Ce mois-ci le temps m’était compté pour pondre un article sur un championnat digne de ce nom. J’ai donc pensé que le championnat d’un des plus petits états de l’UEFA ferait parfaitement l’affaire. Et puis on a vu que le championnat d’Andorre reprenait ses droits et connaîtrait même son dénouement en juillet. Promis, à la rentrée on s’attaquera à la Premier League, à la Bundesliga ou à l’Ekstraklasa. Histoire de contenter les vrais fans de foot.
Non ça n’est pas un gag (mais un peu quand même), clubbing a décidé de s’attarder sur le championnat de première division le plus nul d’Europe. Enfin, juste après Saint-Marin qui est encore plus risible. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais le coefficient officiel des championnats de l’UEFA. Andorre, presque personne n’y est allé mais tout le monde sait où ça se trouve. Micro-état situé entre l’Espagne et la France, la principauté d’Andorre est surtout connue pour ses montagnes pyrénéennes et ses stations de ski. Il s’agit en réalité de vallées reculées, où vivent surtout des vieux. C’est aussi un petit paradis fiscal et bancaire où Français et Espagnols viennent acheter leurs clopes moins cher. Et si en fait c’était Andorre le 27e canton suisse et pas le Liechtenstein ? En plus, on y parle catalan, ce qui n’est finalement pas si éloigné du romanche.
Andorre-la-Vieille : il faut bien avouer que la ressemblance avec Viège est frappante.
Le format :
Un championnat semi-professionnel qui ne compte que huit équipes. Celles-ci s’affrontent trois fois pour la première phase et disputent ensuite deux mini-championnats de quatre équipes pour le titre et la relégation. A Andorre, on est parvenu à mettre en place le seul championnat européen où l’on dispute un nombre de matches impair. C’est balaise. Un argument de poids pour suivre le foot andorran ? Il n’y a pas cette satanée VAR qui peut rendre à n’importe quel moment une rencontre dégueulasse.
La compétition :
Chouette c’est rigolo. Autant dire que le niveau du championnat d’Andorre doit à peine être plus élevé que de la deuxième ligue fribourgeoise. Seulement voilà le FC Ursy ne dispute pas régulièrement les tours préliminaires des coupes européennes contre des équipes kosovares ou féringiennes. Le championnat a une singularité puisque presque tous les matches se disputent sur le même terrain, celui de la fédération d’Andorre, la FAF qui a la rage. Une pelouse synthétique qui a même des lignes bleues pour les juniors. Un terrain très rentabilisé, on espère que les petites billes en caoutchouc sont souvent remplacées. En général, les quatre matches d’une ronde se succèdent le même jour entre onze et vingt heures le soir. Une seule personne a osé regarder quatre matches de championnat d’Andorre à la suite et nous avons pu l’interviewer. Non on rigole, le mec est en prison, car il faut être un psychopathe tordu pour faire un truc pareil.
L’ambiance :
Une ambiance de feu, tout le pays se retrouve autour de son championnat de foot qui déchaîne les passions. Fumigènes, tambours, chants endiablés, le football est élevé au rang de religion dans les vallées d’Andorre. Non on déconne, il n’y a évidemment presque personne dans les tribunes et le coronavirus n’y est pour rien. Par contre, la route qui jouxte le stade est extrêmement fréquentée le samedi. Foutus Espagnols et Français qui viennent s’acheter des clopes.
Les équipes :
Carroi : Club néo-promu nommé d’après une des montagnes emblématiques du pays, un peu comme si on avait un FC Cervin en Suisse ou plutôt un Sport Klub Matterhorn, ce qui doit exister au hornuss. Cette formation avait à l’origine vocation à la… formation, mais ça c’était avant, désormais on aime aussi les vieux. A noter que Carroi dispute une saison absolument calamiteuse et avec ses six petits points va très vite retrouver la deuxième division.
Atletic Escaldes : Club absolument insignifiant du championnat d’Andorre qui joue souvent le bas de classement. Rien de particulier, si ce n’est que le club a récemment décidé de changer de couleurs passant du jaune et bleu traditionnel au tout blanc. Probablement encore une étude marketing qui prouvait qu’on peut vendre plus de maillots et attirer davantage de sponsors en jouant en blanc. Club qui fait partie des destinations favorites où Yves Martin verrait bien partir Vincent Rüfli pour le restant de sa carrière.
Engordany : Club rival d’Inter Escaldes (oui il s’agit aussi d’un derby) et ça n’est pas parce qu’ils ont le même maillot que la Juve. Engordany a réussi l’exploit de ne pas avoir perdu plus de la moitié des rencontres européennes qu’il a disputées. En deux participations, les chevaliers ont passé deux fois un tour de Ligue Europa. Bon, deux fois contre des clubs de Saint-Marin avant de se prendre des immenses volées face à des Kazakhs et des Géorgiens.
FC Ordino : Le club qui représente la petite vallée d’Ordino compte un entraîneur-adjoint de renom. C’est l’ancien international argentin et traître aussi bien du Barça que du Real, Javier Saviola qui s’est établi dans le coin. Il assume au quotidien ce rôle où la pression est à la limite du supportable. Reconverti aujourd’hui également en joueur de futsal, Saviola n’est visiblement pas très doué en tant qu’assistant puisque le FCO pointe actuellement à l’avant-dernière place du classement. OK on est sévère, il a comme star de son effectif Mark Whiters, un Américain qui a longtemps joué en deuxième division portugaise.
Inter Escaldes : Tiens, ce club a le nom et même les couleurs de l’Inter, pourtant il n’a rien à voir avec le célèbre club milanais. Il compte dans son effectif trois quadragénaires, dont Ildefons Lima, joueur le plus capé avec la sélection nationale, une vraie légende (il avait même fait deux saisons à Bellinzone). Avec un effectif d’une moyenne d’âge de plus de 31 ans, l’Inter est sur le point de mettre fin à la domination séculaire du FC Santa Coloma. Une fois de plus, il fait bon être vieux à Andorre et c’est même dans le nom de la capitale au cas ou tu ne l’aurais pas compris.
Il défonce tout Lima !
Sant Julià : Autre club historique de la principauté habitué à terminer sur le podium, mais jamais sur la plus haute marche. Club « célèbre » dans nos contrées pour avoir permis au LS d’obtenir sa plus grosse victoire européenne, un 6-0 en coupe Intertoto (oui, à égalité avec une victoire contre Ards FC, des Nord-irlandais, sinon je vais encore me faire reprendre.) C’était en 2001, lors de la première campagne européenne des Verts d’Andorre et même Loïc Chavériat avait claqué un doublé mais personne ne s’en souvient… enfin sauf notre bientôt regretté rédac en chef bien sûr !
FC Santa Coloma : Formation phare du pays puisqu’elle reste sur six titres consécutifs de champion. Elle demeure largement la plus titrée de la principauté. Le club porte le nom d’un quartier de la ville d’Andorre-la-Vieille et dispute à la fois le derby qui doit être bouillant contre UE Santa Coloma et le classique contre Sant Julià. Un habitué des tours préliminaires des coupes européennes qui a réussi une seule fois l’exploit de passer un tour sur un but du gardien dans les arrêts de jeu. Le pauvre club de Banants Erevan a bien sûr changé de nom depuis, la honte sans doute. Une joie néanmoins bien plus grande que celle de Liverpool qui soulève le trophée en Champions League l’an passé. Club que le FC Bâle a eu l’honneur d’affronter en 2009 et même Streller avait réussi à marquer.
UE Santa Coloma : Dommage, il y a encore six ans le club utilisait un emblème avec un écureuil trop mignon qui shootait dans un ballon. Le côté enfantin a sans doute poussé les dirigeants à adopter un nouvel écusson plus sérieux. D’après Wikipédia, les quelques fans du club ont la tradition bien sympathique de se déguiser en écureuil dans les gradins, lors du dernier match de championnat. On n’a absolument pas pu vérifier cette information (rechercher des infos sur Andorre revient à aller voir soi-même sur place) mais à quand des mecs déguisés en sauterelles dans les travées du Letzigrund ?
Bonus :
FC Andorre : Un FC Andorre existe depuis longtemps, mais ce club a toujours évolué dans les ligues inférieures espagnoles, ou plutôt catalanes. Sauf qu’en 2018, un certain Gerard Piqué à l’aide de son fond d’investissement est venu racheter le club pour le mettre sur sa belle armoire à joujoux à côté de la Coupe Davis, Shakira et sa collection de Musclors. Son objectif : créer une équipe capable d’évoluer à un haut niveau professionnel. Jusque-là pas de quoi se scandaliser me direz-vous ?
La collection de Musclors de Gérard Piqué : il est toujours à la recherche de Fisto et de Puantor si jamais …
Là où ça se gâte, c’est que l’été dernier, Gégé a littéralement acheté une place en troisième division à son nouveau jouet. A la suite de l’exclusion du club de 3e division du CF Reus, une place avait été laissée vacante et « mise » aux enchères. Une occasion trop belle pour l’arrière de Barcelone de sortir des liasses d’Euros (enfin de réaliser un versement sur e-finance) et de brûler les étapes. Il a ainsi annihilé les espérances de clubs pouvant sportivement et légitimement prétendre à cette place. Le FC Andorre a donc été directement propulsé du 5e au 3e échelon sur tapis vert. Une affaire qui fait un peu tache pour un athlète (car Piqué joue encore au foot) qui prouve une fois de plus qu’il met largement le pognon au-dessus de l’aspect sportif. Inutile de préciser que son image a été une nouvelle fois passablement salie, même en Catalogne où il est apprécié pour ses idées indépendantistes. Continue comme ça Gérard et ta place au sein de la FIFA est garantie pour la suite de ta carrière !
Crédits photos :
Andorre = Viège : Gertjan R./CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Andorra_la_Vella_3.JPG
Ildefons Lima : Майоров Владимир/CC0/Wikimedia Commons https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Ildefons_Lima_2011.jpg
La collection de Musclors à Piqué : https://live.staticflickr.com/5325/29930929214_e6e832fb8d_b.jpg
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