La NBA à l’heure des dollars

Débarqué au Paris Saint-Germain sans indemnité de transfert suite à l’épisode calamiteux de la gestion budgétaire du FC Barcelone, Lionel Messi est arrivé dans la capitale française accompagné d’un lourd débat propre à alimenter les discussions de comptoir au PMU et les bandeaux des chaînes en continu chers à Pascal Praud. Se pose alors mille fois la même question : les footballeurs sont-ils aujourd’hui trop payés ? Certainement. Mais sûrement pas, comparé à d’autres mecs d’un autre sport, lorsque l’on traverse l’Atlantique…

Pour rappel, Leo Messi c’est environ 40 millions d’euros nets par saison. C’est beaucoup, sûrement à la hauteur du talent et de l’aura de la pulga diront certains. En tous les cas, il est certain que le natif de Rosario n’aura aucune peine à louer son penthouse au cœur du 16ème arrondissement. Mais ce revenu annuel fait presque tache à côté du nouveau salaire du non moins talentueux Luka Doncic. Le basketteur slovène, quatrième aux Jeux Olympiques 2020 avec sa sélection, fait les beaux jours des Dallas Mavericks qu’il a remis sur le droit chemin après le départ à la retraite de la légende allemande Dirk Nowitzki. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il peut dormir tranquille sur son matelas King size pour les cinq prochaines saisons.

Ancienne pépite du Real Madrid avec qui il a tout gagné (meilleur joueur de la saison, champion d’Espagne, vainqueur de l’Euroleague), le jeune joueur de 22 ans vient effet de signer durant cet été son futur contrat, le plus gros de l’histoire de la NBA (National Basketball Association) pour un joueur sortant de son contrat rookie : 201,5 millions de dollars sur cinq saisons. Considéré donc jusqu’à l’été 2022 comme un ‘’débutant’’ dans le circuit de la plus grande ligue de basketball au monde, la nouvelle étoile incontestée de la franchise texane a braqué la banque. Et il touchera encore 10 millions de dollars cette saison en conséquence de son premier contrat signé à la Draft 2018, cérémonie permettant aux franchises de sélectionner les meilleurs espoirs. En quatre saisons, il aura déjà accumulé 32 millions de dollars. Le tout en étant exempté de taxes au Texas.

Dallas, ton univers impitoyable.

(enfin pas pour tous…)

Signez ici, revenus garantis

Comment dès lors le champion d’Europe 2017 avec sa sélection nationale a-t-il pu quintupler ses revenus en un été ? Comme d’autres ligues nord-américaines, la NBA est composée d’un syndicat de joueurs qui revendiquent des droits, la NBPA (National Basketball Player Association). Loin de se bastonner dans les rues pour manifester avec des gilets jaunes, ceux-ci s’activent plutôt en coulisses où la bataille fait rage entre costards-cravates. Si pour tout fan européen il subsiste ce malin plaisir à guetter tout lockdown pour espérer voir des joueurs renommés rejoindre le championnat national (on se souvient des venues de Logan Couture, Tyler Seguin, Joe Thornton, Rick Nash, Patrice Bergeron ou Patrick Kane sur les patinoires de LNA), c’est autre chose qui est attendu par les joueurs, qu’ils soient en NBA ou non : le fric. Évidemment, n’oublions pas les conditions de travail – sûrement infernales – qui doivent être négociées, bien que cela reste un discours de façade quand un tsunami de dollars arrive sur la plus grande ligue de basketball au monde. Car la NBA est un marché juteux et toutes ses franchises sont tenues par des milliardaires qui ont moins de problèmes à sortir le portefeuille pour faire tourner la boutique que le petit bar du coin qui galère depuis le début de la pandémie. De quoi donner des reins solides à un système vertueux qui offre du bénéfice autant à la ligue qu’aux équipes franchisées.

Bien qu’accusant une perte d’environ 800 millions de dollars suite au Covid-19, les revenus totaux de la NBA s’élevaient donc à environ 8 milliards de dollars en 2019-2020. C’est bien au-delà des près de 6 milliards générés quatre ans plus tôt, en 2015-2016. Et ne parlons pas de l’année 2001-2002 où, alors même que les Lakers étaient à leur apogée et que Allen Iverson donnait le tournis aux meilleurs défenseurs de la ligue, les revenus totaux ne dépassaient pas les 3 millions de dollars selon Statista.

C’est quelle vague celle-ci ? (source: statista.com)

Une des raisons de cette augmentation fulgurante provient notamment de juteux contrats télévisés signés en 2014, qui se répercutent inévitablement dans la hausse des salaires. Plus de 2,7 milliards de dollars par an, soit 24 milliards sur 9 ans, constituent cet hallucinant contrat âprement signé entre la NBA et ses diffuseurs ESPN, ABC et TNT après que FOX et NBC soient venus jouer la concurrence. En somme, c’est tout simplement le triple de ce que touchait la Ligue auparavant.

On est quand même à des années lumières de la négociation des droits TV de la Ligue des Champions par la RTS.

Quand l’élève dépasse le maître

En parallèle, le marketing NBA – qui inspire de nombreuses ligues comme le football européen – a permis de gonfler les revenus depuis quelques années grâce à une stratégie rondement menée, surtout à l’international. Petit poucet des ligues américaines et bien derrière les populaires NFL (National Football Association), MLB (Major Ligue Baseball) ou même NASCAR (National Association for Stock Car Auto Racing), c’est en grande partie à l’étranger que la NBA capte de nouveaux revenus via les réseaux sociaux ou le merchandising et capitalise sur sa popularité grâce au charisme de certains joueurs tels que Stephen Curry ou LeBron James et la présence de nombreux joueurs internationaux qui font la fierté de leurs pays respectifs à l’instar du Slovène Luka Doncic, du Grec Giannis Antetokounmpo ou du Camérounais Joel Embiid.

Là encore, les droits télévisés hors des frontières américaines font gonfler le compte en banque, et parallèlement le niveau de vie des joueurs car le plafond salarial, aujourd’hui estimé à 112 millions de dollars par équipes, se base sur les revenus de la ligue pour établir les contrats. Sans surprise, ces derniers ont explosés depuis cinq ans et différentes clauses liées à des récompenses individuelles ou collectives n’aident pas à réduire la voilure lorsque vient le moment de signer un nouveau contrat. Nommé dans une All-NBA Team, Doncic peut donc légitimement toucher au maximum 30% de la masse salariale de son équipe pour finir à 46 millions de dollars dans sa dernière année de contrat.

Giannis : 110 kilos sur la balance et 228 millions sur le compte. 

Ainsi, en comparaison avec les revenus gagnés par Michael Jordan sur ses 13 saisons en NBA (soit 90 millions, dont deux saisons à 63 millions), Luka Doncic atteint ce total en seulement 6 saisons. Il n’aura que 28 ans lorsque viendra le moment de signer un nouveau contrat juteux. C’est pour beaucoup indécent, mais c’est la loi du marché et la NBA n’est pas prête à faire faillite, en témoignent les contrats quasi similaires de 195.6 millions de dollars signés par les jeunes Jason Tatum et Donovan Mitchell en 2020. Et ce sera bientôt au tour de Stephen Curry de signer le plus gros contrat de l’histoire avec un salaire estimé à 54 millions par saison durant quatre années. De quoi donner le tournis…

Alors peut-être que le Slovène deviendra un jour plus riche que l’ex-joueur des Chicago Bulls, mais l’argent n’achète pas l’aura.

Celle-ci, elle se gagne par l’effort.

A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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