Il y a quatre ans, j’ai repris ce site qui était sur le point de s’arrêter, personne n’ayant plus le temps et la motivation de le faire vivre en dehors des grandes compétitions de foot toutes les années paires une année sur deux quand elles ont lieu. Une quarantaine d’éditos et quelques autres bafouilles après, il est temps pour moi de tirer ma révérence et de passer la main à un nouveau comité de rédaction rajeuni, qui bouillonne d’idées, qui sera entre autres capable de faire vivre CR sur les réseaux sociaux, ce que je suis incapable de faire du haut de mes 132 ans, et ainsi de l’ancrer définitivement dans son époque. Ils sont quatre, ils se présenteront sûrement par ailleurs, et je ne suis pas peu fier de me dire que c’est moi qui les ai recrutés durant ces dernières années (et aussi de me dire qu’il en faut quatre pour me remplacer, c’est très bon pour l’ego).
Quels souvenirs de ces quatre ans de rédac chef ? Déjà une expérience intéressante de mise en application d’une philosophie de vie inspirée de Pol Pot, Mugabe et Loukachenko : ici, c’est moi qui décide. C’est moi qui engage les nouveaux, moi qui me sépare des anciens, et c’est moi qui fixe les règles (les rédacteurs potentiels qui ont refusé de passer par une phase test peuvent témoigner qu’ils sont restés plus potentiels que rédacteurs). Ceci dit et ce faisant, je protégeais l’entier de la rédac, par exemple sur le plan juridique : quand on recevait une facture, elle était libellée à mon nom. Et si quelqu’un avait posé plainte contre CR, c’est moi qui serais allé au feu en tant que rédac’ chef (et je crois que j’aurais adoré ça).
Il a d’ailleurs fallu que j’apprenne sur le tas les droits d’utilisation des photos (la facture de 800 balles ci-dessus a bien aidé, même si nous avons été mille fois vengés, j’y reviens plus loin), mais également quelques bases de droit au sujet de la liberté d’expression, le but de CR étant d’avoir la latitude d’appeler un chat un chat. Ainsi, il y a une différence entre traiter Untel de connard (injure), Unautre de facho (diffamation) et Vincent Rüfli d’abruti (diagnostic). Tout cela est passionnant.
Ceci dit, ma position d’autocrate n’a jamais empêché les discussions au sein de la rédac au sujet de « jusqu’où peut-on aller trop loin », avec les partisans de la ligne dure en termes de dégommage qui affrontaient régulièrement ceux de la ligne Bisounours. Je crois que j’ai très rarement outrepassé un avis de la rédac, et par exemple je me souviens que quand nous avons commencé à nous faire prendre à partie par une petite frange de la fachosphère suite au pigeonnage de Pascal Mancini, j’étais vraiment partisan de jeter de l’huile sur le feu pour attiser la haine de ces connards, et que j’ai été calmé par les autres (tous des petites bites, je vous le dis).
Je ne vais pas vous réexpliquer pourquoi j’aime ce site et pourquoi j’en suis fier, je l’avais déjà fait dans cette vidéo. Je suis persuadé que la nouvelle équipe fera passer un nouveau cap à CR et, à l’heure de redevenir rédacteur lambda (et bêta), je me réjouis de continuer à partager avec ces copains les éclats de rire au gré des textos sur notre groupe de messagerie, par exemple quand nous sommes tous à distance en train de nous fader le même match affligeant et que les sentences péremptoires et les jeux de mots pourris tombent avec la régularité d’un métronome, avant que les deux ou trois plus gros snipers de la rédac ne nous fignolent le scud qui nous fera nous faire engueuler sur les réseaux sociaux.
Sans oublier bien sûr les deux ou trois apéros de la rédac’ annuels qui réunissent la joyeuse équipe et nous rappellent à chaque fois que CR est avant tout une belle aventure humaine, qui donne mal à la tête le lendemain.
Mais je vous disais plus haut que nous avions été vengés de Keystone, je ne peux pas terminer sans vous raconter : parmi les proches de CR, il y a une personne qui travaille dans la comm pour une grosse boîte et dont le métier consiste entre autres à gérer une enveloppe de plusieurs dizaines de milliers de francs mensuels d’achats de photos d’agences. Dans cette boîte, un malencontreux hasard a fait que brusquement l’enveloppe allouée à Keystone a dramatiquement baissé, au maximum de ce qu’il était possible de faire sans que personne ne se pose de questions. Et c’est ainsi que depuis la mi-2018, Keystone perd quelques dizaines de milliers de francs par mois. C’est ballot.
Merci chères lectrices et chers lecteurs de continuer à suivre ce site et d’accueillir la nouvelle rédaction en chef avec autant d’enthousiasme que possible, et toute la bienveillance nécessaire.
(PS : Pas un mot sur le LS ? Pas un mot. Faut dire que le foot français, j’y connais que dalle).
Je termine cet ultime édito en rappelant que le site fera un mois de break en août, comme chaque année, et en t’indiquant quels sont les articles qui ont le mieux fonctionné le mois précédent, avec le nombre de vues. Ça te donnera une idée de notre nombre de lecteurs, puisque certains d’entre vous semblent croire que nous sommes un site pro qui a des dizaines de milliers de lecteurs, alors que nous ne sommes qu’un petit site satirique entièrement bénévole, et qui tourne sans aucune publicité.
Le podium de juin :
- Pigeon de mai 2 : Johan Djourou : 575 vues
- Les losers légendaires : 574 vues.
- Les oubliés de la Nati : 448 vues.
Pour les fans des réseaux sociaux :
Le post qui a le mieux fonctionné sur FB
Le post qui a le mieux fonctionné sur Twitter
Le post qui a le mieux fonctionné sur Instagram
Mince alors, en espérant que vous serez toujours attitré aux articles de la Nati 🙂
Je suppose que je vais quand même garder le pouvoir m’attitrer où je veux et oui, je compte bien garder la Nati.
Merci pour le super boulot et au plaisir de continuer à te lire, même du LS.
Merci pour le boulot et les articles.
Pour une plainte, il suffit d’écrire un article en critiquant un « politicien » valaisan qui était dans la police il y a quelques années 😉
Bravo et merci. Un superbe plume que je me réjouis de relire, surtout sur le LS.