Hockyx le Béotien, vol. 2

Vous souvenez-vous ? En octobre dernier, je vous narrais ma première incursion en cette terra incognita que constitue pour moi le monde du hockey sur glace, hormis de nombreuses heures passées à jouer à NHL 98 sur PC. Ah, les joies d’utiliser les cheat codes pour jouer avec des mantes religieuses géantes ou faire entrer les zambonis durant le match. Good times… Convaincu par l’expérience et à la non-demande non-générale, je vous propose de rendosser ma panoplie d’Hockyx le Béotien et de partager avec vous mes observations inutiles sur les championnats du monde qui ont eu lieu du 13 au 29 mai 2022.

La répétition, mère de l’apprentissage ?

Première stupéfaction : les championnats du monde de hockey sur glace ont lieu … tous les ans ! À la lecture de cette phrase, Gianni Infantino vient d’avoir un orgasme. Mais pourquoi diable ce matraquage alors que l’économie nous enseigne que la rareté définit la valeur d’un bien ?

1ère hypothèse : le format doit sûrement être court pour qu’on puisse le répéter tous les ans. Pensez-vous ! Deux poules de huit, sept matches par tête de pipe, suivies d’éliminations directes à partir des quarts de finale.

2e hypothèse : il y a peu d’équipes nationales sur la planète. En fait, pour un sport d’hiver qui se joue sur une patinoire, le nombre de sélections nationales est plutôt impressionnant : 54 pays selon l’IIHF, dont les Émirats arabes unis et le Koweït !

3e hypothèse : les règles doivent être très claires, permettant de gagner de nouveaux fans chaque année. Et bien non, lesdites règles permettent de sortir des phrases ubuesques telles que « La Suisse, si elle gagne son quart de finale, devrait rencontrer la République tchèque en demie. Sauf si la Slovaquie bat la Finlande. Dans ce cas la Suisse rencontrerait la Slovaquie. En effet, la Suisse affronterait le moins bien classé restant si la Finlande sortait car ce serait elle la mieux classée. » Des questions ?

Quand t’essaies de comprendre le fonctionnement du tableau final…

Côté organisation, c’est pratique, il faut juste deux patinoires, en l’occurence la Nokia Arena à Tampere et la patinoire polyvalente d’Helsinki, choisie à la dernière minute après que celle prévue a été délaissée car appartenant à un oligarque russe. Le spectre du voisin de l’Est a d’ailleurs plané sur la compétition : Russie et Biélorussie exclues, et championnats 2023 prévus en Russie relocalisés à… Tampere et Riga en Lettonie.

La Nokia Arena, toutes les places à 33,10 €

Ce fut d’ailleurs plutôt insolite de voir la même semaine la Finlande et la Suède se tirer la bourre pour adhérer à l’OTAN et sur la glace.

Très belle affiche de la NATO Cup.

Prestige et conséquences

Avec ce rythme annuel, difficile de savoir si les joueurs en ont quelque chose à braire et si les fans ne sont pas blasés. Voyez plutôt cette anecdote véridique lors d’une conversation avec un collègue qui supporte le CP Berne :
« – Tu suis les championnats du monde ?
– Ah bon c’est maintenant ? »

Je savais que les Anglais considèraient comme plus important de gagner la Premier League que la Ligue des champions, mais alors le coup des championnats du monde comme compétition mineure, je ne m’y attendais pas. En effet, la NHL est le vrai championnat du monde, en témoigne l’absence des joueurs retenus avec leurs clubs. Entre les joueurs de Suisse qui jouent en NHL, les joueurs de Finlande qui jouent en Suisse, les Russes qui ne jouent pas et les joueurs de NHL qui ne peuvent pas être libérés, ça donne un joyeux foutoir où tu peux devenir le meilleur du monde sans t’être frotté aux… meilleurs joueurs du monde.

Quand on n’y connaît rien comme moi, on voit d’ailleurs bien que la couverture médiatique n’aide pas tellement à y voir clair.
Phase de poules : « La Suisse joue avec la meilleure équipe qu’elle n’a jamais eue ! »
Quart de finale : « Would you like some fries with it ? »

Quand même le chat tourne le dos au quart Suisse-États-Unis par dépit…

Le marketing, c’est pour les gueux

Tout commença lors des Jeux olympiques. Après m’être dit que le maillot de la Finlande était ma foi fort magnifique, je me suis mis en quête de me le procurer. Hélas, quelle ne fut pas ma peine. Apparemment, en hockey, les fédérations n’ont pas besoin de gagner de l’argent comme dans les autres sports de prolétaires. Quand même l’office du tourisme du pays hôte te dit qu’il n’est pas possible de se le procurer, tu perds foi dans le capitalisme :

According to the official store of the Finnish national ice hockey team Leijonat, the rights to the World Cup and Winter Olympic 2022 jerseys belong to the International Ice Hockey Federation IIHF, which has a deal with Nike regarding the production and distribution of the jerseys. It appears that the Leijonat Store has not been able to include these in their selection, and I wasn’t unfortunately able to find these elsewhere.
Best regards,
Andrea / Tourist Information
City of Helsinki, Travel & Tourism Unit

Quand tu réalises que l’IIHF te Nike et passes tes nerfs sur le lac…

Sisu ou la force du coup de tête du mental

Le saviez-vous : le trait de caractère national des Finlandais est l’opiniâtreté, appelé « sisu ».
Suite à ces premiers championnats du monde pour moi, je compte bien m’en inspirer afin de poursuivre ma quête initiatique en vue de comprendre le hockey sur glace. Ça tombe bien, les prochains sont déjà dans moins d’un an !

Bon finalement je vais aller pêcher, j’y comprends rien à ce sport…

A propos Florent Gonnet 49 Articles
Que penserait Molière de la VAR ?

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