sur la santé financière du club font alors leur apparition. En vérité, les Notts sont déjà au bord de la banqueroute. Les propriétaires mettent le club en vente en décembre. Il est vendu en février, date à laquelle Eriksson est débarqué.

Depuis, le Suédois a enchaîné des piges exaltantes comme entraîneur en Chine, en Thaïlande et à la tête des Philippines. Sa dernière expérience a duré trois matches.

Projet sportif bla bla bla, gros challenge bla bla bla, bla bla bla, bla bla bla…

Alain Roche

Certes, le PSG n’a pas toujours eu les mêmes moyens qu’aujourd’hui pour recruter. Mais en tant que Directeur de la cellule de recrutement du club de 2006 à 2012, Alain Roche a eu le temps de filer quelques bons tuyaux à sa hiérarchie. Son fait d’arme le plus fabuleux ? Le « panic buy » épique du 31 janvier 2008 et l’arrivée de la doublette brésilienne Souza-Everton. Entre 6 et 7 millions d’euros dépensés pour ces deux hurluberlus qui seront expédiés en retour express au Brésil six mois plus tard. Le second nommé, Everton, ose même comparer son style de jeu à celui de Robinho à son arrivée, ce qui lui vaudra le surnom de Jean-Claude Robignaud au sein du vestiaire parisien. Il ne portera le maillot du PSG que trois fois. Roche a certes redressé la barre par la suite mais le mal était fait.

Gianluca Nani

Le transalpin débarque en grandes pompes à West Ham en 2008 où il est chargé de la politique sportive du club. Sa carte de visite : avoir tenu le même rôle depuis presque dix ans à Brescia, club qui a formé Luca Toni et Andrea Pirlo comme le relayent les médias anglais à sa signature. Le malin Gianluca avait sans doute fait figurer ce principal fait d’arme en gras sur son CV. Seulement voilà, former, ce n’est pas recruter. Nani, dont on ne sait pas vraiment s’il a un gros cul comme son homonyme portugais, commence son festival à l’été 2008. Il puise dans un championnat qu’il connaît avec l’arrivée de Valon Pas-encore-Gut-Behrami et surtout l’espoir offensif allemand Savio Nsereko qu’il importe de Brescia pour presque 10 millions d’euros. Inutile de préciser que son poulain ne marquera aucun but lors de ses 11 apparitions pour les Hammers avant de retourner en Italie huit mois plus tard et de poursuivre une florissante carrière qui le mène aujourd’hui au BSC Sendling München, en millième division allemande. Mais Gianluca ne s’arrête pas là. En 2009, il pose 7 millions sur Alessandro Diamanti qu’il revend à Brescia un an plus tard (tiens, encore Brescia. Sans doute une coïncidence, loin de nous d’imaginer des magouilles…), fait venir en prêt les attaquants Mido et Ilan qui disputeront 20 matchs pour 4 buts à eux deux, et mise sur le jeune espoir helvète Fabio Daprelà qu’il attire de Grasshopper. Un sacré pari gagnant puisqu’après sept matches joués, il est refourgué à Brescia (non, non, ce n’est pas ce que vous imaginez…) Au final, West Ham termine la saison 2009-10 à la 17ème place et évite la relégation de justesse. Nani est débarqué quelques mois plus tard. Il retrouve de l’embauche en 2012 à Watford, où il engage 11 joueurs de l’Udinese en un seul mercato (normal quand le père de l’actionnaire principal du club est le proprio de l’Udine), puis à Al Jazira et à Reading. Sa dernière expérience dura, ô surprise, moins de trois mois.

Marco Streller

Notre compère Paul Carruzo a déjà résumé son œuvre pour Carton-Rouge dans cet article savoureux. Mais le bilan de la Strelette à la tête de la Direction sportive du FC Bâle est tellement exquis qu’il est normal de le citer à nouveau dans cette compilation. A son arrivée en 2017, le FCB (le vrai) vient de remporter un huitième titre de champion d’affilée. On ne voit pas comment la suprématie des Rhénans peut être contestée. Mais ça c’était avant, avant que les premières décisions du grand Marco ne produisent leurs principaux effets. Quand on n’a pas beaucoup d’idées, on fait du réchauffé et on rappelle ses potes. Wicky sur le banc, Frei et Stocker sur le terrain. Voilà comment gaspiller l’argent des ventes d’Akanji et Steffen en un coup de baguette magique. Mais ce n’est pas tout. Miser 5 millions sur un jeune en devenir (Oberlin) qui finit en prêt au SV Zulte Waragem, c’est tout aussi malin. Par pudeur, on n’évoquera pas les flops monumentaux Léo Lacroix et Aldo Kalulu qui prouvent que le conseiller de Streller sur la Ligue 1 française flaire également les bons coups. Deux titres pour Young Boys et un Parc Saint-Jacques à moitié vide plus tard, Marco tire sa révérence en juin 2019.

Dennis Wise

Mike Ashley, propriétaire quasiment invisible de Newcastle United (il donne sa première interview 8 ans après son arrivée), s’offre ce club historique à l’été 2007. Il place Dennis Wise, ancien manager de Leeds United, au poste de Directeur du football à l’approche de la saison 2008-09. Une saison de rêve sur le plan de la gestion sportive. Le manager Kevin Keegan est débarqué début septembre. Son ancien assistant Chris Hughton assure l’intérim mais perd ses trois matches à la bande. Joe Kinnear (détesté par les fans suite à son passage à la direction sportive du club en 2014) prend la suite mais doit démissionner pour raisons de santé. Chris Hughton assure à nouveau l’intérim mais ne prend que deux points en cinq rencontres. La légende du club Alan Shearer, qui n’a jamais entraîné auparavant (ni par la suite), est nommée pour sauver le club. Résultat ? Une étonnante relégation en Championship.

Mais l’anecdote la plus croustillante au sujet de Dennis Wise, c’est l’ancien adjoint de Kevin Keegan, Terry McDermott, qui la livre dans son autobiographie. En fin de mercato, Wise souhaite recruter Xisco, l’attaquant du Deportivo La Corogne. Il propose son nom à Keegan en lui mettant une vidéo YouTube sous le nez. Ce dernier lui rétorque que c’est un support un peu léger pour donner son aval. Newcastle achète Xisco dans la foulée. 11 matches et 1 but plus tard, Xisco retourne en Espagne et fait carrière en seconde division.

J’ai montré ce visage à un pote fan de Newcastle, il est aux soins intensifs depuis trois semaines. 

Remo Zenobi et Eugenio Gualdi

Les deux hommes se succèdent à la présidence de la Lazio entre 1929 et 1936. Un autre siècle où les présidents faisaient la pluie et le beau temps au sein des clubs. Et quand on sait que Mussolini en personne était membre honoraire du club et qu’il joua un rôle dans la venue du buteur star de l’époque Silvio Piola en 1934, le fait que la Lazio ne gagna aucun titre dans les années 30 laisse planer un doute assez important sur les capacités de Zenobi et Gualdi en matière de gestion sportive.

Frank Arnesen

Après une expérience fructueuse (d’après ce qu’on comprend au néerlandais) au PSV Eindhoven, l’ancien international danois débarque tout feu tout flamme à Tottenham en mai 2004 comme Directeur sportif. Sa première décision est de nommer le très anglophone Jacques Santini, qui offre un récital lors de sa présentation en tant que manager des Spurs. Jacquouille ne reste que 13 matches en poste suite à des différents avec Arnesen qui le remplace par son adjoint Martin Jol. Alors que la saison de Tottenham est plus ou moins complètement moisie et que ses choix de transferts sont discutés, Arnesen ne trouve rien de mieux que de se faire paparazzier en train de siroter des cocktails sur le yacht du respectable oligarque Roman Abramovitch, accessoirement également propriétaire du club rival de Chelsea. Suite à ce fâcheux épisode que l’on soupçonne totalement involontaire, notre camarade Franky est foutu à la porte par Tottenham. Heureusement, il trouve tout de suite de l’embauche à… Chelsea, ce qui constitue une surprenante opportunité ! Arnesen prend en main la direction sportive des Blues, y réalise quelques bons coups (Obi Mikel, Malouda) mais traîne aussi quelques grosses carottes (Shevchenko, Boulahrouz). Le départ de Mourinho en 2007 serait également lié à sa relation froide avec son Directeur sportif.  En 2011, notre sympathique Danois met les voiles direction Hambourg, ce que l’on peine à voir comme une progression. Il met évidemment toutes ses compétences au profit du club allemand et claque toute sa thune sur des espoirs de Chelsea (Töre, Mancienne, Rajkovic, Bruma, Sala). Inutile d’appeler votre pote devenu supporter du HSV depuis son échange Erasmus pour savoir si cela a été des bons coups, ils sont tous partis aussi vite qu’ils sont arrivés. Comme le travail porte toujours ses fruits, le HSV termine la saison avec une magnifique 15ème position au classement, soit le pire résultat du club depuis la création de la Bundesliga en 1963. Sacrée performance.

En janvier 2014, Arnesen débarque au Metalist Kharkiv mais n’y reste qu’un mois à cause de la situation politique en Ukraine. Ce n’est pas vraiment de sa faute mais c’est quand même un peu rigolo. Puis en 2015, les Grecs du PAOK le nomment Directeur sportif pour trois ans. Le temps pour Franky de finir derrière Guingamp dans son groupe d’Europa League et de se faire virer au bout de neuf mois. Heureusement, Anderlecht lui donne une nouvelle chance en janvier 2019 en lui confiant le poste de Directeur technique. Il est limogé en octobre de la même année. Le quotidien belge La dernière heure rapporte même qu’Arnesen passerait plus de temps à jouer au golf qu’à bosser ses transferts. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Pensez-vous qu’il va redresser Feyenoord par qui il vient d’être engagé ?

Bonjour à tous. Je très heureux de relever le défi que me propose Anderl… euh… Totten… euh… Hamb… euh Feyenoord, exactement voilà (sourire). 

Jean-François Collet

Ok, c’est un peu pour faire plaisir au Chef, mais quand même. Si vous aimez les doux noms de Júnior Negrão, Emil Lyng et Nicolas Marin, cliquez-ici pour admirer les talents de recruteur de Jeff. Notre moment préféré : l’arrivée de l’ancien directeur sportif d’YB, Alain Baumann, en juin 2011 mais seulement pour deux mois hein. Ben oui parce qu’il a déjà accepté un poste dans une assurance en août.

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