Pascale Blattner, chapeau à elle, a reçu son Pigeon d’Or !

Un vieux lundi soir de pluie, 18 heures. Une équipe de la rédaction de CartonRouge.ch est réunie au Bamee Bar pour remettre le fameux trophée à notre lauréate 2013. Contrairement à de nombreux prédécesseurs (et collègues, on ne citera pas de nom), Pascale Blattner est venue avec classe et courage chercher ce prix tant convoité. La tâche n’était pas facile tant les déclarations n’avaient pas été tendres suite à cette «petite» erreur en ce fameux soir d’avril 2013. Récit d’une cérémonie bon enfant où on l’a apprécié le franc-parler, la sympathie et l’humour de la journaliste de la RTS.

Accompagnée par son collègue David Lemos, la lauréate du Pigeon d’Or 2013 a donc accepté de recevoir son prix lundi soir au Bamee Bar, l’antre de la rédac. Ou «la gueule du loup» pour reprendre les termes d’un journaliste d’un grand quotidien gratuit présent sur place qui avait mis le maillot de Chelsea pour l’occasion (quelle faute de goût…). A noter qu’au contraire de Christian Constantin, le seul Pigeon d’Or annuel à avoir accepté de recevoir son prix avec toutefois plus de deux heures de retard, Pascale Blattner est arrivée pile à l’heure au rendez-vous. Sans vouloir encenser une personne que nous avons sévèrement égratignée dans nos colonnes, il convient ici de saluer la disponibilité, la ponctualité et l’ouverture d’esprit de la spécialiste patinage artistique du service des sports de la grande tour.

Des cadeaux pour Pascale

Après une brève présentation désorganisée, quelques sourires crispés, deux-trois gags lourds et un verre de blanc bu du bout des lèvres, la cérémonie protocolaire pouvait commencer. C’est tout d’abord Robin Chessex, habillé d’une élégante chemise bleue-ciel, qui eut l’honneur de remettre le Pigeon d’Or à la lauréate. Musique de circonstance et roulements de tambour sortis de la bouche du rédacteur, le surprenant volatile doré – confectionné par les mains d’ébéniste de Robin au cours de plusieurs soirées arrosées de colle – fit son apparition dans la salle bondée de sept personnes. Apparemment émue, Pascale Blattner reçut son prix avec sourire et plaisir tout en nous promettant de ne pas le balancer dans la première poubelle venue. D’un autre côté on la comprend, ce Pigeon d’Or aux yeux de polystyrène avait de la gueule !

Ensuite, notre dessinateur Robert Johanson eut le plaisir d’offrir son œuvre – et on pèse nos mots – à notre invitée qui semblait émerveillée par tant de poésie de la part d’immondes misogynes fans de sport. Peint à la main, le tableau signé de l’artiste d’origine franco-suédoise était des plus réussis, même si entre temps la grande gagnante a changé de couleur de cheveux. Au même moment deux personnes entrent dans le Bamee Bar et désirent boire un verre, mais se font poliment remballer par le maître des lieux (franchement, est-ce qu’on interrompt la remise des Oscars pour servir deux cafés ?). Sans la moindre rancœur, la Vaudoise (si si… et on en profite pour faire un avis à certains lecteurs : elle n’est ni genevoise ni fan de GSHC…) signe l’œuvre de Robert dont voici un exemplaire collector ci-dessous :

En guise de cerise sur le gâteau et sur le ton de la plaisanterie, le rédac’ chef fit une surprise à l’heureuse élue en lui offrant une écharpe du LHC qu’elle dut toutefois refuser, déontologie professionnelle oblige. 
S’en suivit une séance photo particulièrement bien organisée :
– «Ma’co, t’aurais pas ton iPhone, mon Samsung n’a plus de batterie ?»
– «Ah mince, ça fonctionne comment ?»
– «Si, ah voilà, on se met tous ensemble. On sourit, cheese…»
– «Super ! Ah non, faut la refaire, il y a trop de lumière. Ma’co, tu devrais vraiment changer ces lumières d’ailleurs, on se croirait dans une salle d’hôpital.»
– «Ah finalement, elle est ok celle-là. Merci Pascale. C’est magnifique. CartonRouge.ch c’est avant tout une belle aventure humaine».

Discussion animée

Suite à ces diverses politesses, assis autour d’une table, nous eûmes droit à un légitime débat animé sur la manière et le bon droit de critiquer les travailleurs de notre télévision romande. Les deux «D» présents autour de la table, David Lemos et Daniel Corthésy, non contents d’être tout courbaturés de leurs 10 km de Lausanne et de porter une barbe de trois jours que ne renierait pas Gérard Holtz sur le Dakar, défendaient ardemment leur bout de gras. «Non, nous ne travaillons pas dans une tour d’ivoire» côté pile ; «non, nous n’écrivons pas sous pseudo pour la grande majorité» côté face.
L’heure avançant, les deux représentants de la RTS se sont attelés à tordre le cou à certains clichés tenaces sur leur employeur comme les «ils sont grassement payés», «ils voyagent en 1ère classe» ou encore «ils ne se prennent pas pour la queue de la poire». Ils ont tenté ensuite d’expliquer aux quidams que nous étions les coulisses et le déroulement d’un grand format. Au final, la discussion fut constructive et finalement porteuse de perspectives. Il n’en restera pas moins que faire preuve d’autodérision tout en défendant ses points de vue reste la meilleure des solutions. Une idée à retenir pour ceux qui auraient pu se sentir vexés de recevoir ce prix «prestigieux».
Entre grandes théories et envolées lyriques, il en ressortit tout de même cette interview effectuée par le rédac’ chef que notre championne 2013, faisant honneur à l’esprit Coubertin, accepta de bonne grâce.

Interview

Merci Pascale d’avoir accepté ce prix ! Est-ce qu’on se tutoie ?
Avec plaisir !
Quel effet ça te fait de recevoir ce Pigeon d’Or ?
Je suis extrêmement honorée car que c’est la première fois que je reçois un trophée de ce genre. Donc j’en profite.
Un tel foin pour une si petite déclaration… Les lecteurs de CR, notamment les Lausannois, ne seraient-il pas un peu susceptibles ?
Ce qui m’a surtout heurté dans cette histoire, c’est qu’on ait pu penser ou croire qu’en tant que journaliste professionnelle qui essaie de faire son métier du mieux qu’elle peut, j’ai pu laisser échapper ça. A partir de là, je comprends que les gens n’aient pas cru aux explications qui ont été données. Ce n’est pas une histoire de micro ouvert ou fermé, c’est juste la façon dont on travaille pour monter ces grands formats : ça implique une discussion avec le collègue qui est en train de monter le reportage et qu’effectivement, tout ce que je me reproche, c’est d’avoir eu la gueule (sic) trop grande ouverte et la langue trop bien pendue. Toutefois, selon moi, il y avait 80% du public de Malley qui devait penser comme moi à ce moment-là. Reste que j’aurais mieux fait de la fermer, au final c’est un malheureux commentaire qui n’aurait jamais dû passer à l’antenne.
Ton micro n’était donc pas fermé ?
Non, et c’est le principe d’un grand format que tout le monde ignore : ton micro est toujours ouvert quand tu commentes, comme si tu étais en direct. Je vous invite d’ailleurs à suivre un grand format avec nous un de ces jours, histoire de vous en rendre compte. Comme évoqué, quand tu commentes le match, tu as aussi des discussions avec le technicien à l’autre bout du fil qui te dit si tel ou tel passage sera diffusé dans le grand format ; ça te permet ainsi de ne pas te répéter dans tes commentaires. Ce qui s’est passé ce jour-là, c’est qu’il y a eu le but de Langnau, des ralentis, un silence de quelques secondes et, là, au lieu de terminer la séquence, le technicien a décidé de la rallonger car juste après le but de Langnau il y a eu une action chaude de Lausanne. Entre ces deux faits de jeu, je sors cette phrase après qu’on m’ait dit «c’est dommage pour eux». Quoi qu’il en soit, il y a eu une erreur et je peux comprendre que certains téléspectateurs aient été blessés par mes propos. 
Franchement, le technicien qui a laissé passer ça, il est enfoui dans la Fosse des Mariannes ou attaché à un arbre dans le Jura ?
(Sourire) Non, il n’y a eu aucune conséquence pour lui et c’est normal. C’est moi qui suis à l’antenne et c’est à moi d’assumer les conséquences.
On apprécie sincèrement ton ouverture d’esprit… Qu’est-ce qui t’a motivé à recevoir ce prix en mains propres et à venir nous rencontrer au Bamee Bar, à part le plaisir de partager le voyage en train avec le sémillant David Lemos ?
Je n’ai pas honte de ce qui s’est passé, tout le monde peut faire des erreurs et je n’ai pas à me cacher. J’assume totalement cette erreur, c’est pourquoi je n’ai pas hésité quand j’ai reçu votre invitation.

Tu fais preuve d’un bon sens de la dérision en venant chercher ce prix, la RTS est-elle un terrain propice à l’autodérision ?
Pas forcément (rire). Même si certains ont en beaucoup… A chacun son style !
Sommes-nous allés trop loin dans nos attaques envers toi ?
Certaines attaques en-dessous de la ceinture étaient peut-être de trop. Celles qui m’ont le plus touché, c’est celles qui attaquaient mon manque de professionnalisme. Je ne pense pas que cette malheureuse phrase doit remettre en question tout ce que j’ai fait jusque-là. Et c’est exactement ce qui a été fait et ce qui est encore fait aujourd’hui. J’ai le droit à l’oubli, non ? Désormais, à chaque fois que je suis à l’antenne et que je commets une petite boulette, ce qui peut arriver quand on est en direct, il faut sans cesse me ressortir cette histoire. Vis-à-vis de certains, je n’ai plus aucune crédibilité depuis ce couac. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’être devenue incompétente du jour au lendemain depuis cette phrase.  
Tu entres dans l’histoire de notre site en étant la première femme à gagner ce trophée… Est-ce un honneur ?
C’est un honneur oui. En même temps, je regrette d’être la seule femme, ce qui est bien dommage. J’espère que ça va ouvrir des vocations (sourire).
Depuis cette bévue, es-tu retournée voir un match du LHC à la patinoire de Malley ?
Non.
Par envie ou par obligation ?
Les deux.
Certaines critiques issues de téléspectateurs mais aussi de CR ont eu parfois le malheur de heurter la sensibilité de certains de tes collègues, notamment lors des derniers JO. Penses-tu qu’il soit déplacé de faire des critiques aussi dures ?
Etant la seule télévision établie en Suisse romande, nous sommes les plus exposés, c’est donc inévitable. Mais c’est vrai que vous pourriez taper sur d’autres personnes… Par contre, les gens que je croise dans la rue viennent pour la plupart me féliciter. Les insultes arrivent le plus souvent par e-mail ou anonymement. En tout cas je n’ai jamais essayé d’éviter une discussion avec un téléspectateur mécontent. En général, l’échange se déroule très bien.
Sens-tu que tu es plus exposée à la critique quand tu commentes le hockey sur glace que le patinage artistique ?
Oui, car certains supporters peuvent être à fleur de peau.
D’un autre côté, ce n’est pas les 18 grands-mamans qui regardent le patinage artistique qui vont s’énerver…
Ben détrompe-toi, une des meilleures audiences lors des JO de Turin fut la médaille d’argent de Stéphane Lambiel, devançant même la descente messieurs !
Quels autres trophées ce Pigeon va-t-il rejoindre sur ta cheminée ?
J’ai quand même reçu le Champignac d’Or. Ce n’est pas moi qui l’avais dit, mais j’avais alors écrit l’article qui contenait une citation de la patineuse Christel Borghi dans le journal Dimanche.ch (n.d.l.r. : «Ça m’est arrivé de me mettre les doigts pour me faire vomir. C’est un cercle infernal, si on met les pieds dedans, on ne s’en sort plus»). Mais vu qu’on n’était pas allé chercher le prix, il n’y a actuellement aucun trophée sur ma cheminée.

Vas-tu garder notre dessin et notre volatile doré ?
Je ne sais pas encore où je vais les mettre, mais je vais les garder en bonne place oui !
Tu n’aimerais pas motiver ton collègue Pierre-Alain Dupuis à venir lui aussi recevoir son prix ?
Depuis le temps c’est périmé, non ?
CartonRouge.ch, c’est quoi pour toi ?
J’ai connu votre site à ses débuts… J’y avais lu des critiques sévères sur mes collègues et je me suis dit que ça balançait fort. Mais comme ça ne tapait pas sur moi, ça me faisait encore marrer à l’époque ! (Elle rigole)
Un mot à nos lecteurs ?
Merci d’avoir voté pour moi !
Et à nos rédacteurs ?…
Soyez un peu plus softs la prochaine fois…
Mille mercis Pascale !
Il était passé 20 heures quand la lauréate du Pigeon d’Or 2013 nous quitta pour prendre son train pour Montreux. Tout en se promettant de se revoir, soit au Bamee Bar pour une fondue thaïe, soit à la RTS pour le montage d’un grand format, on se fit la bise et s’appela par nos prénoms. Qu’on se le dise, Pascale Blattner a marqué des points lundi soir !

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10 Commentaires

  1. C’est toujours amusant de voir les auteurs de Carton Rouge donner des brevets d’autodérision! Le seul problème, c’est que les professionnels autoproclamés de la sacro-sainte autodérision ont un défaut majeur: ils savent rire de tout, sauf d’eux-mêmes! C’est hélas une maladie assez répandue dans le milieu (N. Bedos ou S. Guillon en sont, comme les auteurs de CR, les meilleurs exemples)…

  2. Bravo à Pascale d’avoir été le chercher ce pigeon. Faut de la dérision et de l’humilité pour le faire, certains collègues de la RTS devraient s’en inspirer.
    Assez drôle certaines réponses de l’interview.

  3. Joli que Pascale soit venue chercher le joli volatile.
    On la découvre sur un autre angle, ce qui rend la personne nettement plus sympathique et crédible.
    ….de là à ce que cela donne des idées à son grand chef de la Tour d’Ivoire de rendre le Service des Sports plus ‘humain’, on peut toujours rêver !

  4. Mouais.
    Aller chercher son prix, c’est honorable.

    Mais continuer à croire que 80% des gens pensaient comme elle au moment où elle a dit ce fameux « bien fait pour eux », c’est confirmer ce que les supporters lausannois ont alors pensé d’elle.
    Qu’elle reste loin de Malley. Très loin.

  5. Oui, elle a gagné des points !!

    Courageux et sympa de sa part.

    Le service des sports de la RTS vient de remonter dans mon estime 😉

  6. Bravo pour cette remise et cet interview plein de franchise.

    Le service des Sports de le RTS en sort grandi. Massimo le prochain ? Je voterai pour lui sans aucun doute sauf si l’équipe du LS dans son entier, ou un de ses représentants, est dans la liste des séléctionnés.

  7. La classe Pascale! Bravo à toi, humilité et humour ça fait plaisir! Et, pour rebondir sur le fait que tu es la première lauréate à recevoir ce prix, il faut en avoir une paire pour accepter de recevoir ce prix!
    (Par contre je pense que 50% du public de Malley a pensé bien fait pour eux, les autres ont pensé »Putain fait chier, on aurait dû la voir venir! Bon on pousse! »

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