La coupe Intertouristes

Après m’être intéressé (un bien grand mot) à la future compétition de l’UEFA qu’est la Conference League, je me penche à présent sur son ancêtre : La coupe Intertoto. Pour nombre d’entre vous, cela va raviver certains souvenirs. Pour ceux de ma génération (fin des années 90) et les suivantes, cette compétition n’inspire pas grand-chose, à part un nom pour le moins surprenant nous rappelant des vannes qui nous ont menés à rédiger pour Carton-Rouge. Alors retournons quelques décennies en arrière pour découvrir (ou redécouvrir) cette compétition au format plus que surprenant.

Tout d’abord, la première question qui m’est venue en tête en entendant parler de cette compétition était « Qu’est-ce que c’est que ce foutu nom ? ». Je ne pense pas être le seul à avoir été intrigué par un tel nom. Pour mettre fin à tout suspense, « Toto » est le nom qu’on attribuait au loto sportif dans de nombreux pays européens. Ainsi ce nom n’a aucun rapport avec les fameuses blagues de Toto. Les habitués auront bien sûr remarqué la référence aux paris sportifs présente sur le logo. La compétition permettait aux sociétés de paris sportifs de générer des revenus en intersaison. L’UEFA accepta la mise en place de cette compétition mais souhaitait en rester éloignée car elle ne voulait pas être associée au monde des paris sportifs. Ce n’est pas le genre de la maison.

En réalité, l’Intertoto a remplacé en 1967 l’International football cup (ou Coupe Rappan) qui avait vu le jour en 1961 par l’intermédiaire de 3 hommes : Ernst Thommen (patron du loto sportif suisse), Karl Rappan (sélectionneur de la Suisse) et Eric Persson (président du club de Malmö). L’Intertoto avait pris le relais avec une ambition commune qui était d’opposer des équipes européennes plus modestes. Je constate que rien ne la différencie de la Conference League jusqu’à maintenant, alors rentrons dans le vif du sujet. Ici ça se gâte.

Il est vrai que jusqu’à maintenant cette compétition ne vend pas de rêve. Et pourtant le vrai cauchemar est à venir avec les multiples formes qu’a connues cette compétition. En effet, il m’a été difficile de comprendre et assimiler les différents formats de l’Intertoto. Je vais tenter de présenter cela sans perdre la moitié des lecteurs en cours de route.

Pour cette présentation, je vais m’inspirer d’un des plus grands.

A ses débuts (1967), la compétition ne comportait qu’une phase de groupe, ainsi il n’y avait aucun vainqueur (ce qui n’est pas un souci étant donné que l’important est de participer). Effectivement, le calendrier ne permettait pas d’ajouter des phases finales. On y trouvait une dizaine de groupes de 4 équipes. Oui je sais, moi aussi je suis réellement surpris par le fait que le nombre de groupes ne soit pas toujours le même. On croirait voir une soirée où les personnes annulent ou s’invitent au dernier moment (bref !). Les matchs se jouaient durant l’été afin d’éviter que les équipes ne participent à une autre compétition continentale à la même période.

En 1995, un nouveau format vit le jour sous les rênes de l’UEFA (la tentation était trop grande…). Dorénavant, 60 équipes y participaient (12 groupes de 5) et les 12 premiers ainsi que les 4 meilleurs 2ème se rencontraient en 8ème de finale. Pour finir, les 2 équipes finalistes (qui ne s’affrontaient pas bien sûr !) se qualifiaient pour la coupe UEFA. Après une longue période avec cette version, un nouveau format vit le jour en 1996. Je vous laisse calculer combien de temps a duré le précédent format (un indice, moins longtemps que le génie de Matt Moussilou sur le front de l’attaque lausannoise). Désormais les 12 premiers étaient qualifiés, ainsi 3 équipes sortaient « gagnantes » et étaient déversées en coupe UEFA. Et en 1998, les phases de groupes furent totalement abandonnées pour laisser place à une compétition qui ne comptait plus que des phases à élimination directe.

 

Encore un effort, ce n’est pas le moment de lâcher !

Enfin, en 2006 on ne comptait plus que 3 tours (5 précédemment) et 11 équipes se retrouvaient qualifiées pour le second tour préliminaire de la coupe UEFA (je perçois cette situation comme le fait de risquer d’être recalé à l’entrée d’une boîte de nuit où d’autres ont pu entrer en claquettes et chaussettes). Et l’équipe effectuant le meilleur parcours en UEFA était déclarée vainqueur de la coupe Intertoto. Enfin un (seul) vainqueur, il aura fallu attendre 39 ans. Je vous annonce que c’est le dernier format qu’a connu la coupe Intertoto (enfin de la stabilité !) car la compétition disparut 2 ans plus tard (une stabilité sur 3 ans qui ferait tout de même jalouser « The Special One »). L’UEFA avait décidé de cesser cette compétition pour favoriser la future version de la coupe UEFA, c’est-à-dire l’Europa League.

Après ça, on peut légitimement se demander si cette compétition avait au moins un peu de succès. Et effectivement, la coupe Intertoto était appréciée par de nombreuses personnes. Et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord elle a permis à de nombreux supporters de suivre leur club dans des villes européennes où ils n’auraient certainement jamais mis leurs pieds. Si vous souhaitez certaines anecdotes à ce sujet, le rédacteur en chef est votre homme (devant une partie de Puzzle Bubble bien évidemment). Puis, elle permettait d’avoir une compétition à suivre durant la trêve, à l’inverse des étés actuels où nous suivons des matches avec près de 50 joueurs différents sur la pelouse (dont des U13) en 90 minutes. De plus, elle représentait d’un point de vue sportif la possibilité pour des équipes n’ayant pas eu de bons résultats en championnat de se qualifier en compétition européenne. Cependant la compétition a eu du mal à être prise au sérieux par certaines équipes durant de nombreuses années (surprenant ?) jusqu’à qu’elle soit reprise par l’UEFA et ne devienne un tremplin pour la participation à la coupe de l’UEFA.

Si on se penche sur le cas de nos amis lausannois, on constate qu’ils y ont pris part à plusieurs reprises dont deux fois depuis la reprise par l’UEFA. En 1997, ils avaient échoué en phase de poules. Puis en 2001, ils s’étaient retrouvés éliminés en demi-finales par le FC Bâle (défait ensuite par Aston Villa en finale). A noter qu’aucun club suisse n’a remporté cette compétition. Que doit-on faire pour voir un club suisse soulever un trophée européen ? Un Suisse et le sélectionneur de la Nati nous avaient quand même fait une immense passe décisive en créant cette compétition. Une tentative totalement manquée de notre part. Nos avant-centres me déçoivent de plus en plus décidément. Mais comment parler de l’Intertoto sans aborder les Français à qui elle manque tant. Une grosse partie de leur histoire européenne s’inscrit en Intertoto où ils ont énormément brillé (12 victoires dont un triplé de « vainqueurs » en 1997). Depuis la disparition de l’Intertoto, rien à mettre sous la dent des supporters français (Suarez fait bien mieux à lui seul… d’où la frustration).

Une toute autre époque où on pouvait retrouver l’OM face au Deportivo en finale d’une coupe d’Europe.

Finalement, cette présentation de la coupe Intertoto va peut-être raviver de beaux souvenirs (ou de mauvais) pour certains. Pour d’autres (dont moi) sa disparition semble être un mal pour un bien. Cependant il faut avouer que pour nous, Lausannois, cette compétition était une belle occasion de voir notre équipe en coupe d’Europe. Néanmoins ne nous faisons pas de soucis, la Conference League arrive prochainement. Pour le meilleur et surtout pour le pire.

A propos Bastien Ndo 13 Articles
Petit, j'étais un grand fan des blagues de Toto et de football. Du coup je me suis retrouvé chez Carton-Rouge.

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.